> Mag > Musique > Zaho de Sagazan, la modernité poétique
Pour l’ouverture du festival ce jeudi 27 juin, les Estivales en Savoie ont frappé fort en invitant Zaho de Sagazan, quadruple primée aux dernières Victoires de la Musique. Le moins qu’on puisse dire c’est que cette jeune auteur-compositeur-interprète, bien dans son époque, a été à la hauteur du moment.
Quand on se rend au concert d’une nouvelle artiste qui a été la sensation des dernières Victoires de la Musique, on part souvent avec des a priori : est-ce que les récompenses sont vraiment méritées ? Est-ce un phénomène monté en épingle par les médias ? Le mieux est d’aller voir sur place pour découvrir en live celle qui a obtenu 4 Victoires : révélation féminine, révélation scène, meilleur album et meilleure chanson originale pour « La symphonie des éclairs ».
Avant de parler du concert lui-même, il faut préciser qu’elle n’est pas seulement une chanteuse à la voix singulière mais que c’est aussi elle qui a écrit et composé l’album sur lequel elle a posé le clavier et fait les chœurs et la programmation.
Si elle a toujours baigné dans un milieu artistique, c’est à 15 ans qu’elle poste ses premières reprises et compositions. Son premier titre « La déraison » sort en 2022 et son premier album La symphonie des éclairs en mars 2023.
Revenons à cette soirée des Estivales. À un peu plus de 19h30, la queue des fans s’étire du Château au lycée Vaugelas. Il y a une forme d’excitation, beaucoup de sourires, et forcément des déçus pour ceux qui n’auront pu entrer.
Et dans la cour se trouvent beaucoup de familles, des habitués des concerts et aussi des artistes de la région. C’est la foule des grands jours. Quand Zaho de Sagasan arrive juste derrière ses musiciens, une clameur s’élève pour l’accueillir. Sourire et simplicité de l’artiste qui s’installe au clavier. Sa voix s’élève et on est vite pris par son intensité, par ce son assez grave pour une aussi jeune femme. Elle capture tout de suite l’attention. Je suis, dès le début, agréablement surprise. La voix est particulière, envoutante. L’artiste chante avec une réelle intensité, se racontant ou racontant la genèse de ses chansons, se dévoilant à un public conquis. Les chansons s’enchainent. On découvre une jeune femme forte et fragile, avec des doutes.
Zaho n’hésite pas à aller vers son public. Au tout premier rang, une très jeune fille porte un panneau où il est écrit « Je rêve : chanter avec toi la symphonie des [dessin de nuage avec des éclairs] ». Pendant cette chanson, la chanteuse va descendre dans la fosse et réaliser le rêve d’Athénaïs. Elle n’hésitera pas non plus à aller vers les autres et même à traverser la foule jusqu’à la zone PMR pour saluer le plus de monde possible.
Arrive un moment qui va durer assez longtemps pendant lequel Zaho de Sagazan invite le public à danser sans se soucier du regard des autres. Elle-même danse, se libérant au son d’une musique électro. Ses musiciens très complices mènent la danse.
Le concert se termine sur une chanson de Brigitte Fontaine qui lui va vraiment très bien.
Finalement, à ma grande surprise, Zaho de Sagasan m’a entraînée avec elle, convaincante aussi bien en tant qu’interprète qu’en tant que « bête de scène » généreuse avec son public. À une époque où beaucoup de groupes jouent en live en regardant leurs chaussures et en ne communiquant qu’entre eux, cela fait du bien. Zaho est une jeune femme moderne, pur produit de son époque qui ne renonce ni à être forte, ni à être fragile, qui s’affirme en dehors des conventions, un feu couvant sous ce qui peut apparaitre par moment comme une certaine froideur.