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Jean-Michel Kajdan, voix de la guitare

lundi 29 septembre 2014 par Jean-Pierre Biskup rédaction CC by-nc-sa

Entretien

Rencontre il y a plusieurs mois à Paris avec Jean-Michel Kajdan. Guitariste ayant aussi bien joué avec des célébrités populaires qu’avec des virtuoses et génies musicaux, Jean-Michel Kajdan a une vision large du monde musical et se livre au jeu des questions-réponses pour mieux nous éclairer sur son rapport à la musique, son actualité, ses projets... Un point de vue très intéressant pour la musique et la guitare !

Ton album In A New Light s’est fait remarquer dans la musique instrumentale et guitaristique. Quel est ton bilan à tous points de vue de la sortie de cet album ? Comment le classerais-tu dans ta discographie ?

C’est le dernier, donc c’est forcément le meilleur ! (rires) En fait ce disque, j’en suis assez content. Ça peut paraître prétentieux de dire ça, mais j’en suis content car il correspond vraiment à l’idée que j’en avais, et j’avais envie de faire un album comme ça. Parce que parfois on fait un album et au bout du compte ce n’est pas celui qu’on avait envie de faire au départ, car soit on se laisse un peu manipuler, soit on fait des erreurs, soit on ne fait pas les bons choix notamment au niveau musical (arrangements, grilles, improvisations…). Ça m’est déjà arrivé. Celui-là en fait, il aurait certainement pu être meilleur, mais au moins il est cohérent, il correspond à l’idée que j’en avais. Je n’ai pas l’impression d’avoir usurpé quoi que ce soit. Il n’y a pas d’imposture, c’est vraiment moi, à cette époque où on a enregistré cet album. C’est sûr que s’il y a des choses qui étaient à refaire aujourd’hui, je les referais certainement différemment. Mais je l’accepte, je l’assume tel qu’il est, car il correspond vraiment à l’état d’esprit dans lequel j’étais au moment où on l’a enregistré.

Quel est ton avis sur le secteur musical aujourd’hui ? Quels sont selon toi les principaux problèmes, et quelles pourraient être les pistes à suivre pour trouver de nouvelles solutions ?

Question piège ! Les problèmes, il y en a beaucoup, et notamment un problème conjoncturel qui ne touche pas seulement la musique et qu’on appelle la crise. C’est sûr que dans ces moments-là, la musique, la culture, ne deviennent plus du tout la priorité des gens. Quand on a du mal à remplir le frigo, à payer les études et les activités des enfants, c’est sûr qu’on va acheter moins d’albums. En plus de ça il y a eu le numérique. C’est très difficile, on est en pleine mutation. Pour l’instant, je pense que l’industrie n’a pas trouvé ses nouveaux repères. Il n’y a aucun nouveau marché économique en fait qui se montre viable pour l’instant. Chacun essaie de légiférer entre les échanges marchands, le streaming qui rémunère très mal les ayants droits, alors que tout le monde se dirige vers le streaming.

À mon avis, la vente c’est fini. La vente de disques, on n’en parle plus, sauf concernant l’achat impulsif à un concert, on vient de voir un groupe qu’on aime et on a envie de repartir avec son album… Mais les gens ne vont plus dans les FNAC, dans les boutiques et magasins spécialisés comme les disquaires, ils achètent très peu en ligne… Le fichier va connaître à mon avis le même sort. Les gens de plus en plus s’abonnent à Deezer, Spotify, iTunes Match, tous ces trucs-là… Le streaming, c’est vraiment la vente d’aujourd’hui. Le problème sur le streaming c’est qu’on touche rien, que dalle ! Et il n’y a jamais eu autant de musique qu’aujourd’hui, et les gens ont besoin de musique, les gens aiment la musique. Le problème c’est que le secteur économique de la musique n’existe plus. Je n’ai pas de solutions, je pense que tout ça doit se restructurer, que les sociétés d’hier ne sont plus celles d’aujourd’hui, et que celles qui tentent de subsister ne seront certainement pas celles de demain.

Il faut trouver de nouveaux modèles, notamment d’un point de vue économique. Et à mon avis, ça passe par le partage... Quoi qu’en disent la SACEM et les majors. Quoique la SACEM soit un peu revenue sur ses premières positions... Aujourd’hui, c’est tellement passé dans les mœurs de tester, d’écouter avant d’acheter ou de s’abonner. On a besoin éventuellement de faire écouter à ses potes, on a besoin de partager finalement ce qu’on vit, et ce qu’on vit musicalement aussi. Je pense qu’il y aura une exploitation non marchande, une diffusion non marchande des œuvres en parallèle à la diffusion marchande qui seront les abonnements aux sites de bases de données. Par exemple, je peux parler de la SACEM qui a fait une expérience qui a été renouvelée avec Creative Commons. Une œuvre peut être partagée avec n’importe qui tant qu’elle ne génère pas de droits, tant qu’elle est dans le secteur hors marché. À partir du moment où elle entre par exemple dans le secteur de la diffusion et qu’elle va générer de l’argent, à ce moment-là elle entre à nouveau dans le secteur de la gestion collective. Ce qui ne veut pas dire que ça lui retire sa capacité à être échangée gratuitement, mais pour cette utilisation-là, c’est la SACEM qui va gérer cette utilisation. Donc en fait une œuvre aujourd’hui peut avoir une double vie : parallèlement au fait qu’elle peut rapporter de l’argent, elle peut continuer d’être échangée gratuitement.

Ça, il y a quelques années, la SACEM ne l’aurait pas envisagé et accepté… À l’époque, j’avais pris position contre l’HADOPI en disant qu’il y a une vie à côté de la FNAC, et c’est tout juste si on ne m’avait pas jeté des tomates pourries en me traitant de traître et tout ça… Alors qu’aujourd’hui la SACEM est revenue sur ses premières décisions… Ça ne veut pas dire que ça va concerner beaucoup de gens, mais bon. Personnellement, je l’ai fait pour un titre de cet album, « In A New Light Epilogue (feat the Community G Players) ». Un titre qui est sous licence Creative Commons, ce qui permet de l’échanger gratuitement. Je l’ai mis en téléchargement libre sur mon site, sur SoundCloud aussi… Et tant que des gens ne l’utilisent pas à des fins commerciales, le morceau peut être échangé sous la même licence, c’est-à-dire Creative Commons. Ça veut dire que si tu télécharges le morceau sous cette licence, tu vas pouvoir l’envoyer à un pote à condition qu’il n’en fasse pas autre chose… Si le pote en question a une émission radio et veut diffuser le morceau à l’antenne, à ce moment-là la SACEM entre en jeu, et elle pourra me payer mes droits, et le morceau tu pourras continuer de l’échanger… Je trouve ça intelligent. Mais c’est une usine à gaz ! Le problème pour ça, c’est qu’il faut des gens derrière qui travaillent, administrativement c’est des trucs à gérer, c’est des dossiers et tout ça pour aujourd’hui une manne financière qui est ridicule. C’est beaucoup de coût pour un rapport pratiquement nul. Mais je pense qu’avant de parler de rapport, il faut qu’on recrée vraiment des normes. Les usages ont besoin d’être cadrés, encadrés. Tout est à travailler, il y a tout à faire. C’est pour ça que je parlais de mutation, et il faut le temps que ça se fasse avant que ça puisse prétendre à rapporter de l’argent.

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© David Durca

Il faut trouver de nouveaux modèles, notamment d’un point de vue économique. Et à mon avis, ça passe par le partage...

Y-a-t-il encore un avenir pour la musique instrumentale ? Et pour la guitare instrumentale en particulier ?

Oui, je le pense. Je pense qu’il y a un avenir pour tout. Ça a toujours été difficile de toute façon pour la musique instrumentale, la guitare pas plus que le reste. Je pense qu’il ne faut pas dissocier la musique instrumentale de la chanson. Je n’exclus pas le fait dans un prochain album d’intégrer un chanteur ou une chanteuse, car pour moi c’est un instrument aussi. Simplement, j’ai fait certains choix. Ma démarche de guitariste quand je joue des mélodies, des thèmes, ça a toujours été une démarche comme un chanteur en fait, c’est l’aspect mélodique qui m’intéresse dans la guitare, et non pas l’aspect absolument champion du monde de la vitesse. J’essaie toujours de faire des mélodies. Alors évidemment les harmonies sont parfois un petit peu tarabiscotées, mais c’est pour faire passer des images, c’est pour mettre des tensions… Alors que les mélodies sont souvent simples. Ça a toujours été difficile, ce n’est pas plus difficile aujourd’hui. Et je trouve même que c’est plus simple aujourd’hui car j’ai l’impression qu’il y a plus de place pour les « niches » qu’il y en avait avant, car je suis vraiment dans un truc de niche… Et ça arrive à fédérer beaucoup plus de gens qui sont spécialisés, alors qu’avant on était noyé dans tout un tas de trucs, et les gens étaient beaucoup moins spécialisés. Aujourd’hui il y a des spécialistes pour tous les styles musicaux, et Internet y est pour beaucoup. C’est valable dans tous les domaines. Ce qui montre qu’il y a des gens à la recherche du pointu, alors évidemment ce n’est pas populaire.

Aux États-Unis, c’est difficile aussi pour les gens qui font de la musique instrumentale. Simplement le pays est beaucoup plus grand, et quelqu’un qui fait des petites ventes au niveau d’un état peut tourner. Et si on met ça au niveau du pays, tout d’un coup ça prend la dimension d’un continent, et il faut comparer ça à l’Europe. Le problème, c’est qu’il faut qu’on arrive ici à jouer plus en Europe, on commence à le faire un peu d’ailleurs. On a un problème de structures ici, un problème structurel car le métier est beaucoup moins structuré qu’en Angleterre ou qu’aux États-Unis, parce qu’il n’y a pas si longtemps que ça que les managers existent, les tourneurs c’était un peu avec des bouts de ficelle jusqu’à présent… Ça s’est un peu organisé dans le milieu du rock. Mais dans le milieu des musiques actuelles, du jazz et tout, ça reste un peu le bordel quoi. Alors qu’aux États-Unis, même dans le milieu du jazz c’est très structuré, pour les artistes, même pas très connus, il y a toujours des managers et une équipe… Chacun a un rôle à jouer, c’est jamais au détriment de l’équipe, chacun a un métier qui est parfaitement codifié et défini, c’est bien organisé et ça ne stresse pas. Alors qu’ici, c’est un peu toujours le bordel quoi, mais on est dans un pays latin. Mais je suis assez confiant, c’est mon tempérament optimiste peut-être. Je fais pas mal d’enseignement cette année, du coup je vois des jeunes, du coup ça me booste aussi et ça me montre qu’il y a quand même des gens qui s’intéressent à la guitare. On avait fait un concours au CRR, et il y avait eu 22 postulants en guitare pour 3 places. Il y a plus de deux ans, il n’y avait eu que deux candidats. Donc il y a du mieux. Mais on est dans un petit pays, il faut le temps que ça rentre dans les mœurs.

Que penses-tu de l’apport du progrès technologique en matière musicale ? Quelle est ta position dans le débat entre numérique et analogique notamment ?

J’adore ça, je suis un geek. J’adore ça, et à la fois j’ai des principes de vieux musicien, c’est-à-dire que pour moi tout ce qui concerne le timbre, c’est analogique. Ça veut dire que j’ai un problème par exemple avec tout ce qui est émulations. En revanche, j’ai moins de problèmes avec tout ce qui est numérique et les traitements d’espace, par exemple les delays, les reverbs, les choses comme ça… Mais tout ce qui fait vraiment le son, tout ce qui agit sur la consistance du son, qui est finalement directement lié au jeu ou au toucher, puisque quand on joue d’un instrument il faut que la restitution soit la plus fidèle possible, pour moi ça doit être analogique. Enfin jusqu’à présent, ça va toujours mieux. Pour le moment, on n’a pas trouvé comment remplacer les transistors au germanium pour les fuzz, ou les reverbs à ressorts pour les amplis Fender.

Après, j’ai découvert un nouveau joujou, le H9 d’Eventide, qui est un truc archi-numérique, mais qui est un traitement de grande qualité. Eventide s’était spécialisé dans les années 80 autour de tout ce qui était harmonizers, traitement de pitch, c’est-à-dire la hauteur du son. Ils ont trouvé des algorithmes de reverbs et de delays qui sont vraiment excellents. Concernant le numérique, on doit échantillonner, donc on numérise un signal analogique qu’on dénumérise et qu’on rend de nouveau analogique après traitement. Donc il faut que les convertisseurs servent justement à faire rentrer l’analogique dans le domaine du numérique, puis à le faire sortir pour le ramener au domaine analogique. Il faut que les convertisseurs soient d’excellente qualité, et surtout qu’il n’y ait pas de latence, c’est-à-dire que quand on attaque la note il faut que la restitution soit pratiquement immédiate, même s’il y a toujours une latence car de toute façon il faut toujours au son le temps du traitement. Et c’est un des critères de choix du traitement numérique, c’est d’avoir une machine qui donne le moins de latence au son, et surtout qui dégrade le signal le moins possible. Et là j’ai trouvé avec Eventide des machines super. TC Electronic sont très bien placés aussi. Donc ça, ça ne me dérange pas. C’est sûr qu’une reverb analogique ça va apporter du souffle. Et aussi quand on joue avec un ampli Fender à côté d’un batteur qui frappe un peu fort, ça peut déclencher de la reverb. Donc si on peut émuler ça, ça peut être pratique. Mais pour l’instant, ce n’est pas trop le cas. J’ai essayé pas mal de choses, je me tiens au courant. Dès qu’il y a quelque chose qui sort, je l’essaie. Ça marche de mieux en mieux. Digitech a sorti un truc qui marche pas mal où on emprisonne un iPad dans une espèce de matrice en métal, et l’iPad sert d’interface aux pédales d’effets virtuels.


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© David Durca

Le débat entre numérique et analogique est un faux débat. En revanche pour l’enregistrement, l’analogique reste pour moi ce qu’il y a de mieux…

Le débat entre numérique et analogique est un faux débat. En revanche pour l’enregistrement, l’analogique reste pour moi ce qu’il y a de mieux… Ce sont les défauts de l’analogique qu’on aime en fait, cette espèce de compression de la bande, la distorsion du support, la diaphonie, les pistes les unes entre les autres… Je pense que pour moi aujourd’hui, si j’ai les moyens d’un prochain album bientôt, ce serait vraiment d’enregistrer en analogique sur une bande… Et après conversion, il faudrait travailler ensuite dans le domaine du digital, du numérique, avec tout ce que ça nous apporte et qu’on aime bien en ce qui concerne l’editing, le copier-coller... Mais je pense que le signal doit être capté de façon analogique encore aujourd’hui, c’est important. Il y a convertisseurs et convertisseurs. Les défauts de l’analogique apportent de la chaleur. C’est ce que les Américains appellent « glue » c’est-à-dire une espèce de ciment des pistes les unes entre les autres. Le numérique a tendance à isoler chaque son, alors que l’analogique les met tous dans la même pièce, ils sont tous couchés sur le même support. Ça crée une diaphonie. Je ne sais pas si c’est parce que l’oreille humaine est habituée à cela, mais du coup le son analogique semble plus chaleureux, il y a une unanimité par rapport à ça. Les gens font le transfert de ça sur le vinyle, mais je ne suis pas d’accord. Ça c’est un autre débat. Pour moi le vinyle, c’est vraiment une régression.

Quelle est pour toi la définition du son idéal ?

Le son idéal, c’est un truc qui n’existe pas. Ton idéal ne sera pas le même que le mien. Il y a des gens qui ont des sons pourris que j’ai vraiment du mal à entendre car ce n’est pas ma sensibilité. Eux ça ne les dérange pas. Je n’irai pas jusqu’à dire que c’est une recherche, mais plutôt que ces gens ne se sont même pas posé la question. Pour moi dans mon concept, le son fait vraiment partie de la musique, de ma conception de la musique. C’est un vrai problème, car si tu m’invites à jouer dans un club, que je n’ai pas ma guitare, mon ampli et mes pédales, si je n’ai pas un son qui m’inspire, je ne vais pas bien jouer. Le son de mon instrument que me restitue mon ampli, finalement c’est lui qui me donne envie. Je joue avec ce son, et j’ai besoin de ce son pour être inspiré. Si je ne l’ai pas, je vais juste être un faiseur de notes. Et ça ne m’intéresse pas plus que ça que d’être un faiseur de notes. Tout le monde fait des notes. L’important ce n’est pas de faire des notes, c’est comment on les fait, avec quel poids, quelle consistance, qu’est-ce qu’on met autour de la note… C’est comme le langage, tout le monde a les mêmes mots, mais l’intonation et les timbres sont différents d’une personne à l’autre. Pour moi l’ampli, le son, les pédales, les cordes, l’instrument, tout ça fait partie de la musique. L’important c’est que chacun connaisse le son qu’il aime, qui lui donne envie de jouer, et qu’il puisse parvenir à le retrouver. Quand on dit qu’on n’a pas de son, ça ne veut rien dire. C’est au musicien lui-même qu’il faut poser la question. Moi je sais comment parvenir à obtenir le son que j’aime. Et tant que je n’ai pas ce son-là, je vais chercher. Et si j’en ai la possibilité, je ne vais pas jouer tant que je n’ai pas ce son-là. J’ai tout un tas de pédales d’effets qui font en fait que je suis toujours à la recherche de quelque chose de nouveau. J’ai déjà le son qui me plaît, mais ça ne m’empêche pas de rechercher de nouvelles choses. Parfois je vais acheter une pédale parce qu’elle va faire différemment ce que j’ai déjà, parce qu’elle va peut-être ajouter un petit truc, un peu plus de brillance sur certaines notes, certaines harmoniques qui vont ressortir un peu mieux. Mais basiquement, le son que j’aime, je l’ai déjà.

Quelle est ta définition de la musique ? Ce qu’elle est, et ce qu’elle devrait être ?

La musique est définie dans le dictionnaire comme organisation des sons de manière agréable à l’oreille. À partir de là si on ramène ça à la définition originelle, tout peut être musique à partir du moment où ton oreille l’accepte comme telle. Ça peut être quelque chose de joli, mais pas forcément, ça peut déranger aussi, mais dans ce cas ça ne va pas m’interpeller longtemps…

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© David Durca

Le propre d’un musicien, c’est d’avoir un son qui soit différent de celui de son voisin, ce qui fait qu’il est reconnaissable au milieu des autres. Quand on me dit qu’on a écouté quelque chose, et qu’on a reconnu mon son, je me sens flatté. Je parle du son pas seulement en termes de signal, mais aussi en termes d’organisation des notes. Quand les Américains disent « j’aime bien comme tu sonnes », ça ne veut pas dire « j’aime bien ton son », ça veut dire « j’aime bien comme tu sonnes musicalement » c’est-à-dire la manière dont tu organises ta musique. Pour eux les notions de son et de musique sont vraiment liées. Pour moi, je suis sensible à la mélodie et au rythme. Quand je compose par exemple, je peux partir d’une boucle, je ne me prends pas la tête avec les programmations. Je me fais un pattern, et je vais enregistrer là-dessus. Quand j’écoute quelque chose, je vais être sensible à un schéma rythmique par exemple ou à un chant. Mais c’est vrai aussi que les harmonies, c’est important.

J’aime bien les choses pas forcément complexes, mais intelligentes, c’est-à-dire les choses travaillées. C’est facile de jouer quelques accords, ce n’est pas ça qui m’intéresse. Aujourd’hui il y a tellement de choses qui ont été faites que la musique demande une concentration et de s’y atteler en profondeur, c’est-à-dire d’aller chercher au-delà des notes elles-mêmes. C’est un mélange de beaucoup de choses. Tu peux être interpellé par plein de choses différentes que ce soit dans les musiques du monde, le metal, le jazz, une chanson avec une belle mélodie… Pour moi la musique c’est d’une part le rythme, c’est-à-dire l’ossature, la métrique, et d’autre part les rapports entre la mélodie et l’harmonie, c’est-à-dire qu’est-ce que le compositeur sur une harmonie donnée est allé chercher pour transcender et enrichir cette harmonie. Il y a des compositeurs qui arrivent avec des accords super basiques à enrichir les accords uniquement avec de belles mélodies et des tensions qui ne sont pas dans les accords de base, on peut prendre comme exemple les Beatles en tête. Si on prend le morceau « I Am The Walrus », la mélodie est en Si Majeur, en Si et La, et l’accord c’est un Fa Majeur. Il y a utilisation de la quinte bémol pour le chant, alors que l’accord de base ne pousse pas à ça normalement. Il fallait l’oser à l’époque, surtout concernant de la musique populaire. Ce sont des choses qui m’interpellent, le rapport entre la mélodie et l’harmonie. Il y a plein d’autres exemples comme Sting, Stevie Wonder…

L’important ce n’est pas de faire des notes, c’est comment on les fait, avec quel poids, quelle consistance, qu’est-ce qu’on met autour de la note…

C’est d’ailleurs en écoutant Stevie Wonder que j’ai vraiment découvert les accords de septième majeure. Lors d’une audition passée en tant que bassiste, le guitariste m’avait conseillé d’écouter cet artiste qui venait de sortir un album appelé Superstition… C’était en 1972. Je suis allé acheter le disque, et quand je l’ai mis sur la platine, je n’ai rien compris ! En plus, il y avait Jeff Beck sur le disque. Pour moi, c’est là qu’a vraiment commencé mon étude de la musique.

Je crois que tu te définis d’abord comme un musicien avant de te présenter comme un guitariste. Mais finalement, pourquoi la guitare ? Pourquoi cet instrument par rapport à un autre ?

C’est un peu par hasard. Quand j’étais gamin, en allant à l’école, j’ai écouté des manouches qui étaient venus jouer de la guitare pas loin de mon quartier. Ils jouaient de la guitare ! Peut-être que si j’avais écouté du piano, j’aurais demandé à ma mère de jouer du piano, mais là c’était de la guitare. Et puis la guitare parce que tu peux la prendre et l’emmener partout. Elle reste un instrument populaire encore aujourd’hui, car c’est un instrument pratique. À cette époque-là, je n’avais pas du tout de fantasmes, je ne me projetais pas du tout dans ce que seraient Eric Clapton, Jimi Hendrix, Larry Carlton ou les gens que j’ai aimés par la suite… J’étais très jeune à ce moment-là, et j’avais été vraiment scotché par ce que j’entendais des mecs qui jouaient, et surtout par ce qu’ils projetaient en termes d’énergie. Du coup pour moi, cette énergie était liée à la guitare. Je voulais être guitariste, je ne voulais pas jouer d’un autre instrument.

Et la basse alors ? Possibilité de te retrouver en tant que bassiste ?

J’ai été bassiste dans les années 70 et 80, notamment quand j’ai joué avec Didier Lockwood. Et pourquoi ? Parce qu’à cette époque-là, quand on jouait en groupe, personne n’était bassiste. Parce que pour la basse à mes débuts, il n’y avait pas vraiment encore eu Jaco Pastorius ou Victor Wooten. Il y avait eu James Jamerson, mais c’était un musicien de studio de la Motown… Il y avait de grands bassistes dans le jazz, mais je n’écoutais pas cette musique-là à mes débuts. Du coup dans les groupes, il n’y avait que des guitaristes, des batteurs et des chanteurs. Alors on se retrouve à trois guitaristes dans un groupe, et il faut un bassiste, du coup j’ai été désigné d’office, mais je ne savais même pas ce que c’était. J’ai alors appris à jouer de la basse en tant que guitariste, et je continuais à jouer de la guitare à côté. C’était pareil dans tous les groupes. Plus tard, quand les groupes gagnaient en notoriété et avaient du budget, souvent les bassistes de la première heure reprenaient leur instrument d’origine qui était la guitare, et des bassistes étaient engagés. Comme Ron Wood par exemple. Ron Wood avait été bassiste de Jeff Beck, avant d’être guitariste avec les Rolling Stones. Je préfère d’ailleurs Ron Wood en tant que bassiste, même s’il était plutôt guitariste à la base. Je continue de jouer de la basse, mais plus sur scène. Je continue à jouer de la basse quand j’enregistre à la maison.

On peut remarquer que les guitaristes qui jouent de la basse, ils ne jouent pas de la guitare comme les autres guitaristes. Notamment au niveau du placement rythmique et pour plein d’autres choses, ça s’entend. Cela m’a beaucoup aidé de jouer de la basse pour mon jeu à la guitare. On peut parler notamment de Sylvain Luc que j’ai évoqué, et de Biréli Lagrène dont tu avais parlé qui avait joué avec Jaco Pastorius. Je m’éclate avec mon bassiste Laurent David qui a longtemps joué de la guitare classique d’ailleurs. Laurent David est un très bon musicien, très complet et polyvalent.

Depuis quand as-tu développé ton jeu aux doigts à la main droite ? Qu’est-ce qui t’a motivé à faire cela ?

Depuis pas très longtemps en fait. Et puis à force de voir des gens comme Jeff Beck, j’adore le son que ça donne, et c’est venu naturellement. Timidement au début, parce que forcément le médiator dès que je ne l’avais pas je flippais un peu. Petit à petit, j’ai commencé à essayer de travailler en flatpicking, médiator avec les doigts. Je n’y arrivais pas très bien. Finalement, je me suis senti à l’aise sans médiator du tout. J’ai développé un jeu mixte avec et sans médiator. Quand j’ai le médiator, je joue rarement avec les doigts, mais je peux l’escamoter pour jouer avec les doigts. Mais ça me handicape un peu car forcément je tiens le médiator, ce qui fait qu’il y a un doigt en moins pour jouer, donc là où je m’en sors le mieux c’est quand je n’ai pas du tout le médiator. C’est restrictif quand je veux avoir des traits rapides et très précis. Mais j’ai développé une espèce de jeu en aller-retour entre le pouce et l’index, ce qui me permet de me débrouiller. Et l’intérêt c’est que tu peux tout d’un coup immédiatement passer à un jeu en double cordes ou triple cordes... Le jeu lead n’est plus du tout dissocié du jeu harmonique, et c’est ça qui est intéressant. Cela devient intéressant dans un jeu impro par exemple de pouvoir avoir accès aux autres cordes et de pouvoir bien les choisir. Après, il y a des choses qu’on ne remplacera pas comme le côté très tranchant du médiator. Il ne faut pas laisser tomber complètement le médiator, mais ça m’intéressait.

Du coup ça m’a obligé à avoir une approche un peu différente… Peut-être d’aller davantage vers l’essentiel, de jouer davantage avec les ghost notes, avec tout ce qui est suggestion… J’en parlais avec Sylvain Luc il n’y a pas si longtemps… On est toujours à la recherche de ce qui va pouvoir nous déranger. Quand on joue beaucoup, on n’a pas forcément envie de refaire ce qu’on a fait avant, alors on peut essayer de se mettre la pression en laissant tomber le médiator, en s’accordant autrement… Sylvain par exemple joue avec tout un tas de pédales, notamment une qui génère des fréquences de manière aléatoire… Ce n’est pas programmable, ce qui fait que quand il tourne les boutons, il ne sait pas trop ce qui va se passer. Ce qui l’éclate, c’est ça.

Je voulais être guitariste, je ne voulais pas jouer d’un autre instrument.

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© David Durca

Tu es plus électrique ou acoustique au niveau guitare ? Ou entre les deux ? Ou ailleurs ?

J’aime bien entre les deux. J’essaie de retrouver les sensations de la guitare acoustique avec l’instrument électrique. C’est pour ça que je joue rarement avec le bouton de volume à fond, je suis à 3 ou à 4. Je cherche à pouvoir garder la maîtrise de la dynamique qui pour moi est essentielle. C’est le problème quand on joue avec une guitare électrique et des pédales. Finalement, j’ai l’impression que mon approche de la guitare électrique et ma quête du son sont plus proches de celles d’un guitariste acoustique… Je dirais électro-acoustique…

Et où en es-tu pour le matériel musical (guitares, amplis, effets, etc…) ?

J’attends qu’il y ait un vrai contrôleur digne de ce nom, un contrôleur MIDI idéal. L’idéal ce serait d’avoir une guitare hybride qui puisse faire cela. Après, il y a toujours ces histoires de latence. Pour certains sons vaporeux avec moins d’attaque, ça ne pose pas de problème. Mais pour des sons qui nécessitent une attaque parfaite, on se heurte au problème de la latence. Ils ont réussi à la réduire à 4 millisecondes avec les nouveaux processeurs… Mais même 4 millisecondes, ça me dérange encore, ça me gêne…

En termes d’amplification, on revient aux choses faites à la main, aux amplis à lampes évidemment, et le tout fait à la main. Aujourd’hui avec la technologie, on arrive vraiment à maîtriser le meilleur des deux mondes, on arrive à faire des choses modernes qui utilisent aussi la technologie ancienne dite analogique. Avec les transistors associés aux lampes, on arrive à avoir des choses intéressantes. Il y a des marques qui utilisent cette technologie hybride, ce n’est pas nouveau car Rocktron le faisait déjà dans les années 90… Je reste toujours curieux de ce qui se fait, mais pour l’instant j’ai toujours mon Mark III Mesa Boogie qui m’intéresse… Je sais qu’il y a Kemper, une marque allemande, qui a sorti un truc intéressant, une espèce d’ampli intelligent qui peut apprendre à modéliser ton son…

Concernant la guitare, toujours ma Série L de 1964 à qui j’offre une petite copine : une Strat Road Worn mexicaine équipée de micros Fender de 1968 et d’un Clapton MidBoost (comme la Série L).

Concernant les effets, j’ai un deuxième H9 Eventide, multi-effets vraiment top qui va remplacer quelques pédales. Du coup, je vais changer mon Pedaltrain Pro pour deux Pedaltrain Junior.

Le débat entre technique et feeling, est-ce un faux débat ? Qu’en penses-tu ?

Non, car c’est lié. Mais la technique sans le feeling, c’est juste du travail musculaire. Et le feeling sans technique, c’est pareil, c’est restrictif, ça limite les possibilités. Après, il y a des gens qui ont fait toute une carrière avec deux notes, j’en connais. Mais bon, maintenant c’est libre à chacun si on est curieux, si on n’est pas curieux. Si on fait toute une carrière sur deux notes, il faut être vraiment crédible.

Et la création dans tout ça ? Il y a encore de la créativité et de l’originalité concernant la musique à la guitare ?

Oui heureusement. Il y a toujours des gens qui font des choses intéressantes. Par exemple, il y a un guitariste que j’aime beaucoup qui s’appelle Oz Noy, ou des gens comme Wayne Krantz. Tout à l’heure je parlais de niche, là on est vraiment sur une corniche ! Ce sont des gens qui cherchent et qui ont dépassé les notions de rythmique, de mélodie et de solo. Ils sont vraiment dans les textures. Je n’ai jamais été très sensible à des gens comme Robert Fripp qui font des choses intéressantes, ce n’est pas ma sensibilité. J’ai besoin de blues. Chez des guitaristes comme Oz Noy et Wayne Krantz, il y a quand même du blues là-dedans, même si ce n’est pas du rhythm and blues, ni du Chicago blues… Je sens quand même dedans la sueur… Il y a toute une mouvance de rock progressif sans blues à laquelle je suis moins sensible… Mais il y a des gens qui continuent de chercher, toujours.

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© David Durca

Chez des guitaristes comme Oz Noy et Wayne Krantz, il y a quand même du blues là-dedans, même si ce n’est pas du rhythm and blues, ni du Chicago blues…

D’où te vient ton inspiration ? Comment fais-tu pour créer et composer ? Qu’est-ce qui t’inspire ?

Tout. Les rencontres, la vie… Le fait d’enseigner aussi, car ça m’oblige à me recadrer et à me recentrer. Ça m’oblige à analyser, à m’analyser, car il y a des choses que je faisais naturellement sans forcément en avoir fait l’analyse avant. Et le fait d’expliquer ces choses à des étudiants, ça les fait ressortir de mon jeu, et ça peut m’inciter à prendre certaines nouvelles directions. Du coup ça m’enrichit. Après, je ne sais pas encore si ça peut aboutir à des choses concrètes, il faut attendre un peu.

Ce qui m’inspire, c’est ma vie de tous les jours, ce que je vis, mes facilités, mes difficultés, mes émotions… Le fait d’être bien dans sa vie, d’être bien dans son métier, dans sa musique, dans la façon de la faire… Et surtout d’être en phase, même si parfois c’est difficile. Aujourd’hui je suis vraiment en phase, je ne l’ai pas toujours été. Pas totalement. Parfois c’était douloureux, parfois je me demandais ce que je foutais là… Pas toujours, pas avec tous les artistes… Aujourd’hui j’ai l’impression de faire davantage mon métier comme une passion et comme j’aurais aimé le faire depuis le début. Mais ce n’était pas possible de le faire comme ça avant, tout simplement. Donc, en toute humilité, je profite peut-être d’une forme d’une petite notoriété en tant que guitariste aujourd’hui, ce qui m’a ouvert certaines portes. Il y a vingt ans, ça n’aurait certainement pas été concevable pour moi d’enseigner au Conservatoire de Paris, car je ne viens pas du Conservatoire. Aujourd’hui, ça veut dire qu’il y a des gens qui ont pensé que je pouvais être utile finalement aux étudiants. J’étais ravi et flatté quand on m’a appelé… Un peu comme quand Eddy Mitchell m’avait appelé pour être son guitariste… Parce quand dans ma démarche, c’est une forme de reconnaissance.

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© David Durca

Ce qui m’inspire, c’est ma vie de tous les jours, ce que je vis, mes facilités, mes difficultés, mes émotions…

Quels sont les musiques, groupes, artistes, guitaristes qui t’inspirent aujourd’hui ? As-tu fait de nouvelles découvertes ?

Oz Noy, Wayne Krantz, Michael Landau par exemple… Et aussi des guitaristes comme Robben Ford, Larry Carlton… Les gens qui ont vraiment réussi à allier jazz, rock et mélodies. Des jolies mélodies avec un grand « J ». Avec de la sensibilité et de la dynamique… Ça me touche… Dès que ça me touche, c’est que ça me parle. Comme une mélodie, comme une voix. Les fréquences de la guitare sont très proches de celles de la voix. Il y a des guitaristes qui me parlent moins car ils ont accentué les fréquences hautes et basses en virant les médiums qui sont les fréquences qui m’intéressent. Et du coup, à mes yeux, ça banalise l’instrument.

Voilà pour ce que j’ai pu écouter récemment… Mais c’est vrai que Michael Landau ça fait un moment déjà que j’écoute ce qu’il fait… Les découvertes pour moi ça a été vraiment Wayne Krantz, et ce mec Oz Noy qui est pour moi la synthèse parfaite entre le jazz, le rock, le blues, la technologie… Ces mecs-là, ce sont eux qui font vraiment avancer la musique. Oz Noy a tout compris, il a compris Hendrix, Charlie Parker, Charlie Christian, même Carlton et Clapton… On sent qu’il a vraiment touché à tout ça, qu’il a mis tout ça dans un shaker, et qu’il en a ressorti quelque chose qui est en fait sa perception de tout ça. Et il s’amuse. Ça aussi c’est important. Ses compos sont conçues un peu comme des exercices.

Pour les styles musicaux, je n’ai pas d’a priori. Mais il n’y a pas de truc vraiment nouveau qui m’interpelle en ce moment, mais je ne demande qu’à être éduqué. Je reste curieux, je reste ouvert.

Où en es-tu dans tes différentes activités, que ce soit en tant que musicien, producteur, enseignant, ou autre ?

Enseignant au Conservatoire donc. Je continue d’enseigner de temps en temps dans l’école du guitariste Romane. On m’appelle pour enseigner à différents élèves. La pédagogie, je n’ai rien fait pour, j’ai appelé personne. Mais des gens m’ont appelé, et il y a eu du bouche à oreille. Ça s’est fait naturellement.

Pour le trio, on continue d’avoir des dates de concert en France… Il y a peut-être un gros projet guitare qui se prépare, mais on ne peut pas trop en parler pour le moment. Ça pourrait être pas mal pour marquer mon passage à la soixantaine.

Quels sont tes projets musicaux actuellement ?

À fond avec le trio.

Quels sont tes projets à venir ? De nouvelles choses se préparent ?

Je pense à un prochain album. Et je pense développer encore des choses en matière de pédagogie.

Y-a-t-il un sujet qui n’aurait pas été évoqué et que tu voudrais aborder ?

On a fait à peu près le tour… Mais j’aimerais bien parler de mon implication institutionnelle, du côté du droit. Ce que je fais dans les commissions. C’est vraiment quelque chose d’important pour moi mon implication politico-sociale… La musique pour moi c’est un vécu, un vecteur… J’ai toujours eu besoin de m’impliquer dans des combats parfois sans issue… Mais j’ai besoin de donner un sens à ma vie tout court, et à ma vie musicale. Je ne fais pas de la musique par hasard. Au départ, c’était une façon d’être un « sniper » de la société… Ce côté qui revendique la différence, d’avoir une vie différente.

Pour finir, l’avenir de la guitare passera-t-il uniquement par la guitare ?

Il sera plutôt ce que les guitaristes en feront. Cet instrument est fortement lié à l’imagerie du rock ’n’ roll et aux fantasmes des guitaristes. Du coup, il est très ancré dans le passé et les luthiers rencontrent malheureusement toujours de grosses difficultés à s’imposer avec de nouveaux concepts.

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© David Durca

Oz Noy a tout compris, il a compris Hendrix, Charlie Parker, Charlie Christian, même Carlton et Clapton… On sent qu’il a vraiment touché à tout ça, qu’il a mis tout ça dans un shaker, et qu’il en a ressorti quelque chose qui est en fait sa perception de tout ça. Et il s’amuse. Ça aussi c’est important.

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