> Mag > Musique > Une Touche D’Optimisme, sans langue de bois
À travers leurs textes engagés, festifs, quelquefois plus tristes, à chaque fois touchants, le groupe Une Touche D’Optimisme nous emmène sur leur musique festive et entrainante d’influences diverses ; avec toujours cette pointe d’optimisme ...
Un concert au Brin de Zinc très attendu, je prends le temps d’une discussion avec les membres du groupe. Le chanteur me répond, et les autres musiciens viennent compléter de temps à autre.
Des réponses franches, sans langue de bois, ces six garçons sont comme leurs chansons, à la fois festifs, joyeux et à la fois graves et responsables des messages qu’ils délivrent dans leur musique.
Vous avez déjà joué en Savoie.....
Oui un paquet de fois !! Beaucoup dans des offices de tourisme en été, avec une tendance animation.
Ce sont les 2 derniers concerts du spectacle, de quoi va parler le prochain ?
C’est nos 15 ans, donc on va prendre à peu près 5 morceaux de chaque album (4 albums en 15 ans), pour retracer notre carrière. L’album sortira à la fin de la tournée, il s’appellera comme le titre d’une de nos chansons et comme la tournée :« D’aussi loin que je me souvienne » : c’est ce qu’on a envie de raconter, nous sommes un groupe 100% indépendant, le chemin est long, il a été long, il est encore long, mais ce qu’on veut dire c’est l’amour de la musique et l’amour des uns pour les autres parce qu’en fait dans UTDO on est tous amis avant même de faire de la musique, il y a même mon frère.
Nous n’avons pas de réelle formation de musique à proprement dit. L’histoire commence à la période de transition fin d’étude post-bac : qu’est ce qu’on va choisir comme métier ? Et il y a la musique en même temps....et la musique prend de plus en plus de temps dans notre vie.
À la 3me répétition on avait déjà un nom de groupe, alors qu’on était en fac, ou dans un job... Mais ça fait 10 ans qu’on est un véritable groupe professionnel.
Au tout premier concert pour une fête de la musique, en une demi heure il s’est passé tellement de choses, je me suis senti vivant comme rarement, j’ai vraiment trouvé ma place, c’était un très beau premier concert.
C’est de tout ça dont va parler le spectacle.
Dans le groupe vous n’écoutez pas tous la même chose, vos influences musicales interviennent donc dans vos compositions...
Elles interviennent et moi je les (les autres membres du groupe) force à faire de la chanson française (plaisanterie du chanteur), à se ranger... Ça dépasse un peu en fait quand c’est trop jazz, trop rock, etc... mais on a un socle, par exemple La Rue Ketanou, Debout sur le Zinc. La vie fait qu’on a tous des influences différentes, mais c’est pas grave, on le vit bien !
Tant que ça sert le propos de la chanson, ça ne me dérange pas.
15 ans.... Pas de lassitude, pas d’envie d’arrêter, de tout envoyer balader ?
Heu si tous les 3 jours.... En fin de tournée surtout (rires). Non pas une envie d’arrêter, plutôt une envie de rebattre les cartes de temps en temps parce que forcément il y a des disparités d’énergie, et par moment ça me gonfle.... c’est plutôt ça...
Chacun fait des choses, on a trouvé un équilibre, et quand ça se déséquilibre trop, on le dit !
Il y a des mises à plat.
15 ans c’est une grosse partie de vie...
On part de super bas, il y a donc des découvertes qui émerveillent à chaque phase et qui tiennent bon, et comme c’est devenu notre métier, c’est une reconnaissance qui nous permet de durer un certain temps.
C’est un peu une quête, la phase suivante ce serait le succès. J’arrêterai pas tant que je n’aurai pas tout réuni pour obtenir du succès.
Quand on joue devant 200 personnes qui connaissent nos chansons, forcément le concert est différent que devant 1000 personnes qui ne nous connaissent pas. C’est plus exaltant, quand des personnes connaissent le texte par cœur, moi ça m’émeut. Je pense que les gens gagneraient à nous connaître.
À propos de la chanson « Les réfugiés », comment vivez vous autant d’attaques assez personnelles (commentaires sur YouTube) ?
Je m’étais beaucoup préparé, je savais que ça arriverait... C’est pas dur pour moi, c’est juste l’humanité qui me peine, quand j’entends qu’il y a des enfants de 5 ans qui meurent en mer, ça me dégoûte déjà bien assez, qu’il y ait en plus des personnes pour venir dire que c’est mérité, qu’ils ont qu’à rester chez eux, ça ne rajoute pas grand chose à l ’océan de tristesse que ça me provoque de toute façon.
J’avais pris le parti de ne jamais répondre, parce que je ne trouve pas ça intéressant, sauf que depuis peu je le fais, parce que malheureusement, et c’est un grand regret, on est à l’époque des réseaux sociaux et des algorithmes, et pour que la chanson soit diffusée par les réseaux il faut du contenu... En fait je les trolle, je leur fais poser 17 messages, et du coup eux mêmes alors qu’ils voudraient que la chanson n’existe pas, ils font qu’elle se propage plus.
Disons que c’est pas la première chanson qui crée ce genre de réaction, autant les premières nous ont beaucoup affectés, en s’y attendant on arrive presque à s’en servir.
Depuis le début, vos revendications présentes dans vos chansons ont-elles beaucoup changées ?
Dans les 2 premiers albums il n’y en avait pas tant que ça, ça a commencé avec le 3me, j’étais jeune et déjà je ne savais pas trop écrire, c’était difficile et ça me paraît toujours très difficile de faire des chansons engagées, je trouve que c’est très dur. Le groupe a pas mal évolué de ce coté là, d’ailleurs ça a été une des mises à plat : certains du groupe trouvent que ça devient trop politique et que c’est pas vraiment ce qu’ils préfèrent non plus, donc on essaye d’avoir un équilibre entre chansons festives et chansons engagées.
Moi en tant que citoyen, j’ai 35 ans maintenant, je suis évidement beaucoup plus engagé que quand j’en avais 25 donc oui dans mes textes forcément ça évolue. De toute façon y’a qu’à regarder le monde, c’est hallucinant, j’ai vécu que 35 ans, ça n’a jamais été autant le « bordel ». Après pour mes parents y a eu des périodes plus compliquées, mais dans ce que moi j’ai vécu on atteint un point culminant et ça n’a pas l’air de redescendre, donc je pense qu’il faut s’engager. Ma revendication c’est la musique, c’est comme ça que je vois mon engagement citoyen pour le moment.
Je veux faire de la musique accessible... On ne s’imaginait pas qu’on aurait une carrière comme ça, plus de 800 concerts, 50 dates par an, 4 albums, une fierté qui nous pousse à aller plus loin.
Une soirée très rythmée, des chansons à consonances diverses, des textes forts, le public en grande partie connaisseur du groupe a chanté, dansé et apprécié à leur juste valeur le groupe Une Touche D’Optimisme.
Toutes photos et propos recueillis par Sylvie Chareun