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Nelson Mandela vient de nous quitter ... Bien avant cela, Claude Brozzoni a étudié de près la vie de ce personnage emblématique, dans l’idée de créer un spectacle sur lui.
Claude Brozzoni rencontre Paul Zoungrana en février 2010, dans les locaux de Bonlieu Scène Nationale, chacun y jouant un spectacle. Paul Zoungrana est un comédien et metteur en scène burkinabais. Les deux hommes s’entendent et se comprennent tout-de-suite, ayant les mêmes valeurs humaines et artistiques. Ils décident de monter un projet au long cours, mêlant les deux compagnies, entre la France et le Burkina Faso. Leur première collaboration artistique est une adaptation de L’Iliade, mise en scène par Claude et jouée par Paul.
C’est en répétant L’Iliade que Claude Brozzoni remarque la ressemblance physique entre Paul et Nelson Mandela jeune :
« Nous venions de terminer une séquence dans laquelle Paul chantait en moré, un chant de guerre de son peuple Mossi et prenait à partie
une foule imaginaire. Paul était habillé d’un costume anglais en tweed des années quarante et il était complètement habité par le chant de ses ancêtres. Sur le plateau, il y avait une force, une animalité ancienne, archaïque, qui à travers le souffle et la voix de Paul s’incarnait dans un personnage que je n’avais pas prévu, ni rêvé, ni même espéré. J’étais fasciné par cette parole qui s’incarnait doucement dans un personnage que je connaissais et que j’admire. J’ai eu l’impression d’une vision, d’avoir fracturé le temps et d’être retourné en arrière : sur scène, soudainement était apparu Nelson Mandela jeune, portant une voix pleine d’une grande douceur et d’humanité, mais dans une tenue qui inspirait l’écoute et le silence. J’ai attendu dans mon silence jusqu’à ce que le temps reprenne naturellement le cours de sa route. Alors j’ai dit à Paul : “ Tu ressembles à Nelson Mandela ! L’été prochain, nous irons travailler chez toi, à Ouagadougou et nous
créerons un spectacle sur lui ... ” »
C’est ainsi qu’est née l’idée d’un spectacle autour de la vie de ce grand homme. Mais faire une pièce en partant de l’autobiographie d’une icône, sans que ce soit une pièce historique n’est pas si simple ... Son histoire exceptionnelle, sa force, son exigence, son humilité, ses combats pour tous les hommes quelle que soit leur couleur, son respect et son amour des autres ...
« La réalité de mon travail ne consiste pas à représenter le réel en essayant de jouer à créer un personnage, mais bien au contraire, à s’échapper de la réalité historique, pour à travers la personnalité, le caractère, la vie concrète et aussi secrète de l’acteur, sa psychologie profonde, aller au fond pour atteindre ce qui est commun à chacun d’entre nous, l’espoir ou l’espérance. »
Il fallait donc trouver un axe pour raconter l’histoire de Nelson Mandela et la faire résonner en chacun des spectateurs. C’est finalement en relisant encore une fois la biographie de Madiba que Claude Brozzoni trouve son axe : alors qu’il était en prison, Nelson Mandela a monté Antigone de Sophocle et joué le rôle de Créon. Antigone, héroïne tragique, à la fois plus proche de nous et plus métaphorique ...
C’est ainsi qu’en partant d’un moment historique, la création d’Antigone à la prison de Robben Island, la nouvelle création de Claude Brozzoni « célèbre cet homme dont la vie devrait être un exemple, même extraordinaire, et dont le message est un encouragement à poursuivre son propre idéal. »
En attendant de pouvoir découvrir « Antigone 466-64 » en juin 2014 au théâtre des Haras, Bonlieu Scène Nationale donne carte blanche à la Compagnie Brozzoni et invite le public à découvrir son univers teinté d’Afrique au fil de la saison : lectures conviviales, spectacles, concerts ...
Et pour commencer : la lecture par Claude Brozzoni et Dominique Vallon du texte « Le poids du papillon » d’Erri De Luca, accompagné à l’accordéon par Claude Gomez, samedi 14 décembre à 15h.
Quelque part dans les Alpes italiennes, un chamois domine sa harde depuis des années. Il est d’une taille et d’une puissance exceptionnelles, mais il pressent que sa dernière saison en tant que roi est arrivée, sa suprématie semblant remise en cause par les plus jeunes. En face de lui, un braconnier sait lui aussi que le temps joue contre lui. A soixante ans passés, sa dernière ambition de chasseur sera d’abattre le seul animal qui lui ait toujours échappé, malgré son extrême agilité d’alpiniste ...
Erri De Luca résume dans ce texte sa vision de l’homme et de la nature, parle de la montagne, de la solitude et du désir ...
Lecture de Claude Brozzoni et Dominique Vallon :
« Le poids du papillon » d’Erri De Luca.
Accordéon Claude Gomez.
Tente d’accueil des Haras, entrée libre
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