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The day after

Un avant-après

Allez savoir pourquoi, on a beau se rendre aussi sérieux que possible, faire tout ce que l’on peut pour avoir un code de travail, un complet-veston, une mine de businessman français en période de crise, si on se laisse aller à poser un orteil dans les salles du festival, ça fait des plis sur le costume.

On ne croit plus à ce à quoi on croyait. Les images n’ont plus le même sens : elles ne sont pas tyranniques puisqu’on peut toutes les inventer. Elles ne s’imposent pas comme la réalité à ne pas dénier ; elles se proposent comme les réalités à imaginer.

Discuter pendant le festival, c’est avoir le bonheur de découvrir que les gens ne sont pas d’accord avec vous. J’encense un film que mon interlocuteur descend en flammes - c’est moi qui suis interloquée ; jusqu’à ce que, quelques minutes plus tard, il m’évoque cet autre, dont je n’ai aucun souvenir : « Ah bon, c’était marquant ? Tu ne confonds pas avec... ? »

Alors oui, ils ont tous leur place, pas d’unité de regard, pas de vision unique, pas de consensus mou ; on est d’accord : pendant une semaine, on se fait secouer la rétine et les méninges.

C’est tellement improbable, que des dessins, des figurines de pâte à modeler, des pixels sur un écran, deviennent les choses les plus importantes à quoi on puisse apporter son attention dans sa journée. On repart avec elles et on leur a construit, le temps de la projection, une maison dans le cerveau où elles pourront continuer à faire leur vie alors que l’on vaque à d’autres occupations (c’est comme les voisins du dessus : on les adore ou on les déteste mais ils ont souvent du mal à faire oublier leur existence. Mince, j’ai un cartoon qui me piétine le cerveau en talons hauts : on fait quoi dans ces cas-là ? Bureau des plaintes du festival ?!).

On lisse un peu le costume après tout ça. Au festival, il n’y a pas de bonnet d’âne mais avec des oreilles de lapin, je vous garantis pas l’effet au bureau.

A before-after

I don’t know why, but you can try as hard as you want to look serious, go to work, wear a beautiful suit and tie with the face of a French businessman in the period of financiary crisis, if you let yourself go to the festival, your suit will get creased.

You don’t believe anymore in what you used to believe. Pictures do not impose themselves as a reality you shouldn’t deny ; they offer themselves as realities to be dreamt up.

Discussing during the festival allows you the great pleasure to discover that people disagree with you. I can praise a movie as a marvel whereas the person with whom I speak can’t stand it ; and just a moment later, he mentions this other movie, terrific in his mind but which I can’t even remember.

So yes, there is room for all of them : there is no unified vision, no weak consensus. We all agree on this : for a week, our retinas and brains will be seriously shaken.

It is so unlikely that drawings, clay-models, or pixels on a screen become the most important things to focus on during your day. During the screening, we build a house for them in our brains, where they will be able to keep living their lives while we keep going on ours - they are like the neighbours from the floor above : either you love or hate them, you can rarely forget their existence. Ay, I’ve got a toon trampling on my brains on its high heels : what do you do in this case ? Complain to the festival ?

Let’s smooth the suit a bit after all that. In the festival there is no dunce’s cap but if you come to your office with a bunny’s ears you’ll be sure to have an effect !

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