La Mif : la baffe

J’ai découvert le travail de Fred Baillif en décembre 2016. Il était venu présenter son premier long métrage, Tapis Rouge, coréalisé avec Kantarama Gahigiri. Un éducateur (suisse en l’occurrence, mais il aurait pu être belge ou lyonnais) emmenait un groupe de jeunes au festival de Cannes dans l’espoir de rencontrer un producteur pouvant financer un film. Un comédien professionnel et des amateurs : une vraie bouffée d’air frais et déjà un truc pour capter « l’essence jeune » .

Il faut dire que Fred Baillif a été lui-même longtemps éducateur, mais aussi entraîneur sportif. La jeunesse des quartiers, il la connaît, il l’a pratiquée. En 2022, il reprend cette formule pro/amateurs dans La MIF : une immersion dans un foyer pour mineurs de Genève.

On s’y prend la tête, on s’ y embrouille, on s’y aime et on s’y parle…. beaucoup, entre jeunes, entre jeunes et éducateurs, dans les réunions d’équipe, avec les familles. Souvent crûment. Fred Baillif, parce qu’il a la confiance de ses comédiens, en leur demandant d’improviser le plus possible,parvient à trouver la juste distance et nous garde collés au fauteuil durant presque deux heures…

Le film a remporté de nombreux prix, et notamment celui du meilleur film dans la section Génération 14 plus du Festival de Berlin. Il est sorti en France le 9 mars dernier. Il est difficile d’émerger dans la flot impétueux des sorties auquel on assiste depuis la réouverture des salles en mai 2021, surtout si l’on a pas des comédiens bankables ni un budget suffisant pour accéder aux médias.
Le Mois du film européen, heureuse initiative du CDPC, déclinée dans plusieurs salles art et essai de Haute-Savoie nous permet d’appuyer sur pause, le temps de recevoir cette claque de cinéma vérité à la mose genevoise.