> Mag > Musique > Slift à Annecy vu par Radio Erdorin
La venue de Slift à Annecy constituait une date à ne pas rater… mais pour laquelle notre magazine n’avait finalement pas de rédacteur disponible. De l’échange autour de cet article manquant est née l’idée de relayer le post consacré à cette soirée par le blog helvète Radio Erdorin, repère notoire d’amateurs de « rock et metal progressif, science fiction, jeu de rôle et divagations de vieux gauchiste ». Un blog où vous trouverez une quantité énorme de chroniques et compte-rendus. Un grand merci à Stéphane dont nous reproduisons l’article ci-dessous. NdR
Ce samedi 28 septembre, il y avait le CrabCore Fest, pas loin de chez moi. Certes, mais il y avait aussi Slift à Annecy. Du coup, désolé les gars, mais un concert du groupe bien parti pour être mon album de l’année 2024, ça écrase un peu tout…
Annecy, c’est pas loin de Genève. Genre 45 kilomètres. Sauf qu’en termes de train, ça veut dire une heure et demie. Pas grave, j’aime bien le train. Sauf que la SNCF dit « hop ! car de remplacement ». J’aime pas le car. Grmbl. En plus, il fait un temps exécrable.
Mais bon, le temps de poser le bazar excédentaire à l’hôtel et c’est parti pour le Brise-Glace. J’étais déjà venu dans cette salle en 2015, pour God Is an Astronaut. Cette fois-ci, j’ai un pass photo ; comme quoi j’apprends.
Le Brise-Glace est une salle hybride : elle est plutôt grande, mais est à moitié constituée de sièges, pour une jauge totale d’un peu moins de 500 places. Elle est visiblement prévue pour accueillir des concerts, mais aussi du théâtre, avec même un rideau. C’est en plus une association qui propose pas mal de facilités (studios, locaux de répétition) pour les groupes locaux. Le bar a également une sélection de produits locaux et régionaux, ce qui est plutôt cool.
Et à 20 h 30, c’est L’Orchidée Cosmique qui lance le bal. Il s’agit d’un one-man-band avec une basse, des synthés, une radio, une batterie enregistrée et un milliard de pédales d’effets. D’ailleurs, le musicien fait régulièrement le grand écart entre ses racks. Musicalement, c’est un assez curieux mélange entre post-rock et électro, qui me rappelle un peu Aucan.
C’est très planant ; pas mal conceptuel aussi. Et, pour tout dire, je me pose quelques questions sur pourquoi tous ces effets. Plus tard, le musicien m’avouera qu’il y en a beaucoup qu’il n’utilise pas. Ça peut paraître anecdotique, mais en live, ça donne un peu l’impression qu’il joue plus pour son équipement que pour le public. Ça reste une très bonne entrée en matière, avec un set plutôt court (25 minutes).
Le rideau tombe sur la scène pour une petite demi-heure et Heeka monte sur scène vers 21 h 30. C’est un quatuor, aussi originaire de Toulouse (comme Slift), qui entame un set très contrasté. Emmené par une chanteuse-guitariste, il offre une coloration plutôt blues, mais qui passe de l’introspection mélancolique à l’explosion d’énergie sans prévenir.
J’avoue que c’est moins mon style, mais j’apprécie tout de même le côté très pêchu de leur musique. C’est le genre de groupe qui propose des trucs classiques, mais avec quelques pointes d’originalité -– comme quelques passages post-rock -– et surtout beaucoup d’énergie et d’enthousiasme. Heeka joue environ 45 minutes et le groupe, visiblement très content d’être là (ça s’est vu), termine son set par un très impressionnant morceau a cappella.
Et il est 22 h 45 quand Slift arrive sur une scène épurée… et noyée sous une projection vidéo turbo-psychédélique. Ce n’est pas seulement une projection, mais la création d’un VJ qui trafique des signaux en direct. Disons-le : c’est impressionnant. C’est aussi la mort assurée pour mes photos.
Mais en vrai, on s’en tape parce que Slift. Le power-trio attaque tout de suite en mode supersonique -– au sens propre comme au sens figuré. Il commence par enfiler les pistes d’Ilion, avant de passer sur ses précédents albums, puis de revenir au final vers Ilion. Ce qui me permet au passage de constater que, si je connais mal les précédents, je préfère quand même nettement le dernier.
Par rapport à la version album, on perd clairement en subtilité ce que l’on gagne en intensité. On peut peut-être le regretter, mais Slift joue en mode full-patate-plus-douze et, sur scène, tous les potards sont à coin. Le public s’en prend plein les yeux, plein les oreilles. Ça tombe bien : on était un peu venu pour ça. Le défaut, c’est que, tout devant, on n’entend quasiment pas les voix.
Cela dit, tout devant, je n’y reste pas trop longtemps. D’abord à cause de la règle « trois chansons » des photographes (ce qui, dans le cas de Slift, peut potentiellement dire « trente minutes »), mais aussi parce que, très rapidement, la fosse commence à ressembler à un accélérateur de particules, avec plein de gens très excités à la place des particules. Ça pogote massivement, ça crowdsurfe et ça stagedive, même. Cela dit, une fois relocalisé à côté de la régie, le son est nettement plus propre et ça me permet aussi de voir le VJ au travail.
Slift va jouer environ une heure et quart –- à peu de choses près la durée d’Ilion -– et les lumières de service se rallument un peu après minuit. Le temps d’aller piller le merch et de papoter avec quelques personnes, il est temps pour moi d’aller grapiller quelques heures de sommeil avant de reprendre le train -– un vrai train, cette fois-ci -– vers mes pénates.
En conclusion, même si j’aurais aimé plus d’Ilion (« Confluence » et « Uruk », notamment), ce concert confirme tout le bien que je pense de Slift. Non seulement leur album est excellent, mais en concert, c’est une expérience d’une intensité rare. Au reste, le public ne s’y est pas trompé et le Brise-Glace était bien rempli –- si pas sold-out, pas loin.
Vous pouvez trouver les quelque photos que j’ai réussi à sauver du carnage sur la traditionnelle galerie Flickr. Et, bien entendu, le live-report en vidéo ci-après.
Cette article est initialement paru sur le Blog à part, venérable maison fondée en 2002, vous le trouverez à cette adresse :
https://erdorin.org/lorchidee-cosmique-heeka-slift-a-annecy/