Dans le roman d’Alexis Ragougneau, Opus 77 nous rencontrons une famille de musiciens classiques : les Claessens. Lors des funérailles du père, ex-pianiste et chef d’orchestre, sa fille Ariane pianiste émérite joue Opus 77, une œuvre de Chostakovitch écrite pour violon et orchestre.
Passé l’étonnement dans l’assistance, la musicienne ici narratrice nous raconte alors l’histoire de cette famille douée mais déchirée par la compétition et la pression.
Nous découvrons également pourquoi l’œuvre de Chostakovitch jouée lors de la cérémonie religieuse tient un rôle central et déterminant dans la destinée des protagonistes…
J’ai aimé ce roman qui nous invite à pénétrer dans ce milieu très fermé et très exigeant de la musique classique. Des premiers pas des jeunes musiciens au lent déclin du maestro, le parcours des différents protagonistes est semé d’embûches et de succès. Si l’on ajoute à cela, la notoriété du père, le mutisme de la mère ex-cantatrice, les deux enfants brillants dont l’un des deux par provocation ne cesse de se saborder devant le père, l’humilie au passage et disparaît des écrans radars pour se réfugier dans un bunker en Suisse ; nous avons là un portrait de famille complètement névrosée…
Tout est très bien dépeint : la pression des concours et des concerts, les enregistrements, les contrats, le microcosme sans pitié des fins connaisseurs de musique classique et l’histoire édifiante de Chostakovitch…Mais surtout comment trouver sa place, s’affirmer dans une famille où chacun excelle dans son art et s’affranchir de la figure du père tout puissant ?
Un excellent roman sur la musique que je conseille fortement même si l’on ne connaît pas bien le classique.
Article publié précédemment sur Booktonlivre