> Mag > Musique > White noise, le son qui venait d’en haut
La musique de White noise me rappelle une article du fanzine Octopus [1], qui appelait de ses vœux les metissages musicaux à venir, les hybridations à peine imaginables aujourd’hui...
Leur post-rock/dub-electro se situe clairement dans un sillon apparu depuis, creusé d’abord par d’illustres ainés – Mogwai et autres géants post-rock en tête -, envers lesquels ils reconnaissent clairement leur dette.
Post-rock et dub-electro, donc. Les grandes étendues mélancoliques et l’hallucination syncopée main dans la main. White noise tente de tisser les deux fils sur ce premier EP 5 titres, qui semble vouloir démontrer l’étendue des ambitions du groupe, chaque morceau ayant une identité propre.
« Dub[ious] », le morceau éponyme, est celui qui m’a le plus enthousiasmé. C’est clairement le plus poignant, avec son joli gimmick de guitare esseulé, répété inlassablement dans une lente montée en puissance bien mogwaienne. Des couches de basse grasses viennent ajouter du trouble et de l’épaisseur dans ce paysage désolé qui s’embrase peu à peu.
Hormis « [I wanna see your] FACE », qui lorgne vers un trip-hop fusion musclé, je ne retrouverai pas la même tension sur le reste du disque. Les autres morceaux mettent davantage en avant le côté electro du groupe. Sur « ORGAN DO[N]OR », les synthés se font sucrés, tandis que la ballade un peu terne « [DRUG USERS] never loose their cool » me semble manquer de colonne vertébrale. « AGING [+] DYING » tient son programme dub-rock-electro, peut-être de façon un peu rectiligne.
Ces titres n’évitent pas toujours le défaut qui guette toute musique instrumentale : être une bande-son qui attend son action (de ski, plus précisément, le groupe étant sponsorisé par les stations Grand-Massif). Cette impression est accentuée par le son très pur, presque transparent. Pas de plongée vertigineuse dans les infrabasses ou les effets ici, mais cette production, qui donne un caractère intimiste bienvenu sur certains titres, pardonne moins sur d’autres passages.
Ce 1er EP fait donc clairement la démonstration du savoir-faire de White noise et donne aussi parfois l’impression que le groupe colle un peu trop à son milieu et à son temps. La suite leur laissera tout le temps de pousser leurs explorations. Aussi loin qu’ils le voudront.
White noise, DUB[IOUS] (Wolf records, 2016)
Article initialement paru sur le blog Radyaute
[1] Tiens, un peu d’histoire sur les fanzines Hyacinth/Octopus