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l’Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp, antidote aux temps troublés

vendredi 24 septembre 2021 par Tom Rad-Yaute rédaction CC by-nc-sa

Chronique

We’re OK but we’re lost anyway, sorti sur le label Bongo Joe records, est déjà le 5e de la formation genevoise. Bien que croisé plusieurs fois en concert, c’est le premier de leurs disques que j’écoute réellement —question de disponibilité et d’envie, sans doute — toujours est-il que, cette fois, la musique dansante et très composée d’Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp réussit pour moi à parler au corps autant qu’à captiver l’esprit.

L’ambiance sonore générale du disque pourrait se définir comme une sorte de ligne claire, déjà présente sur le précédent album, Sauvage formes. Les batterie(s), percussions et la contrebasse de Vincent Berthollet forment son épine dorsale, souvent en écho aux musiques d’Afrique - rythmique précise assurant un groove têtu et qui laisse toute latitude aux cuivres, aux percussions et aux guitares électriques qui, dès « Be patient », le majestueux morceau d’ouverture, viennent emplir, déchirer, souligner ou colorer l’espace disponible.


Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp - So Many Things (To Feel Guilty About) | Live Session
Recorded by Gaspar Pahud At Studio Phonotope, Renens, Mixed by Guillaume Lantonnet, Filmed by Vincent Moon, Novembre 2020, cc by-nc-sa Petites Planètes

L’aspect « festif » de la musique d’OTPMD est contrebalancé par le dépouillement des motifs – on ne croisera pas un solo – et par les structures répétitives qui brouillent les repères, étirent et densifient le temps. Ce qui n’exclue pas des breaks à angle droit bien sentis qui orchestrent des montées ou baisses de tension hyper dynamiques, par exemple sur l’irrésistible « Beginnings » terriblement efficace avec son riff extatique répété à l’envie, ses contretemps et sa mélodie qui monte inexorablement !

Dans cet ensemble au larges horizons se côtoient influences africaines aux rythmes surentrainants — le génial « So many things (to feel guilty about) » —, douceur pop, échos folk anglo-irlandais, notamment le fait des violons et des lignes mélodiques de la chanteuse Liz Moscarola, ou encore guitares noisy qui rappellent toute une scène free-punk européenne qui, de Dog faced Hermans à Dawson ou Kampec Dolores, n’avait vraiment pas froid aux yeux.
Chaque pièce de ce puzzle trouve sa place sans que jamais le résultat ne perde en fraîcheur, en spontanéité et en cohérence. Car Orchestre Tout Puissant sonne avant tout comme un collectif et, dans une période où cette notion semble parfois avoir perdu toute substance, sa musique ouverte et inclusive, entraînante et toute en nuance, résonne de manière politique et personnelle.

Bref, écoutez Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp, il se pourrait bien que ce soit le moment !

Portfolio

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