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Parmi les étoiles

mercredi 13 janvier 2016 par Jean-Pierre Biskup rédaction CC by-nc-sa

Chronique

David Bowie est donc parti vers les étoiles où son talent brillera pour toujours. Les réactions et hommages suite à la nouvelle de sa disparition montrent à quel point l’artiste est grand et complet dans sa large vision artistique dépassant le champ musical. Il a également su faire ses adieux en délivrant un superbe et dernier album : Blackstar.

David Bowie est donc parti le 10 janvier 2016… Et il laisse une planète attristée par cette nouvelle, mais qui peut s’estimer heureuse de l’avoir accueilli le temps d’une vie bien remplie. Sa carrière a été longue et riche, avec mille visages, un vrai caméléon pop et rock. L’artiste est bien plus qu’un chanteur, il est musicien, compositeur, mais aussi producteur et acteur. Il a touché à différentes disciplines artistiques et a une grande culture. Il a une vision artistique large, il est un artiste total accordant autant d’importance au visuel et au sonore.

On ne peut que rendre hommage à cet artiste complet, artiste total, dont le rayonnement dépasse largement la musique et même l’art. Un artiste qui prouve aussi que la musique peut changer le monde, il n’y a qu’à voir la réaction officielle de l’Allemagne à l’annonce de sa disparition (le pays le remerciait d’avoir aidé à faire tomber le Mur de Berlin, ce n’est pas rien…). Un artiste qui est une source d’inspiration et un exemple. Un artiste qui n’a pas eu peur de s’affirmer et de prendre des risques. Son œuvre est riche, diverse, audacieuse.

Personnellement, j’ai eu la chance il y a un certain temps de pouvoir échanger quelques messages avec Reeves Gabrels qui est un fabuleux guitariste qui a longtemps travaillé avec David Bowie, et j’aurais pu rencontrer Gerry Leonard qui a également accompagné David Bowie (c’était lors de ma rencontre avec Suzanne Vega, Gerry Leonard l’accompagnait en tournée). En écoutant ces guitaristes, je pensais forcément à David Bowie, qui a toujours su bien s’entourer artistiquement, et à son univers à la fois musical et visuel. Et j’ai pu alors me rendre encore plus compte du caractère exceptionnel de son œuvre.


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Intéressons-nous à sa dernière œuvre : Blackstar. Avec un peu de recul, on a donc l’impression que l’artiste préparait son départ, sachant sa destinée… Il a donc soigné sa sortie avec un album grandiose, un de ses meilleurs albums depuis longtemps, au final un des meilleurs de sa carrière. Cette situation me rappelle un peu celle du dernier album Innuendo de Queen avec Freddie Mercury (un ami de David Bowie, souvenez-vous du morceau en duo « Under Pressure » présent sur Hot Space), là aussi un album aux allures d’au revoir et de testament, un très bel album et un des plus marquants du groupe anglais.

David Bowie nous livre donc un cadeau d’adieu. Pas de pathos, pas d’émotion feinte dans cette œuvre belle et digne du talent de son créateur. À la fois beau, grandiose, sombre et étrange, Blackstar est à la hauteur de l’apport artistique de David Bowie à la planète, on sent toujours une puissance, une émotion, une créativité avec une prise de risques et de l’expérimentation. Et toujours de la classe.

Sept titres sont proposés pour un album d’environ quarante minutes qui peut s’écouter d’une traite sans s’ennuyer…

« Blackstar » ouvre l’album et est choisi pour le faire découvrir à tous, avec une musique riche, sombre et osée à l’image du clip qui l’accompagne, et tout cela pour environ 10 minutes, ce qui montre bien que les formats habituels peuvent être dépassés ! On remarque aussi la place importante du saxophone qu’on retrouvera tout au long du disque.

« ’Tis a Pity She Was a Whore » confirme ce qu’est l’album : une œuvre à la fois sombre, inquiétante, belle et étrange, où se rencontrent mélanges de styles et expérimentations notamment entre soul, jazz et electro pour dépasser le simple rock ou la simple pop.

« Lazarus » montre là-aussi un côté inquiétant et angoissant à travers une musique et un clip avec la présence d’un David Bowie semblant affaibli mais prêt à donner tout ce qu’il a encore.

« Sue (Or In a Season of Crime) » a un côté plus lancinant, hypnotique, mais ça reste tout aussi barré et intéressant musicalement.

« Girl Loves Me » revient à quelque chose de plus apaisé en apparence, avec une pop sophistiquée, une voix claire et des cordes, mais toujours des expérimentations sonores intéressantes.

« Dollar Days » commence avec une certaine douceur entre claviers et saxophone. Peut-être le morceau le plus apaisé et aux allures les plus pop de l’album.

« I Can’t Give Everything Away » s’annonce comme la fin de l’album dès les premières mesures avec un côté grandiose et une pureté mélodique...

Sublime. Il y a des artistes qui réussissent à sortir de manière majestueuse, David Bowie en fait partie.

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