> Mag > Musique > Matthis Pascaud et Hugh Coltman invoquent Dr John au bord du Léman
Leur album Night Trippin’ rend hommage au musicien iconique de la Nouvelle Orléans, disparu en 2019, et ce soir-là le bayou et son swamp blues ont déployés tous leurs sortilèges à l’Epicentre de Collonges-Bellerive.
Matthis Pascaud, guitariste polymorphe (outre son groupe Square One il collabore avec des artistes aussi différents que Ayọ, Anne Paceo, Marion Rampal, Sly Johnson ou Moonlight Benjamin), et Hugh Coltman, le plus français des crooners britanniques, ont été bien inspirés de se plonger dans le répertoire du Dr John des années 60/70.
Ils en ont tiré un album, Night Trippin’ [1], qui est bien plus qu’une suite de reprises tant les deux amis ont réussi à imprimer la marque de leur talent respectif sur des morceaux issus d’albums très différents du musicien louisianais, en laissant comme lui libre cours à l’improvisation.
Dépouillées, rugueuses, entre rock originel et blues traditionnel, les versions de Matthis et Hugh sont taillées pour la scène [2] et transportent dès les premières notes dans le bayou poisseux de la grande époque.
Chantant dans deux micros au son sursaturé, Hugh est en transe - peut-être possédé par l’esprit de Dr John ? - tandis que Matthis déploie toute la richesse de son jeu à la guitare, avec des solos enfiévrés, épaulé par Pierre Elgrishi à la basse, Karl Jannuska à la batterie et Balthazar Naturel au sax.
Lumières et fumigènes bien choisis complètent à merveille cette atmosphère de club du French Quarter, et l’on oublie complètement qu’on se trouve en réalité sur les rives du Léman.
De « Cha Dooky Doo » à « Loop Garoo » en passant par « Mama Roux » et un « I Walk on Guilded Splinters » incandescent en conclusion, on est totalement envoûté, et le rappel en forme de procession acoustique de Hugh (avec son harmonica) et Matthis à travers la salle laisse le public complètement séduit : c’était « Such a Night » !
[1] Une référence au morceau Gris-Gris Gombo Ya Ya : « They call me Dr John, the night tripper »
[2] L’album a été enregistré avec tous les musiciens jouant ensemble et sans casque.