> Mag > Musique > G3 : la guitare est là !
Le G3 avec Joe Satriani, John Petrucci et Uli Jon Roth a lancé sa tournée en France le 15 avril à Lyon dans l’Amphithéâtre de la Cité Internationale. Forcément, la guitare a été la reine de la soirée et très bien représentée. Soirée réussie pour le G3 qui a encore de beaux jours devant lui !
Ce concert a d’abord été l’occasion de découvrir l’Amphithéâtre de la Cité Internationale de Lyon… Belle architecture de l’extérieur, et de l’intérieur un bel écrin pour accueillir de la musique. Cependant, que des places assises… Ce que je ne trouve pas forcément adéquat pour un concert à dominante rock… Bon, il est vrai que ça peut permettre une meilleure attention et écoute, ce qui n’est pas négligeable concernant la musique qui sera essentiellement instrumentale ce soir-là… La salle se remplit progressivement et sera presque totalement pleine, le public est présent à ce grand rendez-vous de la guitare. Et attention aux retardataires, car le concert commence bien à l’heure, tout semble chronométré et organisé au mieux…
On commence la soirée avec Uli Jon Roth, guitariste ayant joué avec Scorpions pendant des années à leurs débuts (certainement la meilleure période du groupe avec par exemple Tokyo Tapes, ou au moins une des toutes meilleures périodes du groupe, avec un rock puissant… par la suite le groupe a changé de direction musicale et Uli jouera dans des projets plus personnels avec Electric Sun et en solo). Le style d’Uli est un peu comme une synthèse de Jimi Hendrix et Ritchie Blackmore surtout, on sent l’influence de la musique classique et du rock, et la venue du néo-classique… Pour tout vous dire que je ne suis pas spécialement fan de ce type de musique que je trouve parfois trop répétitive et caricaturale, mais j’ai été plutôt agréablement surpris… Des trois guitaristes de la soirée, c’est celui que je connais le moins. Uli a un beau son, un beau toucher à la guitare, un lyrisme poussé, une belle expressivité, et une virtuosité certaine.
Ok, par rapport à ses compères de la soirée, la virtuosité est peut-être moindre (faut dire que Satriani et Petrucci vont parfois bien loin dans la maîtrise, la rapidité et la technique), mais les trois guitaristes n’ont pas le même âge, Uli est l’aîné, et on peut comprendre en l’écoutant qu’il a pu influencer une bonne partie de la génération des guitar heroes qui l’a suivi dans laquelle on retrouve Yngwie Malmsteen, Steve Vai, Joe Satriani, entre autres… Uli est à la guitare, accompagné de deux guitaristes, un bassiste, un batteur, un claviériste. Uli et un de ses guitaristes chantent à l’occasion de quelques morceaux, même si le set est surtout instrumental. Le répertoire d’Uli est donc empreint de rock et de l‘influence de musique classique, le rendu sur scène avec un groupe complet est plutôt intéressant, même si parfois on entend plus la guitare que les autres instruments, et que vu le style ça a parfois tendance à se répéter un peu… Visuellement, il y a un écran derrière où des images sont projetées, ça colle bien à la musique mais ça manque un peu de variété car peu d’images au final. À noter aussi un bel hommage à Zeno Roth, frère d’Uli qui est mort cette année... Parmi les morceaux joués par Uli, on peut citer notamment « We’ll Burn The Sky », « The Sails Of Charon », « Fly To The Rainbow »… Au final, c’est une soirée qui commence plutôt bien.
Ensuite arrive le très attendu John Petrucci, guitariste de Dream Theater, un héros de la guitare rock metal moderne. Ambiance sonore et visuelle digne d’un film pour l’accueillir, et c’est parti. Ici, les images projetées sont plus nombreuses et variées et collent bien à la musique. Quant au logo de John Petrucci, il joue sur ses initiales : JP [1]. Pour en revenir à la musique, John est accompagné du batteur de Dream Theater : Mike Mangini. Il est également accompagné de Dave LaRue à la basse. Le tout début du set est un peu ardu à écouter, mais après on rentre vite dedans. John semble se baser surtout sur des morceaux instrumentaux de son album solo Suspended Animation (seul album solo sorti pour le moment, il y a plus de dix ans). Il y a quelques nouveautés en plus cependant.
Son expérience avec Dream Theater et Liquid Tension Experiment entre autres lui permettent de proposer des compositions alliant virtuosité et musicalité, avec un esprit de rock metal progressif. La formule en trio n’est pas habituelle pour lui qui est plus souvent accompagné par plus de musiciens et par un chanteur (je pense bien sûr à Dream Theater). On le sent à l’aise, mais pas autant qu’avec Dream Theater. Quant à son jeu à la guitare, là aussi ça le change de ses habitudes… Ok, il envoie au niveau des rythmiques et des parties en solo, c’est même énorme musicalement par instants…
Mais on ne sent pas tout le temps sa guitare « chanter » tant que ça, et pourtant c’est important en guitare instrumentale… Attention aussi à ce que la guitare ne cache pas trop les autres instruments par moments… Le fait de jouer dans une formule de trio instrumental le change de ses habitudes, et du coup c’est bien, même très bien par moments, mais pas forcément magique… Cette situation me rappelle celle de Steve Morse que j’avais vu dans le G3, lui aussi désormais plus habitué à jouer en groupe avec chanteur (Deep Purple en l’occurrence), qu’à jouer de la guitare instrumentale en formation réduite… Que les fans du guitariste se rassurent, c’est quand même un très bon set qui finit par un morceau alliant virtuosité et mélodie imparable : « Glasgow Kiss ». Cela monte crescendo cette soirée !
Voici le point culminant de la soirée avec un des plus grands spécialistes de la guitare électrique instrumentale rock : Joe Satriani ! Le maestro et directeur du concept G3 envoie du lourd. Il joue quelques morceaux de son dernier album et alterne avec plusieurs morceaux issus de sa discographie. Au bout d’un moment, on entend surtout des morceaux issus d’autres albums. Joe me donne l’impression d’utiliser un peu la formule qui suit : je joue quelques morceaux de mon dernier album histoire de montrer quelques nouveautés, et je joue une sorte de « best of » de ma discographie.
En tout cas, il choisit les morceaux semblant être les plus pêchus et groovy de son dernier album What Happens Next, puis il joue des imparables classiques issus notamment de ses grands albums Surfing With The Alien (« Satch Boogie », « Circles », « Always With Me, Always With You »…), The Extremist (« Summer Song »…). Le son de la guitare et de son groupe est au top, on sent que les musiciens sont rodés et se connaissent par cœur. Joe s’éclate sur scène et ça se sent, le gars a la banane et bouge comme un jeune guitariste fou alors qu’il a tout juste la soixantaine… Le public aime forcément quand il y a à la fois bonne musique, bon son, et bonne ambiance ! Derrière les images accompagnant le concert collent bien à la musique. Et c’est forcément le cas quand des images sont basées sur des clips vidéo ayant accompagné la sortie de certains classiques et standards de Joe Satriani ! C’est la troisième fois que vois Joe Satriani en live dans le cadre du G3, et je l’ai vu également en live en vidéo sur DVD et sur Internet… Ok, le gars maîtrise l’instrument, fait de belles mélodies, envoie quand il faut du solo de folie…
Cependant, j’ai l’impression qu’il nous ressert un peu toujours la même recette, à la note près. Il y a au final peu (ou pas) de moments de véritable folie, improvisations et prises de risques. Et aussi cette impression que la sortie d’un album est juste un prétexte à chaque fois pour faire une tournée mondiale où on va entendre quelques morceaux nouveaux et pas forcément très marquants, et surtout entendre une espèce de « best of »… À force d’enchaîner tournées et albums sans vraiment de larges pauses, on n’a pas eu l’occasion d’écouter un nouveau grand album de Joe Satriani depuis longtemps… Je n’ai pas envie de me mettre les fans de Joe à dos, mais il faut bien l’avouer, les albums sortis depuis un paquet d’années sont plus ou moins bons, mais pas transcendants comme certains par le passé…
J’apprécie beaucoup Joe Satriani, des trois guitaristes de la soirée c’est celui que je connais le mieux, et certainement celui que j’apprécie le plus, je l’ai bien écouté par le passé et il a fait partie de mes influences en tant que guitariste et musicien… Mais cela fait longtemps qu’il ne m’a pas fait vibrer avec des albums et morceaux hors du commun…
Pour en revenir au concert, bravo à Joe pour la guitare à laquelle il sait si bien donner vie, souffle et chant, mais aussi à son équipe de choc composée de Mike Keneally aux claviers et à la guitare (on ne parle pas assez de ce musicien, mais c’est un guitariste fantastique), Bryan Beller à la basse (discret mais grand bassiste toujours au service de la musique), et Joe Travers à la batterie (efficace). En tout cas, le show est de grande qualité et on s’éclate bien à écouter un Joe Satriani en grande forme ! Top !
Pour clôturer la soirée, comme classiquement dans tout bon G3 qui se respecte, on a droit à des jams entre musiciens ! Les trois guitaristes et certains de leurs musiciens s’éclatent donc dans une bonne ambiance conviviale sur des grands classiques comme « Highway Star » de Deep Purple, « All Along The Watchtower » de Bob Dylan dans la version créée par Jimi Hendrix, « Immigrant Song » de Led Zeppelin… Une partie du public se met debout pour assister à ces derniers moments de concert… Standing ovation à la fin, tout le monde se lève… Mais pas de rappel, car la lumière apparaît vite… Pas forcément très rock’n’roll comme ambiance donc, mais très bon concert finalement, c’est ça le plus important !
Alors on a eu droit à une très bonne soirée de guitare, guitare électrique instrumentale rock essentiellement. Le G3 est un concept qui a plus de vingt ans maintenant, mais il a encore vocation à perdurer. C’est un bon cru du G3 si on peut employer cette expression, mais il ne me fera pas oublier certains autres G3 comme celui de Satriani-Vai-Johnson (le premier et mythique G3) et le Satriani-Vai-Malmsteen (guitar heroes à fond), ou encore le Satriani-Schenker-Rondat [2]. Le G3 Satriani-Vai-Govan m’a semblé bien prometteur (j’en ai vu quelques extraits, Guthrie Govan est impressionnant). J’ai bien apprécié le G3 Satriani-Vai-Morse (la deuxième fois que j’ai vu le G3 en live), avec une préférence pour Vai. En tout cas, on est face à un très bon G3 ici. Le concept mérite d’être renouvelé et réinventé pour ne pas tourner trop en rond. D’autres concepts sont possibles pour faire la promotion de la guitare instrumentale, je pense notamment à différentes initiatives comme celle de Steve Vai avec Generation Axe qui semble renouveler un peu le genre (je vais essayer d’en parler prochainement)…
J’aurais aimé avoir plus de surprises en assistant au concert, avec par exemple quelques autres musiciens invités de renom, et surtout plus de folie musicale et de véritables improvisations et prises de risques. C’est peut-être une des raisons pour lesquelles je préfère me tourner vers de la musique et de la guitare plus fusion, jazz, jazz rock… Car dans ces styles, il y a plus d’improvisations, et on peut voir certains artistes se renouveler à chaque concert avec pourtant parfois le même répertoire, ce qui peut être à la fois impressionnant et magique…
Ici avec le G3, on a un peu l’impression que tout est joué de la même façon d’un concert à l’autre à la note près. Les moments de véritables improvisations se font rares finalement, même si on peut avoir quelques bonnes surprises de temps en temps. Mais cela n’empêche pas qu’on assiste à de très belles soirées musicales avec le G3. Fans de guitare et de rock, le G3 est toujours d’actualité pour vous, alors n’hésitez pas à y aller !
Joe Satriani & Guest
Comme un alien qui aurait débarqué sur terre par une chaude nuit de l’été 1986, Joe Satriani revient avec son dernier opus, « What happens next », sublime promenade à dos de supernova électrique, album peuplé de soli aériens et flamboyants, de mélodies planantes qui fournissent de merveilleuses et agréables sensations et de riffs d’une redoutable efficacité. Il sera accompagné d’un very spécial guest. ;-)
Dead Daisies
Alliage bouillant de blues et de hard-rock, qui, en adeptes des riffs puissants et troublants, troussent depuis quelques années déjà de fort efficaces et punchy mélodies, des titres musclés capables de faire chavirer de plaisir n’importe quelle arène ?
Rosedale
Un peu de noir, un peu de blanc, beaucoup de blues et de rock, quel mélange idéal pour ceux qui portent en eux un grain de folie, ceux qui se disent que le plus beau chemin qui mène vers le plaisir auditif est celui qui se teinte de jolies couleurs électriques, de voix puissantes et rugueuses, de mélodies lourdes et pourtant paradoxalement si aériennes
Miss America Band
Deux filles, deux garçons, parité idéale pour musique viscérale, mélange parfait de voix fleurant bon le goudron et le bourbon, de fougue juvénile et de puissance teintée de sensualité, rien ici ne peut laisser indifférent, immobile, froid, chaque titre, chaque riff étant un irrésistible appel à céder aux sirènes de ces hymnes rock taillés pour faire trembler les stades.
Dans le cadre du Festival Guitare en scène
68€ (gradins, places limitées) / 58€ (debout ) / 35€ (réduit (jeunes et - 18 ans))
[1] Ok, ça fait penser un peu à celui de Dream Theater ce logo, mais ça mériterait d’être plus travaillé tant dans la forme que dans les couleurs
[2] car c’est le premier que j’ai vu en live, et en plus Patrick Rondat représentait de fort belle manière notre pays dans cette réunion musicale