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Gypsy Lyon Festival

Prouesse d’Amours

lundi 28 mai 2012 par Aurélie Gravallon Combier rédaction Copyright

Ce n’est plus l’émotion qui dirige, c’est la justesse, la performance, la précision...

« Demandez le programme ! » Ce soir, c’est le grand soir !
Flamenco, Jazz Manouche ....
Des surprises, et quelle surprise ?

Samedi 26 mai. Journée la plus chaude de la semaine. 27 degré à l’ombre. L’esplanade du Gros Caillou s’anime pendant que toute l’équipe du Gypsy Lyon Festival s’affaire chaudement à orchestrer les déambulations musicales de Zelmer K, rue d’Austerlitz et les comptines cristallines de La Petit’Famille sur la place Bertone ; on monte la scène dans une humeur gaie, bon enfant et solidaire ; les banderoles viennent épouser les montants des buvettes, éclairer les projecteurs, habiller les stands, arrondir l’espace. La ville s’éveille. Les musiciens défilent sur les planches. On peaufine le son, la lumière. On trépigne. On prend ses marques. La tension monte. L’ambiance s’électrise jusqu’à ce qu’en fin de journée, la foule vienne donner le ton.

Ce soir, c’est le grand soir !

La dernière soirée d’un festival qui n’aura eu cesse de surprendre tout au long de la semaine autant par la qualité, l’originalité des concerts que par l’engouement qu’il a créé ; une soirée très attendue qui débute au rythme du flamenco avec la prestation de Forasteros telle une tragédie d’amours avec ses peines et ses joies ; un flamenco loin du folklore, des paillettes, des clichés castagnettes et mantilles, toute la force d’un jeu amoureux qui séduit ; le savoir, la maitrise d’une danse qui se déploient dans l’ombre des palmas, d’un chant clair-obscur. Majestueux et flamboyants, poétiques, dramatiques, Maria et Jorge hypnotisent, scandent et captivent ... ce n’est plus l’émotion qui dirige, c’est la justesse, la performance, la précision, une volonté, . Tous les musiciens sont au taquet. Si certains avaient encore des doutes sur la puissance, le sens et l’origine de la musique tsigane, dès les premières notes, les silences sont éloquents. Les applaudissements unanimes. Les esprits comme les yeux s’émerveillent et les extraits sonores de l’exposition d’Audrey Michel sur les conditions des Roms ne font qu’ajouter à la révélation : la réalité farouche de tout un peuple, d’une musique, d’un style.

« Ce soir on est tous gitans ! », on entend ici et là. « On est tous gitans. On est tous hommes, femmes, on est tous Roms, on est tous tsiganes, on est tous manouches... on est tous sous le charme ». Sous le charme d’une passion. Sous le charme d’une ambiance. Sous le charme d’une complicité intense et d’un sentiment fort d’appartenance. Le public, les musiciens sont en parfaite accointance. Dès son entrée, Unicum Orchestra n’hésite pas à bouleverser la cadence, saturer les couleurs sans emphase, un brin mélancolique, une piquant qui titille, qui comprime, distille et libère. Costumes, chemises bariolées... un son de fanfare au goût insaisissable, festif, mélodieux. Clarinette, accordéon, saxophone, trompette, cajon... une expressivité taquine qui donne des frissons, qui oblige les plus réfractaires à se trémousser, à se balancer, à bannir le mot « timidité » ; un vibrato profond qui donne le la aux Doigts de l’Homme encore plus téméraires et énergiques qu’à leur habitude. Une mise en scène visuelle et réactive.

La scène est transcendée.

Benoît, Olivier, Tanguy, Yannick luttent, susurrent ...Ballade, Swing, ... De Django en passant par Gainsbourg. Indifférence, Old Man River, Camping Sauvage a Auschwitz, le poinçonneur des Lilas. Un ton effréné. Laconique. Frappé... Blue skies, Joseph Joseph.

Du réalisme au surréalisme, jusqu’au bout de la nuit... On danse. On s’amuse. On oublie. On rit. Un nouvel élan se dessine. Dj Soumnakai n’a plus qu’à cueillir et parachever. Une véritable délectation pour les noctambules. Le festival atteint son acmé. L’apothéose d’une semaine, d’une année, de trois années d’existence, qui n’a désormais plus rien à prouver, juste ... vivre.

Longue vie au Gypsy Lyon Festival !

  • Gypsy Lyon Festival :
    le samedi 26 mai 2012 Esplanade du Gros Caillou

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