> Mag > Musique > L’Effondras, à pic
Si vous saviez l’idée que je me faisais de ce groupe... j’accepterais vos rires. Parce-que ça vous ferait marrer, c’est sûr. Etre pétrie de certitudes à ce point et se tromper, se tromper sur toute la ligne...Voilà qu’il me faut faire acte de contrition, alors...revenir sur mes pas et encore une fois, accepter l’imprévu, avouer que oui, je me suis trompée et que j’aurais dû écouter sept fois mon oreille avant de dire quoique ce soit.
En une semaine, dix jours si vous préférez, peu importe, ce nom, l’Effondras [1], m’est revenu aux oreilles plusieurs fois par jours, prononcé – ou écrit – par des personnes (très) différentes.
J’ai tenté de garder mon calme, d’ignorer tout ça, même si, je sais bien que le mal est fait et qu’il va me falloir jeter une oreille dessus plus vite que je ne l’ai prévu. L’actualité du groupe (un trio de Bourg-en-Bresse) les amenant à jouer dans la région à plusieurs reprises, je me suis retrouvée « forcée » d’écouter ce disque.
Comment commencer ? Voilà plusieurs heures que je cherche un moyen de vous dire... Vous dire que j’ai fini par mettre le disque dans ma voiture, un peu angoissée à l’idée de devoir chroniquer un album qui serait dissonant, abstrait, lent, long et chiant, mais objectivement, techniquement impeccable ? Vous avouer que j’ai jubilé d’entendre le premier morceau, de me dire dès les premières lignes que je m’étais plantée ?
Encore...vous allez me dire, encore ? Parce-que ça y est, les règles de mon petit jeu sont claires pour tout le monde, le ravissement que je recherche à chaque fois, la surprise, tout ça, oui, c’est bon, vous avez compris. Cette idée prétentieuse que mon oreille se mérite et ne s’offre pas au premier venu, c’est bon aussi...C’est encore le cas ici, encore une fois. Mais alors que dire ?
Je ne peux pas vous faire de discours technique, parce-que je ne sais pas faire ça. Même si en écoutant l’album de ☉, ignorant ou spécialiste, on entend bien que de ce côté-là, ça va. Oui eh bien justement. C’est là que se trouve la surprise. Il n’est pas question ici de vous dérouler un tapis de prouesses techniques, vous faire la démonstration glaçante que ces types, dans l’Effondras, ils sont forts partout, et que, du coup, il n’y a rien à en dire, ce qui arrive souvent dans ces cas-là. Il n’est pas question de vous présenter un groupe qui est à l’origine d’un nouveau courant musical, qui révolutionne le champ musical...
Non...comment vous dire ? Cet album est pour moi, une sorte de post-rock apocalyptique qui part parfois en vrille, pour mieux retomber sur ses pieds. Je peux aussi vous dire que j’ai eu du mal à le croire, mais l’album de ☉ s’adresse bien à soi. À tous, si vous préférez. Je veux dire...les accès à cette musique, sur cet album sont nombreux. On peut écouter sans crainte d’être perdu et alors, il vous sera d’autant plus facile de vous laisser emmener vers l’univers particulier que ces garçons veulent vous révéler.
Il m’est difficile de décrire ce qu’a provoqué / ce que m’évoque cet album. Je me dis, peut-être que j’étais disposée à entendre ces sonorités-là...l’Effondras m’a rappelé quelque chose de la bande originale de Only lovers left Alive [2]. Je dis bien « rappelé », puisque les ambiances sont fortes, les morceaux évocateurs de choses plutôt dures, sombres, cahotiques...mais capable (sur la première partie de « l’Aure des Comètes »– écoutez l’Effondras pour ce morceau seulement. Après, je vous laisse tranquille !) de vous faire sentir une douceur profonde et sereine. Je me dis qu’il me faut vous prévenir, parce-que peut-être vous ne savez pas : si vous pensez qu’il est difficile de tenir la longueur dans ce genre de musique sans voix humaine, cet album vous prouvera le contraire avec des ressorts, des rebondissements mélodiques, rythmiques et sonores finement ciselés. Tout semble évident, tout tombe à point, pourtant, vous ne vous y attendiez pas, jamais.
Et puis aussi, si vous avez des difficultés à crier alors même que vous en ressentez le besoin brûlant, cet album vous soulagera. Si vous voulez vous noyer dans un torrent de guitares et dégringoler sur des son de batterie, parce-que c’est comme ça, parce-que vous en avez assez que vos pensées résonnent, raisonnent constamment, allez-y, prenez cet album et écoutez-le. Ça vous fera du bien.
Les images live ont été prises dans le cadre du Festival transfrontalier Walk the Line.
⊙ (L’effondras)
(experimental)
The Dead Shamans
(Heavy blues)
Dans le cadre de Walk the line
Gratuit