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Avec Viceprez, le rock, c’est tout à fond et le punk-rock, encore plus !

mardi 31 mai 2022 par Tom Rad-Yaute rédaction CC by-nc-sa

Chronique

« Si enregistrer un disque de rock prend plus d’une semaine, c’est que quelqu’un est en train de merder. » C’est par cette phrase que Steve Albini termine son incroyable lettre à Nirvana, à l’époque de In Utero. Et il est clair que personne n’a merdé lors de l’enregistrement de  Juger , concentré de punk-rock incroyablement frais et sincère, composé et mis en boîte en une semaine, quelque part dans une maison troglodyte en Ardèche au nez et à la barbe du confinement. Un disque jubilatoire à mettre entre toutes les oreilles de toute urgence, vraiment !

C’est l’histoire de sept potes et potesse, tous plus frappés de punk-rock les uns que les autres, membres actuels ou passés de Young harts, Sport, The Smudjas, The reaction ou Beer attack –- dont d’ailleurs un certain serveur moustachu et néanmoins sympathique officiant dans un lieu bien connu des aficionados du rock d’Annecy.


Et c’est l’histoire d’un disque marqué du sceau de cette passion. Se mettre au vert, avec les amplis pour mobilier, une table de ping-pong pour seule distraction, de quoi faire la fête et fabriquer un disque : le plan était simple et il s’est déroulé sans accroc.

On se partage les voix, chacun y va de son idée, de sa ligne de basse ou de son refrain imparable et, bon sang, elle a dû trembler, la baraque. L’ensemble est absolument jubilatoire.

Ça démarre sur les chapeaux de roues avec « Kill the projector », courte éjaculation morveuse et ultra vénère, et on enchaîne avec « Though my window » et ses airs d’hymne punk-rock parfait. Les voix excédées, au bord de la crise de nerf, sont un régal. « Juger » sort carrément le solo de guitare, jouissif comme du Damned. Avec trois bouts de ficelle , le groupe fait à chaque fois des étincelles et enchaîne avec une maîtrise et une nonchalance désarmantes les perles punk-rock du bonheur.

Le groupe cite la scène française actuelle — Youth avoiders, Jodie Faster — comme source d’inspiration mais aussi Minutemen ou Black Flag et c’est effectivement plutôt à des groupes originels auxquels on pense, des groupes comme JFA ou Dead Boys, qui jouaient une musique bourrée d’énergie et d’émotion, le punk-rock juste avant qu’il ne devienne punk-hardcore.

Et comme si tout ça n’était pas suffisant, voilà qu’à la moitié du disque déboule « Driving around ». Si ce morceau, qui lorgne davantage du côté des Big boys, calme un peu le jeu avec sa ligne de basse chaloupée, ses guitares psychorigides et son vocodeur à la Kraftwerk, il créé la surprise et fait encore monter d’un cran le niveau de classe du disque. Le groupe nous refera d’ailleurs le coup quelques titres plus tard avec « Juger woman » et enfonce encore un peu plus le clou, mais on est déjà à genou.

Et dire qu’un deuxième album est attendu incessamment dans la foulée... Viceprez… Comme vice-président ? Bon sang, vous m’en mettrez pour dix ans !

Viceprez, « Juger » LP (ADAGIO830, Dispear Records, Inhumano records, SHOVE records, DON’T TRUST THE HYPE recordz,, La Agonía de Vivir, Bright Future, Sonatine Produzioni, La Tête d’Ampoule)

https://viceprez.bandcamp.com/releases

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