> Mag > Cinéma > La sirène de Sepideh Farsi
J’ai appris que La Sirène de Sepideh Farsi est déjà sorti en salle depuis fin Juin... Annecy lui a décerné son Cristal de la Meilleure BO, une manière comme une autre d’attirer l’attention sur un film qu’il faut voir, même s’il est dur... À ceux qui cherchent un film enchanteur et divertissant pour toute la famille, allez donc plutôt voir La Petite Sirène de Disney, ça n’a rien a voir...
1980, l’Irak envahit l’Iran. Je n’avais qu’une dizaine d’années à l’époque, je ne pouvais pas vraiment comprendre... Je n’en ai gardé que le souvenir du turban de l’ayatollah Khomeini et de la moustache de Saddam Hussein vus au journal télé...
Difficile de s’improviser critique cinéma lorsqu’on n’est qu’un amateur, qu’on ne connait rien du parcours de la réalisatrice (je me contenterai de renvoyer aux critiques officielles disponibles sur internet ceux qui aimeraient en apprendre davantage) et qu’il s’agit d’aborder un sujet complexe et brûlant — les conditions de survie des civils lorsque leur ville est assiégée.
Certains saisissent l’opportunité de fuir, abandonnant tout derrière eux, y compris ces autres, qui pour une raison ou une autre ne le peuvent pas, ou ne le veulent pas... C’est le cas d’Omid, un jeune résident d’Abadan au Sud de l’Iran, qui assiste médusé depuis son terrain de foot, à la destruction de la raffinerie de la ville par l’armée Irakienne. Sa mère a fui, son frère aîné s’est enrôlé dans l’armée, mais lui, trop jeune, a été refoulé. Il n’y a plus que lui pour s’occuper de son grand-père, et il mettra tout en œuvre, son énergie, sa lucidité, sa solidarité, son espoir et sa détermination, au service de la survie de tous ceux de son quartier qui, comme lui, sont restés...
Rien qu’à revoir les extraits disponibles sur le net, à me remémorer les moments forts du film, et à écrire ces quelques lignes, je sens remonter cette même émotion qui m’avait submergé pendant la projection. À l’instar d’autres films d’animation du même genre [1], la Sirène nous donne à éprouver l’incompréhension, la désolation, l’impuissance, la résignation, face à l’horreur de la situation, une boucherie qui aurait fait plus d’1 million de morts de part et d’autre, sans consacrer de victoire ni qu’aucune frontière ne bouge au final, comme il est mentionné dans le générique de fin... Bref, l’absurdité de la guerre comme elle s’illustre encore bien tristement dans l’actualité...
Si la musique qui accompagne le film est remarquable, l’écriture, le visuel et l’animation 3D le sont tout autant. Peu importe le moyen, quand on est happé et absorbé au point de tout oublier, et qu’on en ressort bouleversé, c’est que la réalisatrice a réussi son film. Si j’ai encore la chance de le voir en salle, je ne manquerai pas d’y retourner. Quant au DVD, il a déjà sa place dans ma collection.
[1] Le Tombeau des Lucioles, Adama, 25 April, Valse avec Bachir, Cafard, Another Day of Life, Nayola (mon coup de coeur Annecy 2022)