> Mag > Musique > « Now and Then » : nostalgie inquiétante ?
La nouvelle a fait le tour du monde il y a quelques mois : la sortie de « Now and Then », morceau inédit des Beatles, issu d’une démo de John Lennon et qui a pu être transformé en chanson finie notamment grâce aux deux Beatles encore présents (Paul McCartney et Ringo Starr) et une intelligence artificielle... Le résultat est plaisant, avec une certaine qualité, mais c’est peut-être une chanson surcotée, je vous laisse écouter pour vous faire une idée. Le procédé utilisé avec intelligence artificielle suscite pas mal d’interrogations. Est-ce vraiment un progrès pour la musique ? Risque-t-on des dérives ? Qu’en est-il de la créativité au final ?
La chanson est issu d’une démo inédite de John Lennon chantant et jouant du piano. Grâce aux deux Beatles encore en vie (faut bien dire surtout grâce à Paul McCartney quand même) et à l’utilisation d’une intelligence artificielle, le morceau a pu être finalisé.
Forcément, dès qu’on parle des Beatles, nombreux sont les médias, artistes, et fans qui vont crier au génie quel que soit ce qui est présenté... En essayant d’avoir du recul et de faire abstraction du statut culte dont bénéficient les Beatles, on peut considérer que c’est plutôt une bonne chanson, pas exceptionnelle, pas forcément très originale. Chef d’œuvre, non (il y a bien mieux dans le catalogue du fameux groupe de Liverpool). Au final, une chanson pas mal, correcte, ou bonne selon les uns ou les autres, mais pas fantastique. Est-ce que ce n’est pas un peu surcoté ? Peut-être bien...
On le voit depuis quelque temps, le développement de l’intelligence artificielle est assez incroyable, et on commence à voir des résultats étonnants dans de nombreux domaines qui touchent l’activité humaine. Cela semble remettre en cause aussi pas mal de certitudes et notamment la place de l’artiste dans le domaine de la création. Les artistes sont en danger ? Leur travail est menacé par l’intelligence artificielle ? Est-ce une simple aide ou un simple outil ? Au final est-ce vraiment un progrès ? Beaucoup de questions, beaucoup de doutes, et pas forcément de réponses évidentes à donner.
Les possibles dérives, on commence à les voir et deviner... Dans le domaine de la création, cela menace des emplois, la place de l’artiste dans le domaine créatif, et même la place de l’humain dans ce domaine... La recherche d’une perfection qui n’existe pas ne va-t-elle pas aboutir à une espèce d’uniformisation de créations pseudo-parfaites et froidement créées par des intelligences artificielles, logiciels ou robots ? La créativité risque d’en prendre pour son grade...
Les dérives économiques sont perceptibles : ne va-t-on pas proposer de plus en plus d’œuvres d’artistes disparus sans se soucier d’authenticité en utilisant une intelligence artificielle censée pouvoir créer comme eux et à leur place ?
On va résumer ça de façon simple : la créativité d’une intelligence humaine n’est pas la créativité d’une intelligence artificielle. Ce ne sera jamais exactement pareil. Les imperfections, les imprévus et les découvertes liés à la créativité humaine ne peuvent pas être totalement retranscrites dans une intelligence artificielle, cela se comprend par définition et par essence.
Si on veut sauver la créativité de l’intelligence humaine, il faut contrôler et maîtriser l’utilisation de l’intelligence artificielle.
La nostalgie en elle-même peut être inquiétante ou pas, c’est selon les points de vue. Par contre, les conséquences de la nostalgie peuvent être inquiétantes si elles consistent à chercher à créer de manière synthétique et artificielle au nom du business et du marketing des œuvres soi-disant authentiques alors qu’elles ne le sont pas. Affaire à suivre. Wait and see...