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Les morceaux de TBTWMUHF [1] sont inscrits dans la tradition post-rock du fait de leur grandiloquence instrumentale, et du format instrumental bien plus long que le format chanson. Ceci autorise tous les dérapages et magnifie les dynamiques en étirant parfois sur trois minutes une ascension qui aurait ailleurs été bridée en une trentaine de secondes.
À l’image de leur pochette de disque, le groupe s’empare de grands espaces musicaux, y insufflant des couleurs, de la vie, et beaucoup de contrastes. Le tempo varie parfois en fonction de l’intensité, chose rarissime sur disque pour un groupe aujourd’hui, et ça fait du bien. La musique du groupe a d’ailleurs complètement perdu le côté parfois un peu trop rigide et appliqué de leur premier EP A, et le résultat est vivifiant. En témoigne l’ouverture brutale, cathartique et libératrice du premier morceau, qui laissera la place à un rythme soutenu se déroulant jusqu’au final abrupt.
Ce qui étonne et détonne par rapport à la majorité des artistes post-rock est cette pulsion de vie optimiste et communicative présente dans chaque morceau, à chaque instant. Le nom du groupe (en français : « ce que le monde nous fait espérer de beau ») est bel et bien assumé jusqu’au bout. Le dernier morceau, « The Lake Will Reappear », le plus positif de l’EP, rappelle parfois l’essence cinématographique d’Explosions in the Sky.
Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que leurs morceaux sonnent comme trois blockbusters hollywoodiens condensés en dix minutes : la méthode de composition du groupe est peu orthodoxe, inhabituelle et fascinante. Chaque piste est tout d’abord pensée, avant d’être composée, à partir d’un fait réel remanié pour former une histoire avec situation initiale, élément perturbateur, péripéties et conclusion. Le groupe forge ensuite la musique à partir de ce scénario.
L’EP en lui même est également très bien construit. Les morceaux ouvrant et fermant le disque sont de très belles pièces qui entourent la pierre angulaire centrale, le véritable joyau de ce mini-album. « Margot, Margaut, Margault, Margo, Margaud » s’ouvre sur une longue plage ambiante et s’articule ensuite autour de montées héroïques, de déflagrations soniques et même de quelques digressions romantiques. Il reste le morceau le plus émotionnel et le plus expressif du disque. Un véritable « petit » chef d’oeuvre de 12 minutes.
Ainsi, du haut de ses trois pistes de 35 minutes au total, Curious, Gathered & Awake est un EP envoûtant et aérien qui ne donne envie que d’une chose : se perdre dans ses vastes paysages lumineux.
Post-Rock
17 / 15 /12 /9 €
[1] The Beauty The World Makes Us Hope For
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