> Mag > Vie Culturelle > Pas un théâtre antique, pas un théâtre en toc
Pour cette saison, hors les murs comme chacun sait, BSN (Annecy) innove et crée de toute pièce un théâtre démontable de plus de 500 places, avec tout le confort. Un concept novateur puisque c’est le premier de ce type en France.
Gildas Burille (directeur technique) et Salvador Garcia (Directeur général et artistique) ne peuvent pas cacher leur satisfaction lors de la présentation à la presse du Théâtre des Haras. Ils peuvent en effet être fiers.
Créativité, technique et énergie de leurs équipes sont en train de réussir ce que le Théâtre national ambulant de Firmin Grimier avait tenté en 1911 sans y parvenir : un théâtre provisoire, démontable.
Pas un vulgaire chapiteau, bruyant sous la pluie, plein de vents coulis, étudié pour spectacle circassien et hâtivement transformé. Non, un vrai théâtre, dans lequel le spectateur une fois entré oublie tout pour se concentrer sur le spectacle. Un lieu aussi où les artistes disposent de toutes les commodités nécessaires à leur confort : loges, toilettes, douches, espace de convivialité, cuisine…
Et ce genre d’équipement, ce n’est pas rien : scène, coulisses, côté cour et côté jardin, cintres, avant-scène, plateau, salle, grill, pendrillons, rideau, rampe, insonorisation et sonorisation, fauteuils, éclairages, foyer, régie, etc, etc. C’est technique, un espace de représentation.
Bonlieu a apporté l’expertise de tout son personnel, spécialement de ses régisseurs, et s’est associé à l’entreprise Spantech leader dans le domaine des constructions démontables : résultat, le bijou n’a coûté que 350 K€, ce qui est extraordinairement peu ; Spantech ayant flairé un gros bizness en retour avec tous les théâtres construits dans les années 70 et qui doivent aujourd’hui être refaits. Ce qui devrait provoquer un grand nombre de saisons “hors les murs“ un peu partout. D’ailleurs, avant même d’être terminé, ce “théâtre démontable“ est presque déjà revendu.
Garcia conclut sobrement : “plutôt que de jeter le budget de fonctionnement par les fenêtres, il était plus sage d’investir.“
La surprise, c’est que cette structure appartient bel et bien à BSN en propre et non pas aux collectivités territoriales. Anticipant la lourdeur des financements publics, c’est comme entité indépendante que l’association a emprunté, provisionné et réussi — dans les temps — ce formidable tour de force. Le budget de fonctionnement reste celui des années précédentes et pas un sou d’argent public supplémentaire n’a été octroyé, en tous cas pour l’instant. C’est ce qu’on peut appeler de l’intelligence artistico-économique..
Des simples tréteaux du théâtre forain aux extraordinaires machineries des opéras, elle en a fait du chemin la scène de théâtre : antique, grec ou romain, puis élisabéthain, espagnol, à l’italienne. Va-t-on désormais parler de “scène démontable“ Bonlieu-Spantech ? De théâtre Annécien ?
Il faudrait d’ailleurs songer à trouver un nom à ce nouveau concept : Démontable ? Réutilisable ? Transportable ? Mobile théâtre, comme on dit mobil home en anglais ?
Quand elle sera démontée, le parc des haras retrouvera sa paisible apparence première. Et BSN son grand théâtre de Bonlieu. En attendant, le spectacle continue.
Descriptif technique de la salle :
35 mètres de long
25 mètres de large
11 mètres de haut
Gradins fixes
Isolation phonique et thermique
Chauffage et climatisation
Scène de 17 mètres d’ouverture pour une profondeur de 16 mètres (environ la scène de Bonlieu)
50% de la surface pour le spectacle, 50% pour les spectateurs, une proportion idéale.
L’éveil du Printemps de Omar Porras