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Annecy 2023
dimanche 10 mars 2024 par Pas de licence spécifique (droits par défaut)
ChroniqueIl y a des faits qui me dépassent, que je n’arrive pas à comprendre… Qu’un jury éventuellement passe à coté d’un film brillant sans le reconnaitre, cela arrive, et plus souvent qu’il n’y parait… Mais que les Palmarès se suivent et se ressemblent sans qu’aucun ne daigne lui accorder la moindre distinction, cela me peine réellement… Alors si mon humble article pouvait attirer l’attention d’un festival encore à venir et réparer cette injustice, j’aimerais ici rendre hommage à mon coup de cœur à Annecy 2023 en juin dernier, qui est enfin sorti en salles en Février, j’ai nommé : « Léo, La fabuleuse histoire de Léonard de Vinci » (92 min.)... Tapis rouge !
Qui n’a jamais entendu parler de Leonardo da Vinci ?
Monna Lisa, l’Homme de Vitruve, les machines volantes, l’autoportrait crayonné de ce vieil homme barbu… Mes souvenirs d’éveils à son héritage se perdent dans les méandres de ma scolarité. Ce bon vieux Léo ! Je croyais en avoir fait le tour ! Jamais je n’aurais cru en apprendre encore à son sujet… à mon âge… et encore moins en regardant un film d’animation destiné aux plus jeunes !
Si le célèbre portrait de La Joconde apparait bien ponctuellement au cours du film, en aucun cas elle ne s’impose au cœur du récit ni ne cherche à lui voler la vedette : elle n’apparait tout au plus que comme une anecdote, presque subliminalement, comme une muse vers laquelle notre bonhomme se tourne de temps a autre pour y chercher un peu de Grâce et de réconfort dans ses tribulations.
Et Dieu sait s’il en avait ! Artiste, peintre, sculpteur, architecte, botaniste, ingénieur, inventeur, scientifique, astronome, écrivain, philosophe, Leonardo était un génie touche-à-tout, allant jusqu’à pratiquer clandestinement des dissections de cadavres afin d’étudier le corps humain...
Da Vinci voulait explorer, analyser, comprendre, percer les mystères de la vie et de l’âme qui l’obsédaient nuit et jour, au grand damn du Pape Léon X - frère de Julien de Médicis à la cour duquel il œuvrait des 1514 - qui lui ordonnait de se consacrer à la conception de nouvelles armes de guerre plutôt qu’à la profanation...
Son Salut lui vint de François Ier, Roi de France et grand admirateur de ses travaux. Pour son couronnement en 1515, à la demande de Léon X, Da Vinci avait imaginé un lion automate lui offrant une fleur de lys. Ainsi, au décès de Julien de Médicis en 1516, François Ier lui offrit de rejoindre sa cour établie à Amboise, en Touraine. C’est là que, installé au Manoir du Cloux – actuellement Château du Clos-Lucé – Léonard de Vinci, aidé de ses élèves, poursuivit ses recherches tout azimut, jusqu’à sa mort en 1519.
Non sans contretemps toutefois. En effet, si François Ier et sa mère Louise de Savoie le convièrent, c’était d’abord pour qu’il leur conçoive un château plus grand, plus moderne, qu’il y dresse une statue à son effigie, et qu’il y organise des évènements spectaculaires, afin d’épater la visite des souverains voisins, en particulier Henri VIII, Roi d’Angleterre, et Charles de Habsbourg, Roi d’Espagne (futur Charles Quint).
Mais l’ambition de Léonard était encore plus grande : ce n’était pas un château qu’il avait en tête, mais carrément une cité idéale, radieuse, ingénieuse, agréable, fonctionnelle : l’actuelle Romorantin.
Et c’est bien là qu’apparait le mérite et l’intérêt éducatif de ce film : jamais au grand jamais je n’avais entendu parler de cette ville, encore moins des travaux d’urbanismes menés par Léonard de Vinci en ce lieu. Certes, mon inculture est grande, et il aurait suffit que j’aille à la découverte des Châteaux de la Loire et du Clos-Lucé pour en être instruit – honte à moi. Mais je m’étonne tout de même, malgré la médiatisation intemporelle de cette illustre figure de notre histoire, ne jamais en avoir rien perçu conjointement à La Joconde, l’Homme de Vitruve, ou je ne sais quel Codex…
Ainsi, le film nous raconte les 3 dernières années de ce génie universel, attelé à tous ses projets restés inachevés, en compagnie de la sœur du Roi, Marguerite de Navarre, à laquelle il partageait son admiration et son enthousiasme, lui permettant finalement de comprendre que l’âme n’était pas là ou il l’avait cherchée toute sa vie, mais dans la transmission du savoir acquis et de sa passion pour la connaissance, ouvrant ainsi une nouvelle ère : La Renaissance.
Visuellement, ce film est une pépite d’animation, alternant les séquences présentes admirablement animées en stop-motion et les crayonnés animés lorsqu’il rêve qu’il vole vers cette âme inaccessible qui le hante et le fuit. La musique est soignée, et les chansons pleines de sens accompagnent merveilleusement le récit et son message. Enfin, l’atmosphère, la fraicheur, l’optimisme qui s’en dégage, et l’humour, la légèreté avec laquelle le sujet est traité en font un film vraiment jubilatoire, une sucrerie dont on ressort heureux et plein d’espoir durable pour toute l’humanité.
Je ne dirai rien concernant les auteurs et la distribution, vous pourrez découvrir tout cela vous-même au générique et sur internet. Par contre, je recommande le dossier pédagogique et le cahier d’ateliers manuels à télécharger depuis ce site, ainsi que ce numéro spécial du magazine Faton.
Le film n’est plus à l’affiche ? Je suis sur que l’opportunité se représentera. Ouvrez grand les yeux ! Enfin pour ceux qui ont la chance d’y passer, une exposition est consacrée au film au Château Royal d’Amboise jusqu’au 20 Avril 2024 ! Une merveille d’animation pour tous à ne vraiment pas rater !