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Par ces temps de canicule, un petit tour dans une médiathèque climatisée ne peut pas faire de mal. J’y ai puisé trois albums infernaux et hivernaux sur papier glacé. Nuit 24 heures sur 24 et pièges à relever dans le blizzard de temps en temps. Sinon, on vit dans la cabane sans trop de lever de sous sa peau d’ours.
Les hommes (et les femmes ???) sont, disons…particuliers.
Disons…tendres et rudes !
Nous sommes au nord est du Groenland au temps des trappeurs Danois. Ils sont quelques-uns à affronter l’hivers en vivant à quelques distances les uns des autres, se fréquentant parfois pour avaler un galon d’alcool ou se raconter des aventures improbables.
Leurs racontars ne sont pas racontables. C’est ce qui fait tout leur charme. Impossible de distinguer l’intelligence de la ruse, la malignité de la solidarité, la virilité rugueuse de la tendresse amicale, la brutalité de la gentillesse, la folie de la connerie la plus crasse, le commerce pur de l’échange gratuit.
Et puis il y a l’hiver polaire, la nuit infinie, les aurores impossibles, le temps suspendu, le sommeil presque éternel, l’hallucination qui guette.
Les albums puisent dans les ouvrages de l’ écrivain Jørn Riel, avec sa complicité. Il s’est fait connaître avec une œuvre considérable ayant pour base le “racontar“ qui, comme il le dit lui même est “une histoire vraie qui pourrait passer pour un mensonge. À moins que ce ne soit l’inverse“.
Mais le dessin apporte une belle dimension complémentaire. On se gratte, on ronfle, on se promène en sous vêtements douteux, et le boucané dispute le territoire des odeurs à la sueur rance et aux chaussettes fumantes.
La nuit perpétuelle sur la clarté omniprésente de la glace et de la neige est une page blanche comme un ours, intarissable, sur laquelle le dessin noir et blanc, nerveux, devient une évidence pour dire l’indicible.
Autant avouer d’emblée que l’adaptation est particulièrement réussie.
A ce jour, trois volumes (copieux plus de cent pages chacun) sont parus chez Sarbacane :
La vierge froide et autres racontars (2009, 168 pages)
Le roi Oscar et autres racontars (2011, 112 pages)
Un petit détour et autres racontars (2013, 128 pages)
D’après : Jørn Riel
Scénario : Gwen De Bonneval
Dessin : Hervé Tanquerelle
Les commentaires de cet article
# Le 10 juillet 2015 à 08:10, par Audrey L En réponse à : Inénarrables racontars
Les romans de Riel m’ont vraiment transportée ! Une version illustrée... à découvrir pour moi. Merci
de l’info