Tous les disques de Dominique A recèlent des perles inusables, de véritables joyaux d’écriture. « Vers Les Lueurs » marque une étape supplémentaire avec de nombreuses chansons particulièrement réussies.
Lui qu’on a voulu ériger en porte-parole d’une soit-disant nouvelle scène française a su ne pas tomber dans le piège de la sanctification et a vite emprunté les chemins buissonniers. Il s’y est créé une personnalité gentiment en marge, avec ce pas de côté suffisamment gracieux pour rester indispensable à nos oreilles.
Certes, il y eut des albums plus âpres, à l’approche moins simple, que ce soit par la qualité de la langue ou par l’ambiance générale (tel « Remué », singulière œuvre au noir qu’il a d’ailleurs du mal à assumer aujourd’hui).
« Vers Les Lueurs » nous renvoie un disque débarrassé des coquetteries langagières, de la déprime la plus noire. Si la noirceur pointe toujours (évidemment ?), elle sait avancer masquée. Mais c’est là un trait des plus marquants de cet auteur qui sait dépeindre les pires sentiments sous des atours charmants, tel un manipulateur se dévoilant avec le sourire. Un gentil sadisme, version soft dans les faits, et hard dans les retentissements. Ce qui l’éloigne définitivement de ces auteurs « j’ai 30 ans, j’ai mal aux dents » comme il le dit lui-même…
Les mots épinglent par ailleurs un quotidien souvent navrant mais sont aussi une invitation à ces petits riens qui nous maintiennent. L’élan est alors quasi lyrique et la beauté bel et bien dans nos oreilles.
Bref, un disque d’un homme qui prend de l’âge, toujours pétri de doutes, voire de douleur, mais qui sait aussi profiter des lumières quand elles se présentent pour se baigner en elles. Et nous y emmener avec délice.
A le voir en concert on peut être surpris par l’énergie dégagée, mais charmé tout autant par le mot toujours pince-sans-rire…
Porte 19h
30 / 26 /22 /20 CHF
Voir dossier…