> Mag > Musique > Le retour du roi de la guitare
Il y a quelques noms qui marquent l’histoire de la guitare et Steve Vai en fait partie. Le virtuose de la guitare électrique est de retour pour une tournée mondiale et il était de passage au Transbordeur de Villeurbanne le 26 juin. Un concert où la guitare instrumentale a atteint des sommets de musicalité dans une belle ambiance rock !
Est-il nécessaire de présenter Steve Vai ? Ce guitariste et musicien ne laisse personne indifférent en général, à l’image de sa musique qui est essentiellement instrumentale. Il a commencé à se faire connaître avec Frank Zappa, il a joué avec David Lee Roth, Whitesnake, et collaboré avec d’autres grands groupes et grands artistes. Sa carrière en solo est exemplaire aussi, il a réussi à créer son propre univers musical.
En première partie de soirée (ça commence tôt d’ailleurs, dès l’ouverture des portes à 19h), c’est le guitariste suisse Nicolas Meier (il a notamment joué dans le groupe de Jeff Beck). Nicolas Meier World Group présente l’album Magnificent dans un trio composé d’un guitariste (Nicolas Meier), d’un contrebassiste (Kuba Cywiński) et d’un batteur percussionniste (Demi Garcia Sabat).
La musique est un voyage dans les musiques du monde, une rencontre de différents styles musicaux. Les morceaux joués sont : « Water Lilies », « Princes’ Islands », « Kismet », « Hip ».
Le public déjà bien nombreux a pu apprécier la musicalité et virtuosité de Nicolas Meier et son trio, une musique acoustique et électro-acoustique qui fait voyager. A noter l’utilisation de guitares frettées et fretless, notamment pour faire référence à certaines sonorités d’autres instruments. Parmi les styles musicaux abordés, on peut reconnaître des références à la musique de la Turquie notamment.
Le changement de plateau n’est pas long, et bientôt arrive la tête d’affiche de la soirée : Steve Vai ! La salle est bien remplie, l’ambiance est sympathique et électrique et ça commence fort !
« Avalancha » ouvre de manière puissante et énergique le concert et est issu du dernier album intitulé Inviolate sorti en 2022. « Giants Balls Of Gold » continue dans l’énergie et la puissance rock (Alive In An Ultra World, 2001).
« Little Pretty » permet de revenir au dernier album en date (Inviolate, 2022), tout en originalité. Un bon morceau, mais pas le plus marquant.
« Tender Surrender » est un des morceaux les plus connus de Steve Vai, c’est devenu un classique au fil du temps (issu de l’album Alien Love Secrets sorti en 1995, un des albums les plus inattendus et remarquables de Steve Vai), une belle ballade qui monte crescendo en intensité !
« Lights Are On » est issu de Modern Primitive (2016), album qui permet de comprendre comment Steve Vai s’est inspiré de son mentor Frank Zappa tout en créant son propre univers musical. A noter le solo de basse de Philip Bynoe !
« Candlepower » est un morceau plus calme et en son clair de Inviolate (2022), ça change du style habituel de Vai.
Ensuite arrive le moment où le guitariste et multi-instrumentiste Dave Weiner est mis en lumière pour un joli moment en solo. Belle transition avant l’énorme « Building the Church » (Real Illusions : Reflections, 2005) qui est devenu un des morceaux les plus marquants musicalement et visuellement de Vai avec sa fameuse intro de tapping à deux mains.
« Greenish Blues » est un morceau récent qui est bien mis en avant et qui semble avoir ce qu’il faut pour devenir un futur classique de Steve Vai (Inviolate, 2022). Une belle ballade originale montant crescendo ! « Bad Horsie » (Alien Love Secrets, 1995) est devenu un des incontournables de Steve Vai depuis des années, un morceau pêchu et énergique bien original et puissant.
« I’m Becoming » (Sound Theories, 2007) revient à quelque chose de plus calme et introspectif... C’est parfait pour introduire « Whispering A Prayer » (Alive In An Ultra World, 2001) qui est un des sommets du concert en matière de musicalité, une musique planante et transcendantale.
« Dyin’ Day » (Fire Garden, 1996) revient à quelque chose de plus rock et puissant... Suivi par le moment du solo pour le batteur Jeremy Colson. « Zeus In Chains » est un morceau bien énergique et puissant tout en ayant l’originalité inhérente à la musique de Steve Vai (Inviolate, 2022).
« Liberty » est précédé de quelques mots de Steve Vai qui annonce qu’il va jouer des titres certainement connus par le public... C’est le cas, car ce morceau est celui qui ouvre l’album qui a fait entrer Steve Vai dans la cour des grands : Passion & Warfare (1990, chef-d’œuvre considéré comme un des meilleurs albums de guitare instrumentale, tous styles musicaux confondus).
On reste dans l’ambiance de Passion & Warfare (1990) avec sûrement son morceau le plus connu : « For The Love Of God ». La musique est à l’origine totalement instrumentale, mais on a droit à un début du morceau avec un chanteur ajoutant sa voix dans un style entre rock et musique symphonique. Le chanteur s’appelle Dani G. et portait pour cette occasion un T-shirt du groupe français Gojira ! A noter aussi la présence de Fire Vai, fils de Steve Vai, pour jouer de la guitare sitar.
Le concert se finit avec un tonnerre d’applaudissements... On attend un peu et pour rappel on aura droit à « Fire Garden Suite IV - Taurus Bulba » (Fire Garden, 1996), musique rock et orchestrale de haut vol !
Le guitariste et son groupe ont donc joué des titres du dernier album intitulé Inviolate (très bon album, d’ailleurs, ce qui n’était pas évident après déjà une longue discographie) et aussi des titres issus de différents albums qui ont jalonné la carrière de Steve Vai en solo. La répartition entre morceaux du dernier album et d’autres albums est faite de manière intelligente et intéressante, on sent de la réflexion et de la cohérence dans le choix des titres, leur ordre, les transitions... Et on sent aussi un équilibre, une diversité et une progression logique pour atteindre des sommets musicaux... Ce n’est pas comme certains groupes ou artistes qui ont une simple set-list balayant vite fait le dernier album en cours et proposant ensuite une sorte de best of, c’est plus fin et subtil que ça...
Musicalement, c’est au top avec une musique riche inspirée de divers styles musicaux, le tout dans un univers original et personnel à la fois sonore et visuel ! Steve Vai et son groupe sont des musiciens de grande qualité qui occupent bien la scène et qui ont une vraie présence. Le son est au top, la cohésion du groupe aussi. Steve Vai est bien sûr en avant avec la guitare électrique (il joue sur différentes guitares et en change durant le concert en fonction des sonorités des morceaux), les musiciens qui l’accompagnent forment un groupe uni et cohérent depuis des années avec Philip Bynoe à la basse, Jeremy Colson à la batterie et Dave Weiner à la guitare (pour de la guitare rythmique, mais aussi parfois lead ou solo, guitare électrique ou acoustique, claviers, etc... il est multi-instrumentiste). Visuellement, les lumières sont bien maîtrisées, le grand écran en fond de scène permet la diffusion d’images ou d’extraits vidéo en fonction de ce qui se joue, et c’est bien réussi. Le concert a duré environ deux heures, on n’a pas vu le temps passer.
A 62 ans, Steve Vai n’a pas fini d’étonner et de montrer qu’il a encore beaucoup de choses à dire avec sa guitare ! Un guitariste de légende et un compositeur plus que confirmé !