> Mag > Cinéma > La malle aux trésors de Virgilio Villoresi
En plus des compétitions qui mettent en lice les créateurs du moment, le Festival est une magnifique occasion de (re)découvrir des artistes marquants de l’animation. Un séance enthousiasmante était consacrée au travail du jeune animateur italien.
Découvrir le travail de cet animateur transalpin, qui m’était resté jusque là méconnu a été un ravissement.
La séance rétrospective a permis de visionner un grand nombre de films publicitaires (parfois plusieurs pour les même marques). De fait, en Italie, les systèmes d’aide à la création de courts métrages sont inexistants et la seule option économiquement viable est d’œuvrer dans les travaux de commandes et publicitaires.
Ce qui est remarquable, en l’occurrence, c’est que le style développé au fil de ces commandes est tout à fait singulier et « fait œuvre ». Ces travaux sont marqués par une grande liberté et une esthétique personnelle. À en croire le jeune réalisateur qui était en salle, la confiance établie avec ses commanditaires est telle qu’ils lui laissent carte blanche.
Complètement autodidacte, le créateur a été fasciné dans ses jeunes années jusqu’à l’obsession pour le travail de tous les réalisateurs images par images, citant Norman Mac Laren tout autant que Jan Lenica et l’école polonaise ou le cinéma experimental de Kenneth Anger ou Chris Marker.
Amoureux des dispositifs de trucages anciens, il a accumulé chez lui une grande quantité de jouets anciens, dispositifs optiques et autre lanternes magiques, dont la poésie imprègne son œuvre.
Les animations sont souvent partiellement improvisés, les trucages visibles et imaginatifs (comme le recours à l’ombro-cinéma dans le clip ci-dessous) et il en ressort une poésie visuelle qui a pu amener à le comparer à un Georges Méliès contemporain. Il n’utilise d’ailleurs l’informatique que pour nettoyer certains images quand cela s’avère nécessaire, mais rejette par ailleurs une création qui ne soit pas basée des dispositifs matériels.
Réservé, voire timide, il n’envisage pas de donner de master class ni de s’exiler pour travailler sur d’autres projets d’animation. Ses collaborations sont d’ailleurs limitées. Il semblerait qu’un premier long métrage soit en projet, avec l’appui financier des marques qui lui sont fidèles. Atypique et raffraîchissant.