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Usine PTR, Genève

Hooverphonic, un cabaret aux notes expressionnistes

mardi 2 avril 2024 par Lt. Felipe Caramelos entretien , rédaction , Tanja Matic entretien , photographie , rédaction CC by-nc-sa

Compte-rendu Entretien

Des lumières tamisées, une atmosphère chaleureuse, l’Usine ressemblait à un cabaret Berlinois des années 20 pour accueillir deux groupes qui auront certainement capté l’attention du public pour leur prestation envoûtante, un mélange de glamour, de sensualité et d’excitation.

En première partie, nous avons découvert les Biennois de Waldskin qui fusionnent habilement le rock et l’electro, les rythmes hypnotiques des synthétiseurs se mêlant harmonieusement aux riffs de guitare saturés. La voix de la chanteuse, Maryam Hammad, à la fois puissante et fragile rappelle la chanteuse Mona de Kas Product. Waldskin crée une ambiance sombre et envoûtante. On se sent transporté dans un univers parallèle, où le temps s’arrête et les émotions se décuplent. Si vous avez l’occasion d’assister à l’un de leurs concerts, ne le manquez pas -– vous ne le regretterez pas !


Hooverphonic revenait avec un nouvel album, Fake is the New Dope. Ce concert était l’occasion de présenter ces nouvelles compositions au public suisse. C’était également l’opportunité pour certains de retrouver Geike Arnaert qui après son départ en 2008, est revenue aux côtés d’Alex Callier et Raymond Geerts en 2020. Sa présence sur scène est un vrai régal pour les fans, qui se souviennent de ses performances sur des albums emblématiques tels que Blue Wonder Power Milk, The Magnificent Tree et Hooverphonic Presents Jackie Cane.

Les premières notes de « Cheek to Cheek » résonnent, et l’élégante Geike Arnaert apparaît sur scène, vêtue d’un costume noir et coiffée d’un chapeau haut de forme. En un claquement de doigts, elle a déjà capté tous les regards.
La scénographie du groupe nous rappelle la série Babylone Berlin et les films noirs des années 50. Le public retient son souffle, les acteurs évoluent dans un décor digne d’Otto Dix et l’interprétation magistrale contribue à une vision à deux vitesses où certains dansent jusqu’à la fin de la fin de la nuit dans des fêtes délirantes, ignorant la réalité d’une actualité à l’atmosphère crépusculaire.

Alex Caillier orchestre le concert et nous prévient en Monsieur loyal : « Cela va être une soirée où nous jouerons tous nos tubes ». Et il n’a pas menti : Hooverphonic nous offre une rétrospective de leurs plus grands succès. « Mad About You », « Eden », « 2 Wicky » –- chaque chanson est un voyage dans le temps, rappelant des souvenirs et des émotions, l’Usine vibre au son des morceaux intemporels du groupe.
Les jeunes et les moins jeunes se mêlent dans la fosse, tous captivés par la performance. Le quatuor à cordes accompagne le groupe avec grâce. Les violons, l’alto et le violoncelle fusionnent pour créer une symphonie enchanteresse. Les arrangements subtils ajoutent une profondeur émotionnelle à chaque morceau. Geike Arnaert est au sommet de sa forme : sa voix est cristalline, puissante et émouvante. Elle se déplace sur scène avec aisance, séduisant le public à chaque instant. Les fans chantent en chœur, se laissant emporter par la magie de la musique.

Hooverphonic a su évoluer au fil du temps, passant du trip-hop à des morceaux plus acoustiques et pop. Le concert alterne entre nouveaux titres comme « Don’t Think » et « Por Favor », et anciens tubes qui ont traversé les époques sans difficulté. Il y a cependant dans le dernier album une note fataliste mettant en scène différents sentiments comme l’angoisse, la trahison, la corruption, le cynisme et la machination…

L’album Fake is the new dope est sans doute plus complexe que les précédents et mérite une attention particulière :

Il y a du plaisir, il y a du soleil, mais les gens sont ennuyeux comme si ce n’était pas réel, le faux est la nouvelle drogue… Nous vivons dans un monde plastique

Cette soirée à l’Usine a été un véritable voyage musical, porté par les performances juste incroyables de Geike Arnaert, Alex Callier et Raymond Geerts et l’émotion partagée avec le public. Hooverphonic continue de briller sur scène, et nous attendons avec impatience leurs prochaines performances. Nous vous laissons découvrir l’interview intéressante d’Alex Callier ci-dessous.

Interview avec Alex Callier, Hooverphonic :

Tanja(Rictus) : Pour commencer, je le lance un peu sur le sujet de l’étiquette du trip-hop en mentionnant quelques groupes comme Massive Attack, etc…

Alex Callier : Au début on a commencé comme un groupe électronique, influencé par la musique des années 80. C’est ça qui était un peu bizarre je crois, car même au début, il y avait peut-être 2 ou 3 chansons sur l’album qui étaient quand même inspirées par le trip-hop avec beaucoup d’influence de shoegaze ou dreampop sur ce premier album comme il y avait des influences de My bloody Valentine, Slowdive, Cocteau Twins. Mais tu as toujours des singles qui étaient plutôt dans le style très pop, alors tu vois les maisons de disques aiment bien te mettre un autocollant sur un groupe avec un nom très spécifique.
Avec le 2e album, on a évolué et pour nous le seul truc qui était important c’est que la musique devait être inspirée par des bandes originales de films. Et chaque album devait être un film différent. Au début, c’était plutôt du David Lynch mais par exemple, beaucoup plus tard, le titre « The Night Before », était plutôt un film des années 60 français, un film noir, un peu dans ce style-là.

Phil(Rictus) : Comme L’homme au bras d’or, des choses de ce genre ?

Alex Callier : Oui, exact, Alain Delon, ça c’est plus tard, mais il y avait des influences de James Bond, de John Barry, de Morricone etc… beaucoup d’influences de musiques de films. Mais c’est normal parce que j’ai étudié à l’école du film à Bruxelles quand j’étais jeune et alors là j’ai rencontré Franck Duchêne qui était au début dans le groupe. À l’école, on avait un professeur qui nous a inspiré et qui nous disait que tu peux faire de la musique même avec des sons très quotidiens. Il nous a introduit au travail de Pierre Henry et tout ça et alors...

Phil(Rictus) : Mais as-tu fait des musiques concrètes ?

Alex Callier : Non, on a utilisé cette idée et on a combiné avec la musique pop. Il y a aussi des échantillons sur le 1er album de Pierre Henry. Cela nous a coûté beaucoup d’argent parce qu’il était quand même très..., tu vois, on avait un échantillon d’Isaac Hayes, et... Isaac Hayes et Pierre Henry…

Phil(Rictus) : Vous avez acheté des morceaux de Pierre Henry ? (étonnement marqué !)

Alex Callier : Bah, non, pas à ce point-là, mais on utilisait des échantillons et c’était très typique des années 80, 90. On avait pris un échantillon de Pierre Henry et un de Isaac Hayes, mais Isaac Hayes c’était une reprise de Walk on By. Je crois que Walk on By, Hal David (Composition musique), Burt Bacharach (Paroles), ils ont demandé je crois 30% du publishing et Pierre Henry a demandé 55% alors on a gardé 15% pour nous. Mais c’était quand même un bon investissement parce que cela a été un quick start

Phil(Rictus) : Comment s’appelle le morceau ?

Alex Callier : Symphonie pour un homme seul et Variation pour une porte et un soupir. Oui, c’est ça. Il n’était pas bon marché Pierre Henry.

Phil(Rictus) : Mais le titre de ton morceau en fait ?

Alex Callier : Ah, c’était 2 Wiky, c’est notre hit culte et c’est pour ça que c’est aussi souvent utilisé dans des films et dans des pubs. Au début, c’était très difficile pour trouver du soutien des radios mais c’était surtout parce qu’on était dans des pubs et dans des films qu’on avait beaucoup de presse et cela nous a lancé comme une roquette ou une fusée si tu préfères. Mais même sur le nouvel album il y a beaucoup d’influences, c’est très filmique avec toujours beaucoup d’atmosphère dedans. Et pour le reste on est très éclectique.

Tanja(Rictus) : Alors, justement, je voulais un peu parler du nouvel album, il est sorti ce matin, je l’ai écouté à 8h du mat avant de prendre le train pour Genève et personnellement, j’ai adoré. Il est très différent d’un morceau à l’autre. Qu’est-ce que tu peux nous partager sur cet album, comment ça s’est construit ?

Alex Callier : J’ai commencé à écrire cet album après l’Eurovision et c’était pendant le Covid. Et à la fin du Covid, à la fin des 2 ans, j’étais quand même très dépressif. Ce qui était bizarre pour moi, parce que dans ma nature, je n’ai pas quelque chose d’oppressant mais après deux ans de ne pas avoir eu la possibilité d’aller sur les routes pour jouer c’était un peu trop.
C’était très bizarre car j’étais celui qui disait dans des interviews que je préfère le studio au live et ma femme disait : « bah, ce n’est pas vrai, tu as besoin de la scène même si tu dis le contraire, en vérité, s’il y a un moment où tu ne pourrais plus jouer ça te ferait beaucoup de mal. » Le covid a prouvé qu’elle avait raison.
L’avantage c’était que même pendant cette dépression, écrire des chansons était une sorte de thérapie nécessaire pour moi, pour me lever, pour survivre. Et alors, je crois qu’en décembre 21, on pouvait jouer trois concerts en France. Ma femme m’a vraiment poussé dans le touring bus même si je n’avais même plus envie. Alors j’étais dans le bus avec mes copains et après quelques heures je me sentais déjà un peu mieux. Après le concert à Metz, j’ai dit au public merci d’être ici parce que vous êtes le meilleur Prozac du monde.
J’avais pris quatre jours de Prozac et je devenais complètement fou, alors écrire des chansons et jouer sur scène, c’est ma thérapie. Et pendant cette période j’ai beaucoup écrit, par exemple dans le bus, j’ai commencé à écrire le morceau « A Guiding Star at Night ». Ce que je trouve cool maintenant, c’est que tu peux écrire partout. Tu as ton laptop et tu as un studio avec toi et tu écris ce que tu veux. Maintenant aussi, dans le train à Paris, j’écris une chanson. Hier, j’ai écrit une chanson.

Tanja(Rictus) : Du coup, pour toi, ce n’est pas rester au studio pour écrire mais être n’importe où…Tout t’inspire.

Alex Cailler : Tout m’inspire, oui. Et c’est comme ça que j’ai écrit cet album.
Ça parle beaucoup de la force dont tu as besoin, pour sortir de cette dépression et ça c’est différent pour chacun.

Phil(Rictus) : Et donc, c’est ce que tu trouves créatif le fait que tu rajoutes des cordes ce soir ?

Alex Callier : Ce qui est chouette c’est que l’album s’appelle Fake is the New Dope et ça parle qu’aujourd’hui avec IA, Auto-Tune, Photoshop, ce que tu veux… Il y a beaucoup de trucs comme ça. On est quand même tous un peu accro à cette sorte de fakeness et en même temps on a beaucoup peur de tout ça, surtout notre génération. Pour moi, je vois directement qu’il y a des trucs très intéressants dans toute l’idée mais comme tout dans la vie, ça peut être abusé aussi. Les fakes news, ce n’est pas un truc nouveau… Pendant la guerre, la propagande était sans ordinateur et maintenant c’est avec les ordinateurs… C’est à une plus grande échelle. Je trouve notre époque très intéressante. Cette recherche de balance qui est très difficile pour les humains.

Phil(Rictus) : Comment gérez-vous l’équilibre entre le chaos et la structure dans votre musique ?

Alex Callier : J’essaie toujours de travailler avec des contrastes. Et pour moi, c’est ça qui est intéressant. De créer quelque chose artificiellement, c’est pour moi un peu froid. Et la voix de Geike est très chaude. C’est comme dans l’art, dans l’architecture, quand on a un bon intérieur, il y a des matériaux froids et des matériaux chauds et c’est le contraste qui rend un espace très agréable et très intéressant. Et alors dans la musique c’est le même truc je trouve. Un bon exemple, la chanson : « Je suis venue te dire que j’en m’en vais » de Jo Lemaire, la reprise de Lemaire dans un classique de Gainsbourg c’est tout programmé avec des synthés. Alors les synthés et la boîte à rythmes, c’est très cold, très froid, mais la voix et la mélodie de Gainsbourg et la voix de Joe Lemaire rendent cette chanson encore plus intéressante.

Pendant les années 80, on programmait de la musique aussi. La seule différence, c’est que maintenant, ça devient de plus en plus difficile d’entendre si c’est encore fake. De temps en temps, c’est si bien fait que tu as vraiment l’idée, mais est-ce que c’est programmé ? À Hollywood, tous les scores des films, les bandes originales, la plupart sont programmés et quand même quand tu regardes ce film et tu entends cette musique, ça te prend aux tripes. Fake is the New Dope parle de ça. C’est intéressant et un peu effrayant. Et en même temps c’est quelque chose qu’on doit accepter parce que tu peux combattre contre la technologie mais tu ne vas jamais vraiment gagner. Il y a depuis des centaines d’années toujours eu une nouvelle notion et il faut l’utiliser comme un outil. Dans cet album, les cordes sont programmées, la guitare est programmée. J’avais vraiment envie de faire quelque chose d’un peu froid et la voix de Geike est un peu comme la chanson : « Je suis venue te dire que j’en m’en vais » mais dans le style Hooverphonic.

Tanja(Rictus) : Il y a également une chanson en espagnol qui est « Por Favor »…

Alex Callier : C’est inspiré par Manu Chao, par Calexico, avec beaucoup d’échantillons, tout est coupé, c’est vraiment un collage de sons. Et alors les paroles sont quand même plutôt une sorte de film de Quentin Tarantino, ça parle d’une femme qui a un mec qui est vraiment macho et... ça parle de ça. C’est quand même encore un titre qui est très filmique en même temps. Même sur notre 4e album, tu as une chanson qui s’appelle « Day After Day ». C’est aussi très espagnol, je crois que c’est l’influence du western-spaghetti qui est encore là. Sauf qu’ici, c’est quand même un peu plutôt mexicain mariachi.
Ce qui est marrant c’est qu’on est toujours très ouvert comme dans « Don’t Think » où Geike est en train de rapper. J’avais écrit cette chanson avec Luca Caravaglia, un pote qui habite en Italie. On s’amuse quoi...

Tu sais, je suis un control freak, alors pendant le Covid, on a vu qu’il n’y avait pas de contrôle et ça c’est aussi dans la chanson. Moi j’aime bien écrire avec des personnes différentes et je suis un très grand fan des années 60 car par exemple, The Beatles, The White Album, c’était très varié. Il n’y avait pas un style sur cet album. C’était The Beatles, mais tu avais « Helter Skelter » ou « Me and My Monkey ». C’était vraiment presque rock, hard rock. Tu avais : « While My Guitar Gently Weeps », une chanson pop, un peu psychédélique, « Bungalow Bill », « Rocky Raccoo »n, des trucs un peu rigolos, du folk... Et c’était tout. J’ai toujours aimé ça et je trouve aussi qu’aujourd’hui ça me manque de temps en temps. Tout est standardisé, tu dois avoir un style et tu es un groupe rock, ou tu es un groupe pop etc… Finalement pourquoi je suis un musicien, j’ai des idées musicales... Et la voix de Geike nous permet aussi d’être si éclectiques parce que c’est la voix qui fait que tout devient de nouveau un pâté avec tous les ingrédients (rires).

Phil(Rictus) : Quel serait le moment le plus mémorable de ta carrière jusqu’à présent ?

Alex Callier : Il y en a beaucoup ! Et quand quelqu’un disait vous avez un fan base aux États-Unis, on disait mais ce n’est pas vrai ! Alors la première chose qui reste dans ma tête c’est la première fois qu’on a joué aux États-Unis, c’était à Gainesville, Florida. On était en première partie et on monte sur scène et c’était une salle de 2500 personnes sold out et la salle devient complètement folle… On est Flamands et on dit mais ce n’est pas possible ! Et ça c’était quand même un moment magique.
Il n’y a pas longtemps, il y a deux ans, on a joué la première fois avec un orchestre local à Istanbul. C’était 4500 personnes, un Open Air Arena. Le public était super, les turcs sont très enthousiastes et à un moment on jouait « Nirvana Blue », c’est un titre de notre 4e album et je sais encore bien c’est une sorte de mantra et tout le monde a pris son mobile, avec toutes ces lumières… Cela m’a vraiment touché. Je crois que ce qui me rend le plus fier est qu’on est resté actuels. On est devenus un legacy band comme on dit en anglais avec une quinzaine de chansons que le public demande chaque soir.

Après, il y a des moments où Geike a quitté le groupe, c’était un des moments durs, mais on essaie de toujours trouver quelque chose de positif dans le négatif. Le bouquin n’est pas encore écrit, il y aura d’autres chapitres. Aussi, de jouer des concerts avec un grand orchestre, ça c’était aussi magique. Typiquement, Metallica a fait ça. Mais chez nous, c’est dans notre ADN. On a toujours eu des orchestrations sur notre album. On verra pour le prochain album…

Phil(Rictus) : Je travaille depuis assez longtemps en Belgique. Ce qui me surprend… Bon toi tu le dis d’ailleurs « Je suis Belge » et sous-entendu je représente toutes les communautés de mon pays. Quand on est sur place, on a l’impression que c’est un sujet politique parce que, en ce qui concerne les entreprises où je travaille, les gens arrivent à travailler ensemble. Quelle est ta propre perception ? Et puis la 2e question, c’est quels sont les groupes belges qui t’ont inspiré ? TM Matic, Arno etc… Mais d’abord cette question de communautés différentes qui s’affrontent ?

Alex Callier : Bonne question. Moi je suis vraiment Belge-Belge. Du côté de ma maman, mon grand-père était Wallon, ma grand-mère était Flamande. Du côté de mon père, mon grand-père était Flamand et ma grand-mère était Bruxelloise francophone. J’ai un quart de Bruxelles, deux quarts de Flamands et un quart de Wallonie dans mon sang. Et je trouve ça une richesse.
Ça rend les groupes belges comme dEUS ou nous intéressants parce qu’on a toujours combiné des influences. Chez nous, on a un mix. J’ai une sorte de théorie, c’est bizarre, mais les deux pays, c’est ici en Suisse et en Belgique, ils font le meilleur chocolat (rires).

Tanja(Rictus : Je suis d’accord…

Alex Callier  : J’aime bien ce melting pot en Belgique. Mais il y a un grand problème que la plupart des Flamands veulent vraiment splitter la Belgique, ce qui est complètement stupide.
Pour moi, je suis européen, je suis un citoyen du monde. Ce que j’aime bien c’est qu’on peut voyager partout aujourd’hui. J’aime bien la communauté européenne parce que comme musicien c’est super tu vois. On a besoin également d’un équilibre, politiquement, je trouve.
Alors, je suis très... Même dans la musique, dans la culture, dans l’artiste, des trucs artistiques, tu peux être extrême. Je ne crois pas que dans la vie on doit être extrême. Dans la vie quotidienne, on doit essayer de garder un bon équilibre. Et alors, il y a des Flamands qui rêvent d’une Confédération comme ici. Il y a des autres qui disent non, on doit se séparer. Regarde en Angleterre. Ils souffrent, mais pas seulement ça, aussi dans les hôpitaux, tous les médecins du continent sont partis. Et tu vois dans toute l’Europe que le parti de droite vient de plus en plus.
C’est aussi la 1re fois qu’il y a des textes et paroles qui sont quand même plutôt engagés socialement dans notre album parce que c’est une capture d’un moment dans le temps. C’est pour cette raison qu’il y a des morceaux comme « The Night Is Long ». Je disais à Greg et à Raymond, c’est bizarre, c’est écrit et inspiré par une dépression, mais le son est quand même très énergétique.
Il y a quand même une sorte de positivisme sur cet album. Même après ce morceau, on peut croire encore qu’après une longue nuit, il y aura toujours un matin.

Tanja(Rictus) : Oui sur ce morceau, ce matin bizarrement j’avais envie de danser...

Alex Callier : Ça c’est Nas. Tu connais Nas, le rappeur américain ? Les années 90, Nas. J’étais en train de regarder une série TV américaine qui s’appelle Ozark. Et là, dans cette série, il y a une fille blonde, très fine, très petite, très mignonne avec une voiture énorme un Dodge Ram. Et dans sa voiture, elle écoutait tout le temps « Illmatic » de Nas.
Et moi je disais, ah, ça c’était un bon album !
Moi je ne crois pas en Dieu, mais il y a 3 mois, l’album était déjà fini depuis longtemps, on faisait déjà des interviews et je parlais déjà de Nas et un jour, j’ai eu un coup de téléphone de quelqu’un de Sony qui disait « Oui, j’ai eu une demande pour utiliser un échantillon de « Barabas », une chanson de votre premier album pour Nas ». J’ai dit : « Mais ce n’est pas vrai » ! Mais alors maintenant, c’est assez marrant parce que dans les crédits, il y a mon nom comme Alex Maria Johann Francis Callier, qui est mon full name, On dirait que quelqu’un a oublié chez Sony de le raccourcir en Alex Callier (rires).

Pour parler des groupes belges qui m’ont inspiré, il y a bien sûr Jacques Brel. La chanson des vieux amants, c’est l’une des plus jolies chansons francophones. Arno, TC Matic bien sûr ou The Neon Judgment. J’aime beaucoup aussi le new beat, pas le commercial mais des trucs quand même très électronique comme Dan Lacksman, T-Lex. Il y a quand même des artistes très cool belges mais aussi Adamo, des morceaux comme « Tombe la neige ». Il y a aussi un groupe que j’aime mais complètement inconnu qui s’appelle Few Bits. C’est une fille d’Anvers et elle a fait deux albums que je trouve géniaux. Je peux citer dans les années 80, « My Suitor de Berntholler ». Pour les années 90, Zita Swoon était pas mal du tout. Aujourd’hui, The Haunted Youth, c’est un groupe shoegaze que j’aime bien en live aussi.

Phil(Rictus) : Pourrais-tu dire à Brussels Airlines de mettre l’annonce d’Hooverphonic également sur les petits courriers (rires) ?

Alex Callier : Ça c’est aussi très typiquement Hooverphonic. Humour au second degré dans ce que nous faisons. « We don’t take ourselves too serious ». On aime bien s’amuser. Ça aussi, je trouve c’était un challenge. J’ai dit au réalisateur, « je vais essayer, mais je ne peux pas te donner des garanties que ça va marcher »...

Nous devons finalement mettre fin à la discussion car Alex doit rejoindre son groupe pour le soundcheck. Nous le remercions d’avoir passé 40 min avec nous et nous nous réjouissons de voir le concert de ce soir.

Liste des morceaux

1. Cheek to Cheek,2. The Best Day of Our Life, 3. Release Me, 4. Club Montepulciano, 5. 2Wicky, 6. Don’t Think, 7. Por Favor, 8. The Wrong Place, 9. Le temps qui court, 10. Anger Never Dies, 11. Romantic, 12. Gravity, 13. Eden, 14. Vinegar & Salt, 15. Jackie Cane, 16. The Night Before, 17. Electro Shock Faders, 18. Mad About You, 19. Barabas
Encore : 20. Amalfi, 21. Battersea, 22. Sometimes, 23. Fake Is the New Dope

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