> Mag > Musique > Incursion en royaume Shériffien
Un des rendez-vous à ne pas manquer de cette édition du Festival Hors Pistes était le concert de Lætitia Shériff, intense et généreux.
Ce concert était accessoirement l’occasion de découvrir la nouvelle salle « de création » du Théâtre bonlieu. Avec ses gradins modulables ; cette salle permet d’accueillir un public debout, plus conforme à l’ambiance des concerts rock comme celui-ci.
Après une avoir pu découvrir la nouvelle direction très Synth pop du projet de Jeanne Added, encore tout frais, l’attente autour du concert de Lætitia Shériff était forte. Autant le dire tout de suite, elle n’a pas été déçue, car c’est un concert pleinement maîtrisé qui nous a été proposé, alternant brûlots rock et morceaux plus mélodiques. le tout emballé dans une belle énergie.
En complicité avec Thomas Polli au jeu élégant et appuyé sur le roc rythmique constitué par Nicolas Courret [1] le concert s’est déroulé dans un élan de partage et une belle générosité.
Le set a commencé avec « Where’s my ID », titre du précedent album court. La ballade indie se teinte de légères dissonances, qui s’amplifient fil du morceaux, tout en livrant un ressenti inquiet sur la dérive sécuritaire de la société.
Retour illico sur un morceau du tout nouveau Pandemonium, Solace and stars, « Opposite », tout en lenteur et batterie scandée, avec un phrasé de voix qui évoque PJ Harvey.
Avec « Solitary Games », on entre dans le vif du concerts, le tempo monte clairement, le son devient massif et les stroboscopes agressifs appuient le coté noisy, avec une fin plus aérienne, comme une respiration.
Contraste, avec « Aquarius », ballade guitare-voix, insidieusement pulluée de distorsions, avec un riff lancinant.
Retour aux nouvelles chansons, avec un passage intimiste, évoquant la perte avec « Fellow » et « To be strong », chant de consolation [2] hommage à ses disparus.
« Urbanism after Goya », visite des représentations du mal, impressionne avec son intro en spoken word et guitare détuné, le chant colle d’abord auriff de guitare pesant avant de prendre de la liberté.
Une corde cassée ne semble pas la troubler outre mesure, Lætitia a du métier et pose sa guitare sans se soucier de la faire ré-accorder et termine le concert à la basse, changement qui était probablement prévu avec « Living Dead », le titre phare pour lequel la vidéo mets en scène un film des zombies. Mais le manoir menaçant sur la colline prends la forme d’une Usine et les morts-vivants semblent plutôt une métaphore de l’effet de l’aliénation du travail. Ce morceaux me trotte dans la tête depuis un paquet de temps avec une forte impression de familiarité sur le pré-refrain [3]
La suite était une alternance de titres anciens (« Hullabaloo »,« Evil Eye ») et nouveaux. « Wash », en particulier a été assenée comme un coup de poing pour faire bonne mesure. Pas de rappel — le concert se clôt par quelques remerciements presque timides qui contrastent avec l’aplomb de la prestation en concert.
Au final un concert passé en un clin d’œil, qui ne fait que confirmer la réputation croissante de cette artiste totalement investie, qui fait face aux aléas heureux et malheureux pour continuer à avancer avec intégrité. Une belle personne dont on espère suivre la trajectoire longtemps encore.
[1] Par ailleurs, batteur du groupe Eiffel.
[2] du même acabit que le « Don’t Give up » de Peter Gabriel