Jochen Gerner, Blizzard Carbone à la médiathèque Bonlieu

Mais ne rangeons pas trop vite les skis et les vélos, car un voyage se profile.

L’exposition est composée de plusieurs séries : Alpes (Alt.), Stockholm, Grande vitesse et Minimum .

Du côté des Alpes, on devine des pages anciennes de vues montagnardes iconiques dans des tons neutres, recouvertes d’encre noir, tantôt lignes parallèles, tantôt cercles. Le recouvrement révèle et cache mais surtout propose un nouveau sens.

Ce sont ensuite des cartes postales qui nous emmènent à Stockholm, cette fois-ci entièrement recouvertes de peinture acrylique ; les plans d’eau, les bâtiments deviennent schématiques. L’image originelle se devine derrière les blancs. Et si ce rectangle cartonné peut toujours être un moyen de correspondance, il perd son caractère touristique de « celui qui voyage et nargue ceux qui sont restés ».

La série Grande vitesse s’installe dans un train et regarde par la fenêtre. Que retient-on du paysage qui défile ? Au fil de la visite, on comprend le vocabulaire de Jochen Gerner : des petits formats, encre noire, dessin minimaliste. Simple mais pas simpliste. L’ensemble de la série prête à sourire : les premières pages sont détaillées, ici un bâtiment, là quelques lettres sur un panneau publicitaire… Puis, sans accélérer le geste, les traits deviennent plus simples, jusqu’à devenir une page remplie de traits horizontaux. Sauf que notre esprit vagabond se plait à lire entre les lignes les bosquets et forêts de notre paysage idéal en train.

La série Minimum change de ton et ose le jeu de mot avec les grands noms de l’histoire de l’art. L’occasion de rappeler que Jochen Gerner est membre de l’OuBaPo (équivalent BD de l’OuLiPo).

On pourrait ainsi passer devant cette exposition sans la remarquer, mais s’y attarder garantit un moment délicieux, comme un petit bonbon qui se savoure.

www.jochengerner.com