> Mag > Musique > en KORA g’neve..?!..
Le festival genevois Antigel organisait un concert dans la cathédrale St Pierre, de Toumani Diabaté, docteur honoris Kora.
Et ouais... encore a Genève...
En ce mardi 5 février, c’est encore à Genève qu’on se rend pour boire son antigel. Et en ce mardi 5 février, la ration du jour est apaisante.
Vingt et une cordes tendues par un mètre trente de bois de palissandre dans le prolongement d’une demi calebasse recouverte d’une peau de vache. Cordophone harpe-luth estampillée mandingue depuis le XVIII siècle, la Kora se fait entendre bien au delà du Mali, bien au-delà du Sénégal, bien au-delà de la Gambie depuis plusieurs décennies…
Souvenez-vous les p’tits clous.!... « Yeke Yeke »,... des millions de 45 tours vendus par Mory Kante,...
A l’époque, en 88, quand Ludwig faisait ses olympiades, l’instrument était très entouré : guitare électrique, batterie, cuivre, synthé... les prémices de la soupe World Music, un fourre-tout pop indigeste...
C’est pas ce qu’on est venu chercher a la rencontre de Toumani Diabaté.
Ce mardi 5 février, on n’a pas pas prévu d’allumer sa télé pour visionner un clip du top 50. On monte dans sa bagnole, direction la sérénité de la musique du griot malien... seul avec son instrument. Le gars en joue depuis 40 ans, c’est peu dire qu’il maîtrise le sujet. Il s’est fait connaître dans le monde entier pour son jeu, lui permettant de faire tourner la ligne de basse et la rythmique tout en assurant le solo. un homme orchestre dans seulement dix doigts, t’y crois...?
Autant de notes en cascade avec seulement deux mains… « C’est facile », dixit l’artiste, c’est ce qu’il glissa avec malice au public entre deux longues plages musicales. Des fines gouttes de musique aérienne et apaisante qui perlent parfois en chapelet. La mélodie se fait parfois plus lente, parfois absente, les basses terriennes te permettent de garder le fil.
Prêt pour la méditation ? Ce n’est pas le lieu choisi par Antigel pour le concert du soir, qui t’en dissuaderait.
Édifice religieux monumental, la cathédrale Saint Pierre de Genève, offre une belle caisse de résonance à la Kora de Toumani Diabaté, placée sous la croisée du transept.
Pourquoi sélectionner une “reverb” cathedral" en un clic droit dans un logiciel de son, alors qu’il suffit d’organiser un concert dans la cathédrale de ton bled ?
à la surprise générale, Toumani s’en est allé pour réchauffer ses phalanges engourdies par le froid.
Peut-être auraitiil fallu le faire a une autre période de l’année, en rebaptisant le festival, car la première demi-heure passée, à la surprise générale, Toumani s’en est allé pour réchauffer ses phalanges engourdies par le froid.
Émoi dans le public.... et moi et moi..?! Moi j’arrivais avec une demi-heure de retard, ayant fait le trajet au pas, calé derrière le chasse-neige de circonstance. Une demi-heure de retard..? C’est cuit pour la suite, bonhomme… Si tu es chanceux, tu as peut-être droit à un dernier morceau, à des applaudissements, et surtout à des commentaires frustrants du voisinage : « J’ai vachement mieux aimé le début du concert… », « Le premier morceaux était de loin le meilleur ».
Ça c’est le mauvais scénario, celui qui n’a en fait pas eu lieu. Car Toumani est un diesel, et car Antigel porte bien son nom. Une question : mais qu’est-ce que les organisateurs suisses ont bien pu donner au griot malien pour qu’il recouvre toute la sensibilité de ses doigts !? Pas de réponse, mais un constat : ça marche, car un Toumani réchauffé en valant deux, le problème des doigts froids n’est plus réapparu pendant les quatre-vingt dix minutes qui suivirent.
L’assistance pu reprendre le fil de sa méditation au son de la Kora, ponctuant les morceaux marathon de quelques acclamations de béatitude et de respect.
Images aimablement fournies par le festival Antigel
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