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Suite(s) Impériale(s)

jeudi 6 janvier 2011 par Franz Narbah rédaction Pas de licence spécifique (droits par défaut)

Chronique

Suite(s) Impériale(s) de Bret Easton Ellis.

Roman chez Robert Laffont

Se plonger dans ce roman c’est à plus d’un titre accepter une expérience extrême.
Celle de se retrouver piégé dans un cerveau (celui du narrateur) sans repères autre que les marques de téléphones portables, de fringues de luxe, de voitures de sport et plus généralement de tout ce qui est coûteux et inutile.

Les femmes — les filles plutôt, ou les actrices, comme on voudra — sont elles même envisagées sous cet angle : objets de convoitise et de consommation.

Ça existe se dit-on !

Bret Easton Ellis a un sens de la dramaturgie bien à lui. Cette dernière est ici réduite à la confusion d’un esprit désenchanté. Elle n’en est pas moins captivante, un thriller.

Le monde dans lequel évolue le protagoniste — quadragénaire scénariste à Hollywood — est peuplé de créatures minimales, liftées, prêtes à tout pour réussir ; livrées aux appétits les plus experts en perversion. Le narrateur s’illusionne en s’ auto créditant contre toute logique d’un reste de naïveté adolescente, noyée dans les alcools, le Xanax, l’argent, le sexe…

C’est le style qui fait tout : nerveux comme du Ellroy, vide comme du Andy Wharol, rapide comme la chronique people de Paris Match…horrible comme du Lovecraft.

Répugnant et fascinant : exactement ce dans quoi on voudrait ne jamais voir s’égarer ses enfants !

Tout ça pour, au bout de deux cent pages, voir tomber la phrase ultime “Je n’ai jamais aimé personne et j’ai peur des gens”

On reste le souffle coupé !

Une expérience éprouvante et magnétique à la fois.

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