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Sommets soniques avec l’ensemble Batida et les Young gods

mercredi 27 octobre 2021 par Tom Rad-Yaute rédaction CC by-nc-sa

Compte-rendu

Chacun jouait « In C » de son côté mais, pour fêter ses 10 ans, l’ensemble Batida a invité les Young gods à inventer sur scène une version commune du plus fameux morceau de musique minimaliste : une collaboration amicale qui a donné lieu à un moment musical exceptionnel.

Sur l’esplanade du vélodrome de Genève-Jonction, c’était le premier soir d’une série de trois jours de concerts, conférences et rencontres en plein air, en pleine rue presque, dont l’ambition était clairement de placer et faire résonner bien fort l’exploration musicale au cœur de la cité.
« In C », composé par Terry Riley en 1964, c’est une pierre angulaire de la musique dite répétitive ou minimaliste. Un morceau dont le succès est tel qu’il fait désormais presque partie de la culture de tout un chacun et constitue en tous cas encore une référence bien vivante pour les musiciens d’aujourd’hui, comme en témoignent par exemple le In C Mali de Africa express ou encore la version pour deux synthétiseurs modulaires accompagnée d’un alphabet graphique parue sur le label Unjenesaisquoi, pour ne citer que deux exemples relativement récents.

Le vibraphone, les claviers et les percussions de l’ensemble Batida tressaient le fil rouge de In C, ces cellules mélodiques qui vibrent, se répondent, se mélangent et se répètent indéfiniment selon l’envie des musiciens, qui donnent son caractère organique, unique, à la pièce et produisent cette impression de musique infinie. Les trois Young gods, quant à eux, apportent une assise rythmique et une ampleur sonore inédites -– une des marques de fabrique du trio chez qui la puissance a toujours été au service d’un univers poétique plutôt que d’une démonstration de force.

Motifs en suspension. Impression d’immobilité . Montées en puissance imperceptibles. Brusques propulsions vers des sommets soniques. Devant nos yeux, l’orchestre déroule sa partition infinie, se mue en programme humain, algorithme sensible, machine à produire de la musicalité. C’est une musique en flux, qui résonne intensément avec le temps présent, qui dépasse, explose les frontières. Une musique élémentaire et futuriste, savante mais extrêmement accessible, capable de parler aux imaginations les plus diverses.

À un moment donné, elle prendra fin, chaleureusement applaudie par les amis, le public rassemblé là. Elle se tait ou se mue en silence, en souvenir, en impression dans les mémoires, où la musique se poursuit et la partition ne s’arrête jamais.

Note : on pourra prolonger ce concert par l’écoute du nouveau disque de l’ensemble Batida, Double-face #3, paru sur le label VDE-Gallo, où l’on retrouve, entre autres, la version de « In C » de l’ensemble genevois.

http://www.ensemble-batida.com/

Crédit photos : Pierre Dunand Filliol

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