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Les vieux fourneaux : rira bien qui rira le dernier

vendredi 9 septembre 2016 par Franz Narbah rédaction CC by-nc-sa

Chronique

Étant moi même en passe d’en devenir un , et surtout constatant avec effroi que plusieurs de mes meilleurs copains en sont déjà devenu “des“, je ne peux passer sous silence l’effroyable série BD que je viens de découvrir —par hasard comme d’habitude— à la bibliothèque de mon quartier. Il s’agit des trois albums “Les vieux Fourneaux“.

Ce que nous sommes en passe de devenir mes amis et moi c’est… “des vieux fourneaux“.
Nous sommes tous foudroyés l’un après l’autre par l’épidémie de retraite qui frappe depuis peu ma génération.
Mais avant d’entamer cette chronique j’ai une déclaration à faire à Paul Cauuet et à Wilfrid Lupano —ce sont les auteurs— “vous êtes de jeunes malpolis sans cœur“. Comme ça c’est dit.

Sinon ?
Il s’agit d’une bande dessinée qui parle du troisième âge, comme on dit.

Il convient peut-être de bien définir en préalable ce qu’est le "troisième âge" avant d’expliquer ce qu’est un Vieux Fourneau. Car si le troisième âge est un euphémisme avec langue de bois, les vieux Fourneaux sont des vieux qui connaissent la vie ; et la gueule de bois aussi parfois.

Donc je vous rappelle que le troisième âge, c’est ce segment marketing à fort pouvoir d’achat (temps disponible de cerveau atrophié) ciblé par les publicitaires qui conçoivent et diffusent les publicités passées à la télévision pendant l’après midi, moment du pic de fréquentation du retraité…. assurances obsèques, compagnies de placement, etc.

On a tous vu ça un jour avec une jambe dans le plâtre ou une bonne grippe.

Vous voulez quelques exemples ?

Le sourire béat de la dame à la beauté presque intégralement préservée à coups de bistouri lorsqu’elle à une fuite urinaire (urine bleue) qui ne passe pas au travers de sa couche invisible sous son pantalon moulant un corps de cougard (gros plan sur les fesses encore presque appétissantes).
 Elle peut danser le twist et faire de la balançoire en toute confiance.
Et de un.

Le regard conquérant du type à la belle tête d’intellectuel retraité de la fonction publique qui vient de se payer un monte escalier (Indépendance Royale) pour accéder au premier étage de sa grande et belle villa style Dallas grouillant de membres de sa famille manifestement tellement contents pour lui.

Et de deux.

Vous voulez un couple ?

Lui, tignasse argentée au vent et dentier neuf aux lèvres (colle aux dents longue durée++). Elle tendrement blottie sous son bras avec un visage rayonnant de jeunesse intérieure (crème génération régénération, 100% plus efficace, testée sous contrôle par laboratoire de recherche indépendant).
Vous les voyez ?

Ils sont sur un voilier. Un douze mètres super luxe. Ils sourient obstinément aux embruns qui fouettent leurs visage aux ridules imperceptibles. On ne sait pas comment ni avec quoi ils se sont payés ça, ni qui tient la barre. Ce que l’on sait en revanche, c’est qu’ils peuvent profiter à fond de leur retraite car ils ont une mutuelle en béton et surtout une assurance vie pour que leur disparition en mer ne soit pas un drame pour leurs enfants.

Et de trois.

Ça suffit peut-être ?
Je pense en effet que vous avez compris.

Moi je préfère lire des BD.

Avec Lupano et Cauuet et leurs Vieux Fourneaux, changement de décors.

C’est du vrai.

Et si il y a utilisation de l’exagération et de l’hyperbole, c’est pour la bonne cause. Ces vieux là existent, et même sacrément fort. Ils sont ex syndicalistes ou même anarchistes, pas toujours très honnêtes, pas toujours très malins non plus ; mais sacrément vivants.
Il ne leur manque rien. Ils ont de l’arthrose et des médicaments à prendre. Ils ont des copains en chaise à roulette, aveugles ou avec des déambulateurs. Ils disent et font des horreurs, ils mentent, aiment, se souviennent, etc.

Ces cons là nous font rire. On les prend en affection et en grippe, c’est magnifique.

Et comme l’annoncent les auteurs eux même “vieillir tue“. Mais aussi : “la seule façon de rester vivant c’est de vieillir“.
Ne vous en faites pas les vieilles peaux et les vieux tromblons : ça ne va pas aller en s’arrangeant.

Vous l’aurez compris, les horreurs de Lupano et Cauuet, on les adore.


Et je ne suis pas le seul manifestement, comme en témoigne le succès en librairie.

LES VIEUX FOURNEAUX : Trois albums chez Dargaud à lire avant de mourir.

Un quatrième album est en préparation (sortie prévue en 2017)

résumé tome 1
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