L’art brut en pleine face

La Collection de l’art brut, c’est le musée fondé suite à la donation à la ville de Lausanne de la collection personnelle du peintre Jean Dubuffet – à savoir l’inventeur du concept d’art brut. Entrer dans cet endroit, c’est à coup sûr faire une expérience différente de la visite de n’importe quel autre

musée d’art, tant les œuvres qui y sont exposées sont vibrantes, tant on ne peut pas ne pas se sentir interpellés par elles.

L’art brut transpire la folie, c’est certain. La manie, l’obsession, les visions hallucinées ou les troubles de la représentation y sont souvent évidents mais aussi la joie et la fureur de créer, un humour souvent ravageur et absolument hilarant et une poésie tellement saisissante et inattendue qu’elle donne envie de pleurer.

L’art brut n’est pas possible. Selon toute logique, il ne devrait pas exister et pourtant il existe. Son geste est spontané, il se raconte des histoires, il se réapproprie, détourne les images et la langue. C’est le cousin de l’art enfantin, de l’art naïf, de l’art modeste et même du punk [1].

Et l’art brut ne prend jamais, jamais de haut ceux qui viennent le voir.

Autour du thème du visage, l’exposition actuelle présente plus de trois-cents œuvres, ainsi que neuf vidéos documentaires — et même une pièce sonore par l’artiste brut japonais Issei Nishimura, la musique concrète prend ici tout son sens ! La scénographie est impeccable, organisée en six sections : visages textiles, en volume, en voyage, en portrait, déclinaisons graphiques et émergences du visage. On y revoit certaines pièces bien connues mais dont on ne se lasse jamais et c’est aussi l’occasion de faire des découvertes, parmi lesquelles les pièces textiles, qui sont à voir absolument, et le mail art incroyable de Nicole Bayle, mêlant dessin, collage et broderie.

Chaudement recommandé.