Fontaines DC

Toutes générations confondues, mélange des genres, punkettes BCBG ou post-rockers de la première heure, le public déjà acquis à la cause des Irlandais arbore pour certains des looks de circonstance, t-shirts élimés des Joy Division, Sonic Youth ou encore d’un certain Johnny Cash passé de couleur. Les plus jeunes d’entre eux enfileront le leur directement après un rapide passage au stand du merchandising. Mais pas que. Les Fontaines DC ratissent large.

Ce sont les Suisses de Olympic Antigua qui ouvriront le bal. Prestation de qualité pour les cinq musiciens. Mélange de rock, soul, interprété avec brio. On ressent immédiatement chez eux le plaisir de partager la scène ensemble. Que de sourires partagés au cours de l’exercice. Et on peut dire qu’ils sont plutôt à l’aise sur scène. Ils maîtrisent leur sujet. Les morceaux rock s’enchaînent les uns après les autres, le bassiste et le guitariste se partagent les voix principales, la claviériste ainsi que le batteur ne sont pas en reste. Registre rock, propre, section batterie efficace, gimmicks et solos de guitares. Sur la fin du set, registre un peu plus soul sur des notes de saxophone qui confirme l’excellent niveau des musicien.ne.s.

Puis c’est au tour des Fontaines DC de s’approprier la scène.
La première session live des Fontaines DC à laquelle j’avais assisté date de mars 2022. La salle du Bad Bonn qui accueillait le groupe affichait complet également ce soir là, favorisant la proximité avec le groupe parce que plus petite. Pas de crash barrière là-bas. Donc hâte de les redécouvrir deux ans plus tard sur une scène plus spacieuse. Il faut dire qu’ils ont pris du galon. Bientôt quatre albums à leur actif, sans compter l’album solo du chanteur.
Les six de Dublin débutent le concert sur des notes de mélotron, ajouté à cela un jeu de lumière épileptique et saccadé. Le ton est donné, la tension est palpable, l’électrochoc post-punk est imminent. Ravissement et jubilation en devenir. Et il finira de la même manière sur des notes encore de mélotron, avec le morceau Starburster en guise de final survolté, morceau qui figurera sur l’ album à venir des Fontaines DC. Sortie prévue pour fin août.

Changement de guitares à chaque morceau, à quelques exceptions près, ou encore changement de guitares sur un même morceau, les Dublinois auraient tort de ne pas s’enquérir de tels artifices électriques. Et la magie opère. Le jeu complémentaire des guitaristes se marie à merveille, obsédant et entrainant. Intense. Jusqu’à trois guitares sur certains morceaux, puisque le groupe s’est adjoint un nouveau membre pour la tournée que l’on trouvera soit à la six cordes, soit au clavier, oscillant son corps d’avant en arrière, tête baissée, tout au long du set, légèrement en retrait du groupe en arrière scène. Jusqu’à trois guitares parfois disais-je , ils osent même quelques tournures très noise rock courtes mais diablement efficaces à ma plus grande surprise ... et satisfaction.
Le show est millimétré. Fougueux, tendu, électrique. Postures physiques très rocks des protagonistes, attitudes punks, désinvolture post-punk. Les visages grimacent. Regards et moues emblématiques. Seul le bassiste quant à lui restera imperturbable de son arrivée sur scène jusqu à son départ. Attitude résolument rock. Impassible du début à la fin mais son jeu de basse est à mon avis le catalyseur de la musique des Fontaines DC. Et la complémentarité avec le jeu de batterie est évidente. Section rythmique en ordre de bataille, impeccable.
Quant au front man nonchalant et charismatique, il galvanise son public, arpente la scène. Les Fontaines DC sont résolument un groupe de scène. Souvent les paroles sont reprises à l’unisson puisque les titres joués ce soir sont connus du public, hormis quelques nouveaux titres de l’album à venir. On chante donc, on crie, on transpire. Les têtes oscillent, les corps suintent et se muent en masse. Pari gagné. Le groupe enchaine les morceaux, des classiques entre chansons post punk et morceaux rock à la sauce Fontaine DC. Pas de fausses notes — sans faux jeu de mots. Le set est impeccable.

On en redemande encore alors que le groupe s’est déjà dirigé hors de la scène après avoir joué Boys in a better land. Et ils se feront attendre quelque peu avant de revenir pour deux morceaux en guise de rappel.
Merci les Fontaines DC ! Les murs des Docks de Lausanne ont tremblé hier soir.