> Mag > Musique > Zeugma envoie du bois tout de guingois
Soirée « Underground family » ou presque aux Steppes avec le premier concert de Rewind et le spaghetti-jazz-punk des intenables Zeugma.
A vrai dire, j’avais mon temps, ce soir-là. Rien de spécial à faire, pas de contrainte particulière. Eh bien, je suis tout de même arrivé à prendre la mauvaise route, faire un détour et rater la totalité du concert de Rewind. Bien joué.
Et c’est bien dommage car ce nouveau trio, dans lequel on retrouve le guitariste de DK Dance et Slim des Sweeders à la basse, a sorti trois titres tout à fait recommandables, qu’on pourra écouter ici. Stoner épais et vénère, solide quel que soit l’angle sous lequel on le regarde. Partie remise.
Zeugma, qui s’appelait autrefois Banzaï, est une des formations locales les plus intéressantes et certainement une des plus originales. Leur musique est une sorte de concaténation impossible, une greffe sauvage de styles variés, contradictoires, la bande-son d’un cartoon jazz-punk surréaliste. Durant le concert, les morceaux alternent d’ailleurs avec des extraits de dialogues comiques de film - ce qui à la fois pallie de manière vraiment astucieuse à l’absence de chant dans leur musique et vient souligner son caractère cinématographique.
Dans l’espace scène rectangulaire des Steppes, le son est étonnamment compact, net, mat. Le groupe a en effet investi dans une batterie en acrylique et ne cesse d’optimiser son utilisation des pédales d’effets. Leur set mêle anciens morceaux, plus potaches et à l’esthétique zapping plus marquée, et nouvelles compos où des grooves complexes viennent soutenir une guitare aux sonorités parfois délirantes et n’hésitant pas à emprunter des chemins de traverse chromatiques plutôt pratiqués dans le jazz. Certaines dingueries psychédéliques de Primus ne sont pas loin.
En fait, dans le rock, Zeugma est un cas rare : la fantaisie et une imagination débridée irriguent leur musique. C’est ce qui fait leur particularité, leur valeur. Les trois musiciens ont une présence très naturelle sur scène et dégagent une spontanéité et une joie de créer et de jouer communicative, qui fait vraiment plaisir. Le public est venu en nombre et ne s’y trompe pas, tout acquis à leur cause.
Tant qu’il y a Zeugma, il y a de l’espoir.