Blues dans une nouvelle lumière

Ce trio (guitare/basse/batterie) mené de mains de maître par le guitariste Jean-Michel Kajdan nous révèle un blues dans une nouvelle lumière avec de multiples et subtiles influences musicales, sans oublier de nombreuses surprises avec notamment des invités musiciens de renom…

Mais qui est donc Jean-Michel Kajdan ? Vous pensez ne pas le connaître ? Détrompez-vous : vous êtes sûrs de l’avoir déjà entendu, à moins d’avoir été exilés sur Mars pendant ces trois dernières décennies. Il a notamment collaboré avec différents célèbres artistes français (Jacques Higelin, Michel Jonasz, Eddy Mitchell, Catherine Lara…), des pointures du jazz (Didier Lockwood, Manu Katché, Larry Carlton, Steve Gadd…), des pionniers du british blues (The Yardbirds). Il a aussi enregistré avec Eric Serra des musiques de films comme « Le Grand Bleu ».

Monsieur Kajdan est donc un guitariste et musicien expérimenté, et son trio est à l’image de son talent : il est brillant. Le Kajdan Rough Trio est formé par Jean-Michel Kajdan à la guitare, Laurent David à la basse, et Jean-Christophe Calvet à la batterie. On note l’intervention de nombreux musiciens, essentiellement des guitaristes, comme les virtuoses Sylvain Luc, Romane, Nenad Gajin, Olivier Louvel pour un côté plutôt jazz… On pourra même entendre des notes de guitaristes plus rock comme Norbert Krief, Louis Bertignac, Patrick Rondat, Christophe Godin…

L’album s’ouvre énergiquement avec « Pick Up Da Funk » sur un ton blues funk efficace. « Too Much To Lose » est une reprise originale du morceau de Jan Hammer qui avait été repris par le mythique Jeff Beck. « Rough Down Shuffle » permet un beau dialogue haut en couleurs et sonorités entre les guitares de Jean-Michel Kajdan et Sylvain Luc… « In A New Light » montre un côté plus rock, blues teinté de fusion, un petit côté Led Zep rencontre le blues et le jazz rock à la sauce balkanique volcanique de Nenad Gajin, une vraie réussite.

« Mgalawazy » est un joli clin d’œil au jazz cher au trio (le jazz, ce cousin pas si éloigné du blues à l’origine). « Der Aktivist » revient aux affaires avec un blues rock faussement cliché mais riche musicalement en fait. « Lodz Memories » permet d’entendre une rencontre entre guitare électrique blues rock planante inspirée par Jeff Beck et guitare acoustique manouche (ça pourrait donner des idées à Jimi Hendrix et Django Reinhardt là où ils sont). « Roof 93 » fait la place à de belles sonorités acoustiques de saz (instrument traditionnel turc) et de guitares remplies d’effets planants.

« East Side Rumba » illustre un genre de blues rumba pouvant donner des idées aux chercheurs de fusion musicale. « Time Out Of Mind » est une version instrumentale d’un morceau de Steely Dan (qui est certainement un des groupes les plus « classe » du monde) avec de belles parties de guitare et d’harmonica. L’album se termine sur « In A New Light Epilogue - 1 » et « In A New Light Epilogue - 2 » qui sont tout simplement magnifiques et magiques, avec de nombreuses surprises et guitares. On vous laisse découvrir ça.

Bilan : un album instrumental écoutable par tous car accessible par son côté mélodique, il ravira les musiciens et mélomanes par la fusion riche et subtile entre le blues et d’autres genres comme le rock et le jazz. La maîtrise du trio et l’apport des invités musiciens créent une osmose musicale unique, une ode à la guitare et à un blues moderne qui n’oublie pas ses racines, avec en plus un son et une production de haute qualité. En quelques mots, un blues à la fois du présent, du passé, et du futur… Ca ressemble à la recette d’un album dont la musique ne vieillira pas. L’avenir nous le dira.