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Jazz à Vienne 2024, demandez le programme

lundi 18 mars 2024 par Anatholie photographie , rédaction CC by-nc-sa

L’intégralité de la programmation du festival Jazz à Vienne a été dévoilée par son directeur artistique, Guillaume Anger : une édition débordant d’événements variés et réjouissants autour d’une musique qui n’en finit pas de se métamorphoser et de se renouveler, bref, un rendez-vous à ne manquer sous aucun prétexte entre le 27 juin et le 12 juillet prochains.

16 jours de musique, 1000 artistes de 28 nationalités, 75% de la programmation en accès libre, la moitié des concerts au Théâtre Antique constituant des « première fois », des artistes dont ce sera la seule date de l’été en France et pour la première fois une collaboration avec d’autres festivals renommés (Marciac, Jazz sous les Pommiers et Les Suds) pour proposer une création hommage à Claude Nougaro : de quoi attendre avec impatience la 43e édition de Jazz à Vienne !

Que ceux que la simple vue du terme « jazz » fait fuir s’attardent un peu sur la programmation [1] : ils pourraient bien venir grossir les rangs des quelques 200000 festivaliers qui font chaque année le voyage à Vienne pour vibrer au son d’un concert longuement anticipé ou découvert au détour des jardins de Cybèle ou du Club. Jazz à Vienne est en effet né d’une Nuit du Blues qui, dès l’année suivante, s’étendait au rock’n’roll et aux diverses couleurs du jazz, un éclectisme musical qui reste aujourd’hui sa marque de fabrique - ce d’autant que nombre d’artistes se disent influencés par des styles musicaux très diversifiés et se moquent bien des catégories traditionnelles auxquelles on voudrait parfois les réduire.

Ainsi, côté Théâtre Antique, la désormais traditionnelle soirée hip-hop du 4 juillet accueillera la « TrapHouseJazz » de Masego et le style inclassable du phénomène Yamé (révélation masculine des Victoires de Musique 2024), qui s’inspire aussi bien de la chanson que du rap, et du chant lyrique que du jazz, tandis que la soirée piano du 1er juillet oscillera entre le jazz electro de GoGo Penguin et le classique-jazz-ambient-trip-hop d’Hania Rani.

GoGo Penguin
GoGo Penguin

On veillera à porter ses dancing shoes le lendemain pour la soirée funk, qui s’annonce furieuse avec rien moins que les musiciens de Prince et la Earth Wind and Fire Experience d’Al McKay - deux grands musiciens passionnés de jazz -, et également le 10 juillet, pour la soirée Cuba avec le collectif de surdoués El Comité, qui invitera Laura Prince, découverte l’an dernier à Cybèle, et le « Mozart Cubain », Chucho Valdès, qui fête les 50 ans de son groupe Irakere.

Trombone Shorty, légendaire habitué du festival, et Jalen Ngonda, l’étoile montante de la nouvelle génération, porteront haut les couleurs de la soirée soul tandis que celle consacrée au blues offrira non pas deux mais trois concerts, avec Popa Chubby, qu’on ne présente plus, la voix intense de Shakura S’Aida et l’homme à découvrir, Robert Finley, dont la carrière a démarré alors qu’il avait atteint la soixantaine et qui incarne l’âme du Bayou de Louisiane.

Trois concerts également le 6 juillet autour des amours du jazz et de la pop, avec Jeanne Added, l’inclassable pianiste Hiromi et Youn Sun Nah, de retour avec un projet en trio en hommage aux grandes voix féminines qui l’ont marquée. Des voix féminines qui seront également à l’honneur le 9 juillet avec deux grandes interprètes du jazz contemporain aux timbres et styles très différents, Diana Krall et Stacey Kent.

Youn Sun Nah
Youn Sun Nah

La jeune génération du jazz vocal sera également présente avec Gabi Hartmann, qui ouvrira la soirée du 7 juillet avant de rejoindre Marion Rampal, Ray Lema, Souad Massi, Thomas de Pourquery, Mélissa Lavaux, Sanseverino, Babx, André Minvielle et Jowee Omicil sous la direction de Fred Pallem (Le Sacre du Tympan) pour New’Garo, la création en hommage au poète toulousain disparu il y a tout juste vingt ans.

Gabi Hartmann
Gabi Hartmann

Quant à la soirée du 29 juin, elle réunira une icône, Oumou Sangaré, un talent à suivre de près, Nirina Rakotomavo (artiste Génération SPEDIDAM), et le quatuor de rêve Ballaké Sissoko / Vincent Ségal / Emile Parisien / Vincent Peirani qui nous a enchanté avec son magnifique album, Les Egarés.

Les Egarés (Sissoko / Segal / Parisien / Peirani)
Les Egarés (Sissoko / Segal / Parisien / Peirani)

Mais Jazz à Vienne, c’est aussi - voire surtout, pour les plus curieux - le Club, où l’on se retrouvera, après les concerts au Théâtre Antique (et en accès libre), au théâtre François Ponsard, pour se délecter avec la contrebassiste Endea Owens, les saxophonistes Jowee Omicil, Jeanne Michard, Alex Terrier (avec Cédric Hanriot au piano) ou Yann Jankielewicz, la flûtiste Ludivine Issambourg, le trompettiste Daoud, la batteuse Roni Kaspi, la phénoménale chanteuse Veronica Swift, les tribulations groovy d’Abáse, la fusion atmosphérique de Jazzbois, le boogie-woogie de Nirek Mokar ou les riffs rageurs de Pixvae.

Jowee Omicil
Jowee Omicil

Et bien évidemment, il faut étudier attentivement la riche programmation de la scène de Cybèle, qui accueille chaque jour à partir de midi et en accès libre des artistes de scènes locales, régionales et nationales (dont Mark Priore, lauréat du Prix Evidence 2023 de l’Académie du Jazz pour son premier album, Initio, ou encore l’artiste associé du festival cette année, le grenoblois Stracho Temelkovski [2]), formations des écoles de musique, projets pédagogiques et restitutions des stages organisés par le festival.

Mark Priore
Mark Priore
Stracho Temelkovski
Stracho Temelkovski

Outre les traditionnels événements du festival que sont la Journée Marathon (concerts et spectacles gratuits de 6h30 à 23h dimanche 30 juin, avec en point d’orgue un duo Airelle Besson / Lionel Suarez à Saint-André-le-Bas), Jazz sur la Ville (avec notamment Roberto Negro en piano solo dans la cathédrale ou Kham Meslien dans la cure), le tremplin Rezzo (1er et 2 juillet), Jazz Ô Musée (où l’on pourra par exemple écouter Oriane Lacaille), Jazz for Kids, JazzUp, Caravan’Jazz et Lettres sur Cour, on notera l’arrivée d’un « focus européen », qui proposera dorénavant chaque année un zoom sur la scène jazz d’un pays du continent en commençant par la Suisse, où a été créée la première école de jazz d’Europe en 1976 (le pays en compte aujourd’hui plus d’une quinzaine) : outre Louis Matute Large Ensemble (qui ouvrira le bal au Théâtre Antique le 27 juin) et Léon Phal Quintet (en ouverture de la soirée spéciale du 16 juillet), on retrouvera ainsi Elvett (au Club), Fabien Sevilla (concert au lever du soleil à Pipet), Louise Knobil, Manon Mullener Quintet et Ydivide (à Cybèle) : une belle sélection représentative de la variété et de la qualité de la jeune génération helvétique [3].

Elvett
Elvett
Louise Knobil
Louise Knobil
Manon Mullener Quintet
Manon Mullener Quintet

Une programmation variée, qualitative et pointue, donc, dont on saluera également, même si l’on aimerait que cela aille tellement de soi que l’on aurait plus besoin de le souligner, qu’elle est riche de talents féminins, dans laquelle chacun devrait trouver de quoi passer de très beaux moments.

Billetterie en ligne ici.

Notes

[1Les soirées annoncées fin 2023, avec notamment Ibrahim Maalouf, Asaf Avidan, Caravan Palace, Rhoda Scott ou encore Mulatu Astakte, sont à retrouver dans notre précédent article.

[2A retrouver également au musée gallo-romain de Saint-Romain-en-Gal et au cloître de Saint-André-le-Bas

[3A noter également que les lyonnais du Leo Geller Quartet, lauréat du tremplin 2023 du festival franco-suisse Jazz ContreBand, joueront sur la scène Cybèle le 27 juin.

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