> Mag > Musique > Yilian Cañizares Resilience Trio invite Rolando Luna
On l’avait découverte avec le groupe Ochumare au CosmoJazz Festival en 2012, juste avant qu’elle ne commence à voler de ses propres ailes : la violoniste, chanteuse et compositrice cubano-suisse Yilian Cañizares a décidé de fêter toute cette année ses 10 ans de carrière solo, et les festivités ont commencé le week-end dernier à l’Épicentre, à Collonge-Bellerive.
Pour l’occasion, Yilian avait convié son ami d’enfance et compagnon d’études musicales devenu virtuose du piano, Rolando Luna, à participer au concert du Resilience Trio qu’elle forme avec le bassiste Childo Tòmas et le percussionniste Inor Sotolongo.
L’énergie et la bonne humeur communicative alliées à une maîtrise étourdissante de la musique par les quatre cubains ont fait de ce concert un moment jubilatoire partagé par un public venu en nombre dans cette salle intimiste et qui n’est pas resté longtemps assis.
Combinant violon, chant et danse, Yilian Cañizares réalise un métissage musical très personnel et moderne, avec des morceaux complexes et exigeants mais accessibles mêlant classique, jazz et musiques afro-cubaines avec des influences brésiliennes et dont les arrangements réservent une large place aux interactions entre les musiciens et aux solos qui permettent à chacun d’apporter sa touche personnelle à la musique.
La modulation bien particulière des chants yoruba de la santerìa cubaine transparaît dans la plupart des mélodies et tout particulièrement dans le magnifique « Yemayà », véritable incantation à cette divinité symbolisant la mer et l’amour.
Puissant ou délicat mais toujours précis, le jeu de violon de Yilian est à la fois techniquement impressionnant et empreint d’une grande profondeur émotionnelle, faisant de chaque concert un moment unique et authentique de communion avec le public.
Des morceaux incandescents comme « Cimarròn » ou « Contradicciones » alternent avec des ballades (« Hoy va a llover », « Plumas en el viento ») et Rolando Luna vient, avec décontraction et gourmandise, ajouter une dimension supplémentaire à la musique avec sa technique pianistique étourdissante (flamboyant « Laïla »).
Deux nouveaux morceaux, qui figureront sur l’album du trio attendu cette année, Bahia-Havana, sont également au programme ce soir, dont le titre éponyme et une exhortation explosive aux femmes, « Muchacha Levanta Presiòn », sur lequel Yilian fait chanter son public — hispanophone ou pas !
« Si vous rentrez chez vous ce soir avec de la joie dans le cœur, alors on sera content » conclut Yilian. Objectif largement atteint.