> Mag > Cinéma > Qui veut la peau de Vincent ?
Le projet Loving Vincent se veut le premier long métrage d’animation réalisé en peinture, et porté par des producteurs aguerris et des partenariats culturels et mécènes.
Quand un projet est à ce point « officiel » et commémoratif, on sent qu’il est couvé avec une attention méticuleuse par la production. Lors de la projection au Cinéma Novel, quelques personnes sur le côté de la salle ne semblaient là que pour scruter les réactions, sonder la réception du public présent dans la touffeur non conditionnée du cinéma de quartier. Preuve s’il en est que la réception d’une avant première à Annecy est vue comme un baromètre important pour la carrière future d’une œuvre.
La technique bien évidemment se situe au cœur du discours (promotionnel) de ce long métrage. Car une fois envisagé de créer un film d’animation tout en peinture, il a fallu réunir les conditions concrètes de la réalisation d’une telle œuvre.
La phase initiale d’essais de techniques retenues a été assez longue, et a donné lieu au développement d’un matériel au maniement simplifié pour que les peintres puissent agir sans entrave. Pour une partie des séquences, il s’agissait de peindre en superposition d’images des acteurs qui incarnaient les personnages et sujets des toiles. La tâche ainsi partiellement simplifiée n’en restait pas moins colossale.
Un quart des 500 peintres initialement motivés par le projet ont finalement été retenus et les différences stylistiques de ces différents artistes ont du être lissées pour en permettre l’animation. Un superviseur avait pour rôle de s’assurer de l’homogénéité de l’animation obtenue.
Des question très concrètes comme le temps de séchage ont créées des difficultés pour lesquelles il a fallu retrouver des tours de main parfois ancien. Mais tout cela n’est finalement que de la cuisine interne et c’est plutôt au résultat qu’il convient de s’intéresser.
Afin que le film soit autre chose qu’une succession démonstrative, il convenait de pouvoir lier les séquences par un fil narratif. La trouvaille était de choisir les différents personnages et lieux peints par l’artiste et de les faire interagir dans une intrigue d’enquête.
Chaque séquence commence par une image directement tirée d’un tableau, pour ensuite s’animer.
Ainsi le jeune Armand Roulin, sujet de certaines toiles du peintre néerlandais est le héros et fil conducteur de l’histoire ; missionné par son père facteur pour retrouver le frère du peintre défunt et lui remettre sa dernière lettre. Cette mission l’amène sur les lieux qu’a fréquenté Vincent Van Gogh avant sa mort, et se prenant progressivement d’intérêt pour cette histoire, à en questionner les différents protagonistes.
Ces interlocuteurs sont eux-même les sujets de portraits — souvent très connus— qui prennent vie et dont la confrontation des dires livre par petites touches une vérité possible. Des hypothèses récentes autour de la fin de vie du peintre et des nombreuses lettres échangées avec son frère sont donc les matériaux principal du film.
Image emblème de cet article, l’acteur Douglas Booth peint à la manière dont Van Gogh avait portraituré Armand Roulin.