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Lettre à Momo est un récit naturaliste, et sans aucun doute l’œuvre la plus personnelle et délicate d’un talentueux artiste japonais de l’animation.
Hiroyuki Okiura n’est pas un inconnu des amateurs de cinéma d’animation puisqu’il avait signé un premier long métrage magistral, scénarisé par Mamoru Oshii [1] : Jin-Roh : la brigade des loups, conte futuriste et humaniste à l’intrigue (très) tortueuse.
Depuis sa participation à Akira jusqu’au travail saisissant de réalisme en tant qu’animateur-clé sur Blood, the last Vampire [2], cet animateur porte haut la tradition d’un dessin à la main d’une qualité documentaire. Son admiration pour les grand naturalistes capables de capturer les infimes détails comme Isao Takahata est à la source de son travail minutieux.
Pour son second long métrage, le réalisateur à laissé passer beaucoup de temps et est parti sur une forme traditionnelle de récit (le drame familial). Dans ce film, sur lequel il intervient en tant que producteur, scénariste et dessinateur clé, il aura mis forcément un peu plus de lui même que dans les travaux précédents.
Ainsi, le lieu imaginaire où se déroule l’intrigue est une combinaison de différents endroits de la mer intérieure de Seto où il avait ses souvenirs d’enfance. La sérénité et la magie des lieux transparaît dans la description très précise (et idéalisée) du quotidien d’une petite communauté insulaire, et de ses traditions (bateau-lanternes en paille envoyés vers le large).
Le thème du deuil d’un parent, de la connexion qui peut perdurer avec les disparus, est ainsi abordé avec délicatesse. Le repli de la mère endeuillé qui s’endurcit pour faire face au quotidien est narré subtilement.
Ce sont des créatures fantastiques qui jouent le rôle d’entremetteurs entre le monde de morts et celui des vivants. Les yōkai, créatures folklorique remontant à l’époque Edo sont souvent mis en scène par l’animation japonaise de ces dernières années (le Voyage de Chihiro en est un des exemples les plus frappants).
Ici, ils amènent un ingrédient burlesque par leurs mauvaises manières. Ressort classique de ce genre d’histoire, seuls les enfants et quelques cœurs purs sont en mesure de voir ces êtres qui s’installent sans gêne dans le quotidien de la maisonnée.
Sans surprise ce seront ces créatures qui serviront à déjouer les difficultés et serviront de messagers sous la forme poëtiques de trois gouttes d’eau.