> Mag > Musique > Détroit, à la lumière des étoiles
La soirée d’ouverture de Musiques en Stock ne pouvait peut-être pas mieux se conclure qu’avec un groupe fort et lumineux : Détroit. Un concert convaincant, un groupe cohérent, un projet ouvert, une présence indéniable, et beaucoup de métier. Chapeau bas, on attend la suite…
Ça faisait des mois que le monde du rock en France en parlait… Un album sorti l’an dernier… Un nouveau projet et un nouveau groupe… Le retour d’une idole… Un public fanatique… Une presse dithyrambique… Bref, tous les ingrédients soit d’un truc génial, soit d’un truc gros comme une montagne mais qui accouche d’une souris.
Alors les préjugés et a priori (soit positifs, soit négatifs) peuvent être nombreux avant le lever du rideau comme on dit… La peur d’être déçu, la peur qu’il y ait eu beaucoup d’encre tant réelle que numérique pour parler de quelque chose qui n’en valait pas tant la peine… C’est la scène qui décidera de tout ça, place au concert.
Et là, dès les premières notes on comprend : ils ne sont pas là pour rigoler ou se pavaner, ils sont là pour faire ce qu’ils savent faire de mieux, c’est-à-dire du rock qui prend aux tripes et qui fait bouger les corps et les âmes de la foule.
Détroit, c’est fort, intense, puissant, émotionnel, rock. Et mature aussi. Les musiciens et le public ne sont pas piégés par les fantômes de Noir Désir, même si bien sûr on peut parfois penser à ce groupe que Bertrand Cantat a porté et transporté pendant des années. Bien sûr aussi, il y aura quelques reprises de Noir Désir dans le set, comme autant d’hymnes repris par le public… Mais c’est Détroit qui a la priorité heureusement, et le public semble conquis.
Beaucoup de gens dans la grande foule doivent certainement découvrir Détroit d’ailleurs… C’est un rock plus riche et mature, avec des textes de qualité aussi où se mêlent les sentiments et les émotions les plus diverses, la rage et la poésie. Du français et de l’anglais dans le texte, et ça passe très bien dans les deux cas, ce qui n’est pas si évident…
Quelques moments sympas à noter comme les remerciements du groupe à l’organisation du festival, en traînant Christian Lacroix sur scène pour le féliciter du travail accompli, en essayant de n’oublier personne, que ce soit les bénévoles ou les intermittents, et bien sûr le public…
La soirée se finira en rappels, ce qui semble normal, tant renommée et qualité vont ici de pair… À ce petit jeu-là, ça aurait pu continuer jusqu’au bout de la nuit à la lumière des étoiles… Des instants volés et partagés qui resteront dans les mémoires des gens présents… Les absents ont décidément eu tort ce soir-là…
Détroit est la somme d’un parcours, de plusieurs parcours même, la juxtaposition des expériences et sensations musicales et textuelles vécues par Bertrand Cantat et ses acolytes… Le chanteur est en pleine possession de ses moyens, revigoré comme un phénix renaissant de ses cendres de noirs désirs. La voix est là, plus forte et profonde que jamais, la présence sur scène est évidente, et l’interprétation semble avoir pris une dimension supérieure à tout ce que le musicien a fait auparavant… Ce n’était pas gagné d’avance.
Avec Détroit, on touche presqu’au bout du monde et des océans, les moments paraissent exceptionnels et intenses, le temps et l’espace sont chamboulés… Il y a eu de la magie ce soir à Cluses… Moment unique…
Pour découvrir Détroit : http://www.detroit-music.com/
Porfolio © Gilles Bertrand