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Hub, la tête et la main

jeudi 15 octobre 2020 par Xavier Depraz rédaction CC by-nc-sa

Chronique

Hub était de passage à Annecy, au cinéma du Mikado d’Annecy, le 9 octobre dernier. À l’initiative de la Librairie Momie, il venait échanger avec les spectateurs après la projection d’un documentaire lui étant consacré Hub au bout des doigts. Le réalisateur du film, Benjamin Laurent, était également présent.

Annécien d’origine, Humbert Chabuel est passé par l’école Emile Cohl, à Lyon, avant de travailler de nombreuses années comme animateur de jeu vidéo et de séries. Il se jette à l’eau en 2005 (il devient Hub) et sort Okko (10 tomes) qui le propulse dans le monde la bande dessinée, un monde très concurrentiel d’où il est difficile d’émerger.


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Le film retrace les six derniers mois de travail qui précèdent la parution de son nouvel album La Lance et le serpent, en septembre dernier. Benjamin Laurent s’est lié d’amitié avec lui à l’occasion d’un atelier destiné à des enfants souffrant de troubles de l’attention. Il y avait invité l’auteur pour qu’il parle de son travail. Cette relation entre les deux hommes donne tout son intérêt au film : Benjamin est seul avec Hub, sans équipe technique et cela permet au spectateur de pénétrer dans l’intimité d’un processus de création.

Benjamin est arrivé à un moment difficile où Hub n’arrivait plus à avancer, après avoir écrit un scénario de 700 pages (les 3 tomes). Malade, en proie au doute, tenaillé par mille questions, l’arrivée du réalisateur a permis à Hub de se donner une nouvelle méthode de travail, très exigeante, pour venir à bout de ce premier opus. 4 planches par semaine, près de 12 heures de travail par jour… C’est un véritable tour de force physique qu’il a fallu accomplir pour pouvoir tenir les délais.

Parce que Hub est exigeant. Il peut passer plusieurs heures sur le nez d’un personnage avant de trouver le trait juste, effacer, recommencer, retoucher… De son propre aveu, son album n’est pas d’accès facile et demande au lecteur un certain effort. Le fait même de situer son histoire au 15e siècle chez les Aztèques, chez lesquels sévit un tueur en série qui momifie de jeunes filles, met la barre assez haut…

Et avec ça : de nombreux personnages avec des noms imprononçables, des flash-backs, des brusques changements de couleurs. Mais cet effort ne procure que davantage de plaisir quand tout se met en place. Et puis, au-delà du scenario, il y a la force du dessin. Une minutie dans les décors, les costumes, un travail énorme sur les couleurs (il confie qu’habiter sous le même toit que sa coloriste rend les choses plus simples) qui fait que, quelle que soit la page que laquelle on tombe en ouvrant l’album, on ne peut être qu’impressionné.

Ce premier tome lui servant d’une base de travail solide, la conception des deux suivants devrait être moins douloureuse. On les attend avec impatience.

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