> Mag > Musique > L’apocalypse noise-rock selon Black ink stain
À ma gauche, David Weber, artisan du son des Condense, Treponem pal, Kill the thrill, Young gods, Knut et une tripotée d’autres groupes depuis les années 90. À ma droite, Black Ink Stain, jeune trio originaire de Clermont-Ferrand, déjà auteurs d’un EP, le couteau entre les dents, hâte d’en découdre avec la planète entière. Attention, ça va saigner.
Depuis le morceau d’ouverture, « Slice of pain », et sa batterie esseulée comme un cri de ralliement, jusqu’à « S.O.M.A. » qui conclut ce premier album en grandes pompes, la mécanique imposante mise en place par le groupe frise la perfection.
Groove pesant, ralenti qui t’étouffe, riffs plombés qui tournent sur eux-mêmes comme des bêtes en cage, lignes de basse massives, sinueuses, serpentant au milieu des rythmiques syncopées et des voix – parfois un poil en-dessous de l’ensemble - au bord de la rupture. Un champ de ruines avec les new-yorkais d’Unsane comme figure tutélaire. Ombre planant au-dessus des décombres fumantes. Vision d’un noise-rock incandescent un instant ressuscité - à vrai dire, même le clip sorti pour le morceau « I see you dead » a quelque chose de très 90s, très MTV, assez marrant.
De cet ensemble massif, monobloc, un morceau se distingue. Avec son chant clair qui ne se tarde pas à se charger en électricité et ses harmoniques à la guitare, « Pont des goules » brouille davantage les pistes, lorgne vers un post-hardcore des débuts ou presque. Évoquant des groupes comme Hoover ou Lincoln mais d’une façon assez personnelle, il laisse entrevoir ce que Black ink stain — dont la passion pour cette musique est impressionnante — pourra être lorsqu’il parlera encore davantage sa propre langue.