Hubert Félix Thiéfaine, replugged

Il y a le noir corbeau sur la caisse de la batterie. Lancement du concert sur un son électro planant, les musiciens entrent sur scène dans un jeu de lumière orange sublimant l’ambiance et Hubert Félix arrive : applaudissements et aux premières notes de guitare, on a capté c’est « Droïde Song ».
« Quand j’ai besoin d’amour ou de fraternité j’vais voir Caïn cherchant Abel pour le plomber... »

Hubert Félix Thiéfaine, poète, créateur, sait relater une œuvre picturale, des vies, des atmosphères avec des textes où s’entremêlent des mots durs et tendres à la fois, c’est un romancier musicien des temps modernes.
« Je n’ai plus de mots assez durs pour te dire que je t’aime ».

Il y a tout ce que j’aime tant chez Hubert Félix Thiéfaine ce soir, lui qui a créé encore et encore sans s’enfermer dans un genre, un style. Longtemps, les télés et les autres médias, n’ont pas parlé de lui et puis un jour, c’est le réveil, ce type remplit des salles et il sait si bien le faire.
« Si tu veux, tu peux entrer dans leur jeu. Mais ça suppose d’être quand même un peu comme eux ».
Lucide, Hubert Félix ! « Eux », c’est nous aussi parfois, en ne prenant pas le temps d’écouter finement ce qui se passe sur scène. Puis les riffs des guitares et le rythme de la batterie nous renvoient dans un délire partagé par la salle entière ’ah ah bloody man ’.
Quelle puissance ! C’est cela aussi l’expérience de la scène et Thiéfaine a la volonté de chanter qui il est, qui il fut au fil de ces années entre impertinence et humour... Joli mai mois de Marie, fais ce qui te plaît de tes envies...

Il y a aussi de l’émotion, palpable. Pour le titre « La fin du roman », il chante « Dis-moi comment écrire en chantant, La fin du roman, Heureux dans l’instant » et on en pleurerait… Le titre suivant, c’est « Sweet Amanite Phalloïde Queen » et la salle entière reprend «  ô sweet amanite phalloïde queen ». Voilà, nous chantons tous comme des fous.
Et Thiéfaine poursuit avec « Combien de jours encore ». Ce titre est magnifique, nos cœurs battent. «  Combien de jours encore à regarder l’horloge »… Nos rides se creusent et on reste en suspens devant tant de prescience, l’instinct de vie est toujours là.

Le rappel sera replugged. On se rebranche sur « Mathématiques souterraines » c’est magnifique "Oh mais laisse allumé, bébé".
C’est avec l’emblématique « fille du coupeur de joint » que se terminera la soirée. C’est sans nostalgie et sans pathos avec ce soir les riffs des guitaristes et des sourires. C’est mythique ce rappel ! Et comme l’histoire a commencé en 1978 - Tout corps branché sur le secteur étant appelé à s’émouvoir, tout le monde sourit sur scène, même Thiéfaine.

Il y a eu Unplugged Tour avec 80 dates et encore cette nouvelle tournée, Replugged. Hubert Félix Thiéfaine n’est plus le jeune homme de la 25^e heure ! Il fait une tournée impressionnante et on le sent parfois. Mais c’est calé, il ne s’économise pas. Non, il fait un peu attention à lui et ses zicos aussi. Ils sont autour, Lucas Thiéfaine à la guitare et je cherche partout les noms des six autres talentueux, guitare, basse clavier, batterie, saxo synthé. J’ai reconnu Frédéric Gastard, aux claviers et au formidable saxo et Christophe Boar. Il y a aussi Sofiane, guitariste et Bruce, Jean-François Assy, basse et violoncelle.
Merci Hubert Felix Thiéfaine, chantre poète épique de nos nuits blanches...