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J’aime beaucoup Faïza Guène et je me suis ruée sur son dernier roman. J’avais adoré son premier roman Kiffe kiffe demain, j’en garde d’excellents souvenirs.
Je me suis donc plongée avec plaisir dans ce nouvel opus qui retrace le parcours de Yamina, maman exilée à Aubervilliers depuis les années 80.
De son enfance et de son adolescence en Algérie puis au Maroc à ses 70 ans en France, Faïza Guène dresse le portrait d’une femme discrète et de sa famille.
Peu bavarde sur son passé, ses enfants nés en France ignorent son parcours douloureux et son exil difficile. Eux ont grandi loin du bled, ne le connaissent que le temps des vacances et comme bon nombre d’enfants d’immigrés se sentent partagés entre deux cultures, deux pays, un pied de chaque côté de la Méditerranée. Et pourtant ils sont français, mais subissent trop souvent les reproches de ceux qui ne les considèrent que comme algériens. Difficile de se construire une identité ainsi : trop français en Algérie, trop algériens en France…
Alors chaque membre de la famille adopte une attitude pour garder la tête haute : la discrétion de Yamina qui jamais ne se plaint, la colère de ses filles (Hannah en tête !) et la fausse tranquillité du fils. À la façon de vases communiquants, plus Yamina se fait discrète et tait sa colère, plus ses filles se défendent et luttent contre la condescendance, les préjugès, les discriminations et humiliations quotidiennes.
Un joli roman dans lequel Faïza exprime avec subtilité et par petites touches d’humour, toute sa tendresse et son respect pour ces femmes de la première génération d’immigrés.
Article précédemment publié sur Booktonlivre