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Premier jour de festival

mardi 5 juin 2012 par Franz Narbah rédaction CC by-nc-sa

Hier, premier jour de festival, ambiance. Hallebardes de festivaliers, rideau de pluie qui se lève. Tout commence comme chaque année par la course aux accréditations, puis la chasse aux billets. Puis les nuées se dissipent et des “culottes de gendarme“ apparaissent. Le soir je ne sais pas : j’ai décidé que j’étais du matin. Vous verrez ça avec mes camarades.

Cela va faire quelque chose comme cinq ou six ans, peut-être plus, que je n’ai pas pu suivre le Festival International du Film d’Animation d’Annecy. Mais cette année, c’est décidé, je m’accroche, je prends le Mickey par les cornes. On m’a fait la gentillesse de m’octroyer le privilège d’une accréditation presse, Je vais tenter un regard sur ma ville comme si j’y étais étranger, invité venu d’un pays lointain.

J’arrive vers 9h du matin sous une pluie battante.

Je vais au bureau de presse et j’apprends vite fait à me servir du site de réservation, je prends un billet pour 14h, je commence à me sentir en main.

Je vais à la salle de presse et l’escalator est arrêté, dans le sens de la montée, évidemment.

Je pensais être perdu, trouver de nombreuses choses changées : et bien finalement : pas trop. Je retrouve L. photographe de la Tribune, qui me présente à deux autres photographes de grands médias, avec des objectifs aussi chers qu’ils doivent être lourds. C’est du pro.

En bon roi des flous, j’exhibe mon petit Coolpix. Je dis : “moi aussi j’ai un Nikon“. On rigole et on va boire un café à BD Fugue. Robi est aux commandes au milieu des piles de BD ultra luxe, des figurines, des tirages limités… ça va bouillir. Une vraie taverne d’Ali Baba, un très beau débit de BD.

Je regarde et photographie un peu les arrivants. Tout se passe bien, pas de rouspétance, pas de bousculade. C’est beaucoup mieux organisé que dans le temps.

Moins de toons et de sacs à dos, pas mal de cybers, plus de chevelures blanches et de lunettes en or. Des bedaines.

Tout le monde est plus ou moins plongé dans des sortes de boites plates blanches ou alu de tailles diverses avec une pomme sur le couvercle. Même moi j’en ai une !

On sent que le cinéma d’animation n’est plus seulement affaire de dessinateurs échevelés et que le virtuel est passé par là. Le gros bizness aussi.
Mais l’ensemble reste bon enfant.

Comme c’est la dernière manifestation à Bonlieu avant les grands travaux qui doivent commencer juste après, on ne retrouve presque pas de visages connus et il y a quelques costumes cravates anachroniques qui respirent leur service de sécurité cherchant à passer inaperçu. Pour le coup, c’est raté ! On dirait qu’il y a des Dupondt un peu partout !

Je rencontre P. qui accepte de me donner ses impressions au jour le jour. C’est une magnifique silhouette barbue en costume de velours, et il est pratiquant du festival depuis plus de vingt ans.
Il me parle des échanges de billets où il s’est fait rouler par des jeunes. Ils lui ont échangé un billet pour un film contre un autre. Seulement lorsqu’il a regardé le morceau de papier qu’ils lui avaient mis dans la main, ce n’était pas du tout le film qu’ils lui avaient promis. : “Celle là on ne me l’avait jamais faite ! Mais comme ils ne parlaient pas bien français“, dit-il philosophe.

14h, je vais à ma première séance de courts métrages en compétition. Je ne parle pas des films, promis, je n’y connais pas grand chose. Mais de très belles images, des univers très techniques, des couleurs magnifiques, et beaucoup de bruit. Le son est globalement trop fort.

Je prends une photo de l’écran parce que c’est interdit, que c’est rigolo et que ça ne sert à rien. Le soir je ne vais pas à la soirée d’ouverture car je n’ai pas d’invitation. Je m’y suis pris trop tard. Mais le film de Patrice Leconte, je le verrai plus tard en salle.

Je ne vais pas me suicider pour ça.

Le premier jour, c’est toujours comme ça : il faut prendre ses marques.

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