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Parque Lenin

mercredi 29 avril 2015 par Iris Petit rédaction CC by-nc-sa

Chronique

Parmi les nombreux films qui circulent dans le fameux festival de Nyon ; Visions du réel, Parque Lenin et l’un des films qui restera après cette semaine riche et intense.

Montage alterné, un homme filmé de dos dans un champ de neige, deux jeunes dans l’eau turquoise des pays chaud. Voilà comment commence le film, le contraste est déjà énoncé, nous allons divaguer entre deux mondes.
Dans la vie de cette fratrie, deux frères et une petite sœur. Antoin, le frère ainé est parti de Cuba pour faire des études de chant lyrique en France. Le film va à la rencontre de ces trois personnages pour explorer et révéler ce qu’ils ont de plus beau à offrir.


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La caméra trouve parfaitement sa place, les protagonistes la tolèrent complètement jusqu’à vouloir jouer avec elle. Karla, la petite dernière se révèle comme une grande actrice. Les personnages sont en harmonie avec la caméra. On les voit également évoluer dans des plans ayant été filmés des années plus tôt, les informations sont toujours amenées avec délicatesse et respect.

Les liens qui unissent et séparent cette fratrie se font ressentir avec justesse et c’est là une des forces de ce projet. En opposant constamment ces deux mondes sans jamais porter de jugement, avec un montage qui devient malheureusement presque trop mécanique à quelques moments dans cette logique de contraste.

Les ellipses permettent également de donner une tonalité à toute cette histoire, le film ne tourne pas en « success story » pour Antoin qui laisserait son frère et sa sœur dans la misère tragique et le même quotidien minable. Le rapport est plus nuancé que cela, et le film a cette intelligence de retourner les situations. On arrive même à se demander qui est le plus malheureux de tous finalement. Car Antoin reste malgré tout seul isolé, investi dans sa carrière.

Les réalisateurs soulignaient les différentes manières qu’ont les protagonistes de s’inscrire dans le monde.
D’abord, avec Antoin qui est toujours à se projeter, constamment plongé dans le futur. Ensuite son frère, Yesuan qui lui, au contraire, est figé dans le passé ressassant des principes arrêtés plutôt machiste dans une mouvance Cubaine dominante. Et enfin, la petite Karla qui est celle qui vie le plus dans le présent, toujours dans l’instant, ancrée dans son temps en interaction avec son monde. Elle devient le personnage qui évolue le plus considérablement et se rapproche d’une manière très surprenante du public. Des liens se tissent entre elle et nous. D’un naturel et d’une fraicheur incroyable.


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On ne peut s’empêcher de penser à cette scène où elle joue à lire l’avenir de Yesuan dans les cartes et où elle prend totalement la situation en main, faisant preuve d’une grande malice et lucidité.
Ce triangle représente donc ensemble le passé, le présent et le futur. Ces vies se retrouvent unies que très rarement grâce à la voix et aux paroles d’Antoin. On repense à sa difficulté pour chanter « je t’aime » qui résume d’une belle façon la situation.

Le film va plus loin encore, il explore un autre aspect de ces personnages, il va doucement se rapprocher des points sensibles qui déchirent cette famille jusqu’à en extraire gentiment la sève. Yesuan évoque ainsi le deuil récent de leur mère, le départ brutal de son frère et la dernière journée magique qu’ils ont passée tous ensembles la veille de ce départ. On a aussi le droit à la version de Karla sur cette journée qu’elle raconte avec son talent d’actrice déployé face à l’objectif.

Ce film m’a touché par sa sincérité et sa justesse, on aimerait toujours parvenir à une telle complicité avec ses sujets quand on réalise un film, celui là a trouvé sa vérité. On oubliera néanmoins la fin anecdotique après le générique qui vient rompre cette réussite mais que l’on accepte comme un cadeau pour les protagonistes de la part des réalisateurs.

Réalisation : Carlos Mignon Itziar Leemans

Portfolio

Co-réalisation et prise de son Réalisation, chef opératrice Montage et post-production

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