> Mag > Musique > Céleste, au firmament du bourrinage
La réputation et l’aura sombre qui entourent Céleste poussait à passer les portes du Brise-Glace ce samedi-là, ne serait-ce que pour faire l’expérience de ce groupe à la démarche radicale. Public assez nombreux, mais sans plus (étonnant dans une région où tout le monde est fan de Converge), la faute peut-être à un prix qu’à moitié convivial. Le set des lyonnais, en tous cas, s’est révélé d’une puissance et d’une lourdeur inouïes. Bon sang, j’en ai encore des frissons.
Bloc d’une lourdeur hallucinante, à peine tempérée par quelques inflexions plus aériennes qui ne font que déployer encore davantage une pesanteur sans nom. L’agression sonore de Céleste ne laisse pas une seconde de répit. Cherche le sang. Garde les crocs plantés du début jusqu’à la fin sans jamais desserrer son étreinte.
Post-harcore suffocant. Black-métal malade d’agressivité et de noirceur. Des coups décisifs plutôt qu’une vaine poursuite de l’originalité. Fondu dans la masse, coulé dans le béton. Et l’intensité émotionnelle folle de la voix, qui fait beaucoup pour la personnalité unique de ce groupe et rappelle le passé hardcore de certains de ses membres. Elle évoque d’ailleurs un des tous premiers groupes de hardcore hurlé français [1] : Finger print, qui apparaît presque comme un ancêtre de ce crossover black metal/hardcore.
Les lampes frontales rouges sur scène dans la quasi obscurité, les pochettes soignées et énigmatiques, le torrent de désespoir absolu charrié par les paroles : au contraire de 95% des groupes, qui devraient juste arrêter de se prendre en photo dans des poses risibles et d’encombrer les scènes de leurs panneaux publicitaires, tout dans l’esthétique radicale de Céleste, touche au cœur (de pierre), interroge, marque l’esprit au fer rouge.
Étoile filante du bourrinage, Céleste.