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Des Canadiens potentiellement bruyants mais certainement pacifistes débarquent en Suisse afin de faire étalage de leur art. Du rock façon soft power ?
Il est des groupes plutôt taiseux mais qui ont pourtant le génie des titres. Il en va ainsi de Godspeed You ! Black Emperor avec des titres d’albums comme « Lift Your Skinny Fists Like Antennas to Heaven » ou encore, le dernier en date, « Allelujah Don’t Bend ! Ascend ! ». Mais on retrouve cette qualité dans l’une des émanations de GY !BE, à savoir Thee Silver Mount Zion Memorial Orchestra (ces derniers chantent toutefois plus… ! ) qui nous livre en 2000 un « He Has Left Us Alone but Shafts of Light Sometimes Grace the Corner of Our Rooms... », et en 2013 « Fuck Off Get Free We Pour Light on Everything »…. Qu’on ne me demande pas de traduire pour autant le sens caché ou les intentions de ces groupes !
Mais quel type de musique nous proposent de telles formations ? Difficile à expliquer et à vrai dire, ma connaissance de celles-ci reste limitée…Possesseur de quelques albums de Godspeed, j’en apprécie la compagnie. Les morceaux sont pour la plupart très longs, n’hésitant pas à tutoyer les 20 minutes. On y entend des monologues (créés pour la circonstance ? tirés de films ? de documentaires ?...) et des guitares bien présentes, créant par là une atmosphère lyrique très post-rock.
C’est aussi et surtout une musique puissamment visuelle, quasi cinématographique propre à exciter l’imagination de chacun. Petite confidence : ces musiques m’emmènent quasi invariablement dans l’univers de « La Route » de Cormac Mc Carthy (même si je n’en ai pas vu l’adaptation cinématographique…). On pourra m’opposer que la musique y est ici plus complexe que les paysages du roman, ce dont je conviendrais volontiers.
Quand on écoute Thee Silver Mount Zion Memorial Orchestra, on n’est pas dépaysé et les mêmes affects sont à l’œuvre dans ces morceaux violemment mélancoliques. Les cordes n’y sont pas étrangères sans doute. Cependant, la voix et le chant y sont beaucoup plus présents. Mais je dois bien avouer ne pas écouter/comprendre les paroles… ! La voix y est plaintive mais la construction des morceaux est tout aussi évolutive.
En effet, cette musique semble ne pas connaître de limites tant son déploiement se fait force. La longueur certes, mais aussi les variations au sein d’un même opus, l’utilisation de certains instruments, rien ne paraît entraver la création de ces musiciens-là.
S’embarquer dans l’écoute d’un album de ces Canadiens, c’est accepter de se laisser guider, porter, surprendre–voire s’ennuyer par certains moments. Mais qu’importe. Tel un voyage, on va de découverte en surprise, mais les moments faibles existent autant.. Et alors ?! C’est toujours avec eux vers les grands espaces qu’on est entraîné, fussent-ils sombres.
Autant dire que les voir en concert relève alors quasi du départ pour un ailleurs toujours à définir…
Post-Rock
Les Canadiens continuent de faire sortir le rock des sentiers battus grâce à un répertoire aussi rugueux que lyrique, dense qu’extatique. Une flamboyance portée par des choeurs et harmonies qui laissent toujours sans voix.
25CHF / 20CHF / 16CHF / 14CHF / 5CHF
Co-production Kalvingrad/Antigel
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