Joube, tout est bon dans un vélo qui se voit et s’entend

Dès que les lumières se sont éteintes, le musicien est entré sur scène avec son vélo transformé. La scène était magnifiquement mise en valeur, avec des éléments visuels évoquant un atelier de bricolage et une esthétique industrielle. Il devenait clair que ce concert serait bien plus qu’une simple démonstration de musique expérimentale.

Le musicien a commencé par faire le tour de son instrument, montrant comment utiliser des capteurs spéciaux et des modifications électroniques pour transformer les différentes parties du vélo en véritables sources sonores. Une table de mixage semblait se trouver dans la selle, les pédales étaient connectées à des générateurs de sons, les rayons produisaient des notes lorsque touchés, et même le cadre du vélo était utilisé comme une surface résonnante. C’était une véritable symphonie de mécanique céleste et d’électronique cyclotouriste.
La performance a débuté par des rythmes subtils, créés en tapant sur les rayons et en jouant avec les différents éléments du vélo. Le musicien était extrêmement habile, utilisant ses mains, ses pieds et même sa voix, des drôles de petits cris, pour produire une gamme variée de sons rappelant par moment la musique concrète de Pierre Schaeffer même si son art sonore à lui n’est pas fixé mais joué de manière instrumental. Les compositions étaient étonnamment mélodiques et harmonieuses, Jouve jouait avec le câble de frein comme d’une guitare basse incorporant des éléments du jazz tel un musicien de soul music.

En plus de sa virtuosité technique, le musicien a également montré une grande créativité dans sa manière d’exploiter la nostalgie et la narration. Sa tenue scénique était digne d’un habitué d’une discothèque des années 70, et avec sa casquette de coureur du Tour de France ramassée lors du passage de la caravane il ressemblait à André Robillard [1], maître sans égal du mouvement de l’Art brut made in France qui ,lui, fabrique des engins spatiaux, fusils et des cavaliers en bois (juste pour « tuer la misère »).
Un concert de Joube c’est donc des moments émouvants comme son mixage avec l’enregistrement d’un garagiste évoquant son métier de réparateur de « vieilles poubelles ». Dans ses compositions, on voyage également, Il utilise des enregistrements sonores ramenés de ses déplacements exotiques notamment du Groenland avec ce réchauffement climatique qui s’écoute sur les banquises qui fondent. Mais avec lui, rien n’est sérieux, et en cela il nous rappelle la compagnie des Endimanchés des années 80 avec leur tube « Aux champignons avec ma bicyclette ». Alors Joube revient toujours faire un tour dans son jura natal en nous faisant rire avec les sons de ses vaches pour ajouter une touche d’humour à sa musique. Chaque composition est une nouvelle exploration sonore, surprenant constamment l’audience et repoussant les limites de ce que l’on pouvait attendre d’un concert traditionnel.

Au fur et à mesure que le concert avançait, l’énergie augmentait et les morceaux se sont transformés en de véritables œuvres d’art sonores. Le musicien a utilisé des pédales d’effets pour créer des boucles sonores complexes, superposant des rythmes et des mélodies qui se fusionnaient harmonieusement. La scène était remplie d’une atmosphère captivante, les sons du vélo se mêlant aux applaudissements et aux exclamations d’admiration de l’audience. Le concert s’est conclu par une standing ovation bien méritée. Le musicien a réussi à captiver l’audience avec son ingéniosité, sa maîtrise technique et son interprétation artistique. Sa capacité à transformer un objet aussi banal qu’un vélo en un instrument de musique fascinant revisitant la chaîne du son était vraiment remarquable.

En somme, ce fut une bien agréable soirée avec la belle chanteuse, mais trop silencieuse, du groupe Ko Shin Moon et la prestation DJ Set de notre pionnier de la techno Arnaud Rebotini qui revenait à ses premiers amours avec une machinerie analogique qui a fait danser tout le monde.